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Le sexe en tant que condition d’accès au sacré ? – Recension de Métaphysique du sexe de Julius Evola

Méconnue par la plupart des lecteurs d’Evola qui s’intéressent généralement à sa seule dimension politique, la réflexion sur la sexualité est pourtant l’un des thèmes majeurs de son œuvre que l’on retrouve disséminé un peu partout : un chapitre entier dans Révolte contre le monde moderne et un autre dans Chevaucher le tigre, trois chapitres dans L’Arc et la Massue, dans Le Yoga tantrique et bien évidemment dans Métaphysique du sexe que la maison d’édition Kontre Kulture a rééditée récemment.

 

Ce livre qui à la base devait être une longue introduction à Sexe et Caractère de Weininger, a fini par prendre forme peu à peu pour devenir un ouvrage entier consacré à cette matière, ouvrage que l’auteur italien considérait d’ailleurs comme son plus important avec Révolte contre le monde moderne.

Dans son acception philosophique, la métaphysique recoupe la recherche des principes et des significations ultimes, et c’est en ce sens que le premier moment du projet evolien va consister en l’étude des sexes et de leurs relations, non dans leurs modalités contingentes et éphémères, mais dans leurs sens le plus profonds. Ce terrain avait déjà été travaillé par Schopenhauer et Weininger en leurs temps mais laissé en friche depuis. C’est cette métaphysique qui va constituer une phénoménologie de l’amour profane et qui va donc concerner directement l’expérience érotico-sexuelle en général, celle vécue par n’importe quel homme ou femme d’aujourd’hui. C’est une analyse de la sexualité ordinaire qui va se donner entre autres pour objectif de contrer la psychanalyse dans ses préjugés anthropologiques, et dans sa manière de rabaisser le sexe à une simple dimension personnelle et immanente.

Mais dans un sens étymologique, la méta-physique désigne également la science qui va au-delà de la physique, c’est-à-dire pour Evola ce qui va concerner toute expérience transpsychologique ou transphysiologique. Nous sommes ici sur une terre totalement inconnue par nos contemporains, mais qui pourtant était au centre des traditions de nombreux peuples qui avaient la sensibilité nécessaire pour saisir le caractère profond de l’eros. Cette pratique offrait alors la possibilité d’un dépassement du Moi et d’une ouverture sur un autre monde.

La première définition de la métaphysique, celle qui amène le lecteur sur des considérations philosophiques de l’union physique entre deux êtres, doit être considérée comme un travail nécessaire, un passage obligé pour accéder au deuxième niveau, ici beaucoup plus ésotérique — dans le sens de ce qui va être compréhensible uniquement par les initiés — et c’est celui qui par ailleurs intéresse le plus Evola : le sexe en tant que condition d’accès au sacré. L’auteur fait le constat amer que cette expérience s’est dégradée, affaiblie au fil du temps chez la très grande majorité des hommes vivant dans les civilisations où la matérialité règne en maître.

Nous avons donc ici deux niveaux effectivement bien distincts mais qui forment en réalité pour Evola un tout qui se complètent et s’éclairent mutuellement. C’est par cette dialectique que dans notre époque contemporaine, la dimension sacrée du sexe s’effondre au profit de sa seule dimension ordinaire qui occupe dorénavant tout l’espace. Evola parle d’une véritable pandémie du sexe qui se manifeste par exemple par une présence insistante de la femme en tant que pur objet de désir dans la littérature, le cinéma et la publicité. Une omniprésence qui crée « une atmosphère de luxure cérébralisée, chronique et diffuse » qui est typique de notre civilisation. C’est pour Evola une preuve évidente que notre époque se situe à la fin d’un cycle, dans une phase terminale d’un processus de régression qui correspond à l’âge sombre appelé Kali-yuga. C’est dans ce contexte que le sexe est pharmakon, un poison lorsqu’il est pratiqué dans son animalité la plus simple, mais également un remède lorsqu’il est correctement dirigé vers sa dimension transcendante, par la pratique de la doctrine tantrique notamment.

Ce livre est également le lieu pour Evola de déconstruire plusieurs dogmes relatifs au sexe et à certains de ses présupposés. C’est par exemple le cas de l’instinct de reproduction qu’il considère comme un véritable mythe. En cela il considère que la reproduction est un effet possible de l’activité sexuelle, mais n’est pas comprise dans l’expérience même de l’excitation. Le fait vraiment premier, c’est l’attraction qui naît entre deux êtres qui à ce moment-là ne peut contenir la conscience effective de la reproduction. Il récuse cette interprétation biologique finaliste pour mieux mettre en avant la théorie « magnétique » qui lui semble mieux rendre compte de la réalité. Ici encore il va puiser dans l’enseignement traditionnel pour mettre en évidence l’existence d’une énergie, d’un fluide qui se produit de manière « catalytique » chez les amants, et cela en vertu de la polarité du ying et du yang et c’est ce qui nous amène à l’une des clés de voûte de Métaphysique du sexe : les sexes masculin et féminin ne sont pas strictement biologiques, car ils constituent des principes polaires qui dirigent le psychisme, la place cosmique dans l’univers et au final l’être de chacun des individus. Dans cette perspective il y a de l’homme et de la femme avant d’avoir des hommes et des femmes et c’est ce concept, qu’Evola retient de Weininger en l’approfondissant, qui va lui permettre notamment de développer tout au long du livre des considérations étonnantes sur la féminité, l’homosexualité ou la virilité.

Avec Métaphysique du sexe de Julius Evola, nous sommes de toute évidence en présence d’un livre de recherche qui n’a aucun antécédent dans l’histoire. Il n’a de cesse de faire voyager le lecteur à travers les mythes de l’Antiquité, les spiritualités traditionnelles et les pratiques du passé en l’incitant à redécouvrir et à réactiver les potentialités les plus élevées de l’eros, « la plus grande force magique de la nature ».

David pour la revue Rébellion

 

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20 Commentaires

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  • #2746003

    intéressant sujet, je vais essayer de lire le livre...

    L’immense majorité des religions et traditions spirituelles voit plutôt dans le dépassement de la sexualité, un moyen à l’accès spirituel. Ce sont les monastères médiévaux d’occident, ou les vestales antiques. Mais aussi le contrôle du mariage pour les masses populaires reproductives et laborieuses. Et encore la vertu romaine du Mos Majorum. Même les yogis, les anachorètes taoïstes ou les hérétiques cathares appellent dans leur immense majorité à la chasteté voir à l’abstinence. Et l’ethnologie nous montre que la sexualité et sa limitation organisée ont cours sous toutes les latitudes d’une manière ou d’une autre.

    Je me demande si cette quête du "sexe spirituel" n’est pas elle-aussi, à sa manière, une quête illusoire des modernes. Personnellement, j’aurais plutôt tendance à la voir comme un "mal nécessaire" (mâle nécessaire ?), et à ne pas lui accorder plus de gravité qu’elle n’en a. Cependant, je vais prendre le temps de lire ce livre dont j’avais déjà entendu parler. C’est l’occasion !

     

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    • "les vestales antiques"

      Le sens de la chasteté des Vestales est le même que celui des vierges et des prostituées sacrées : femmes de personne ou de tout le monde (ce qui revient au même) et ainsi victimes dont la perte ne lèse aucun homme en âge de participer aux affaires. La fille de Jephté, dans la Bible, se lamente ainsi de ne pas avoir eu un mari qui aurait pu la défendre quand son père a décidé de l’offrir en sacrifice.

      Les parents sont parfois un obstacle au sacrifice de leurs enfants (Clytemnestre pour Iphigénie, Métanire pour Démophon, Cérès pour Proserpine, etc. comme dans des centaines d’autres mythes dans le monde entier) mais les maris sont des obstacles plus sérieux encore. Ils ont vraiment du mal à ce qu’on leur enlève leur épouse (le droit du mari à conserver son épouse peut même justifier moralement et juridiquement une coalition militaire pour la récupérer comme autour de Ménélas), qui accompagne d’ailleurs souvent de force l’époux dans la tombe. Le point essentiel ici, c’est que le coût social de léser un homme de sa femme en la désignant comme victime est trop important et que la virginité ne marque qu’une disponibilité juridique de la femme isolée (vierge, veuve, orphelin, étranger... ont le même sens social de ne pas recevoir la protection juridique d’un citoyen de la communauté). La question de la sexualité n’a aucune pertinence, ici, l’acte sexuel est complètement indifférent, car ce n’est qu’une question de droit et de coût social à payer (en désordre, réparations, indemnités, etc.). C’est pour ce même motif que les juifs truquaient habituellement le tirage au sort des victimes à sacrifier : le sort tombait sur des orphelins (voir au livre de Job : "vous tirez au sort des orphelins")... solution plus économique que celle de sacrifier une famille entière pour étouffer tout ressentiment et toute contestation possible des parents (voir au livre de Josué le tirage au sort d’Akhan et le massacre de toute sa famille). Il n’y a rien de "spirituel" dans la chasteté des Vestales, il n’y a que du sacrifice et du droit.

      Il faut vraiment se méfier des auteurs de la fin du XIXe et du début du XXe qui se croyaient férus de "tradition" et qui en réalité n’y comprenait rien. L’anthropologie est infiniment plus réaliste et passionnante que les errances "traditionalisantes" et "occultisantes" donnant lieu à une véritable graphomanie affranchie de toute exigence intellectuelle.

       
    • Chevalier !
      J’y vois pour ma part non pas un dépassement mais une voie pour rentrer dans l’éternité,la convoquer pour la faire chair.
      Attirance,sentiments et confiance partagés entre 2 êtres sont pour moi les 3 "ingrédients" nécessaires pour y parvenir.
      Si l’amour manque,le plaisir obtenu ,même agréable et intense,ne peut permettre un tel niveau d’accès et ne reste que de l’"agitation."matérielle.
      Je vois d’ici les neurobiologistes réduire cela à un simple shoot hormonal,convaincus que la conscience n’est que le fruit d’une soupe électrochimique réussie grâce à des organes fonctionnels
      C’est une voie d’enseignement pour comprendre aussi le champ des possibles de la grandeur de l’humain et qui échappe,de fait ,à la raison.

      .

       
    • Les yogis et anachorètes ne sont pas contre l’interaction sexuelle, si elle est pratiquée selon des codes qui leurs sont propres.

      Le problème ce n’est pas l’interaction sexuelle en tant que telle ;(dans ces religions) mais plutôt comment l’homme ordinaire y fait face....et les conséquences induites.

      Tous ces héros mythologiques pratiquent l’acte, mais avec des partenaires "célestes", ou des techniques particulières.
      L’acte ou l’énergie sexuelle n’ont jamais été remis en question.... et même pas par la chrétienté non plus "croissez et multipliez" est dans le texte.

      Après il y a toutes sortes de dérives, mais aucune philosophie n’a jamais condamnée le sexe en tant que tel.

       
  • Où peut-on trouver l’image non rognée du début de l’article ?

     

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  • Le sexe est une zone corporelle sacrée, et il en est tout autant de l’énergie sexuelle.
    Bien entendu, cette évidence démontrée par le simple bon sens n’a jamais été enseignée à l’école, au lycée, à l’université, un système éducatif aux mains d’élites peu soucieux de préserver l’intégrité procréatrice de l’humain en général et des habitants d’une nation en particulier.
    Le simple bon sens permet aussi, hélas, de mettre en évidence les conséquences destructrices d’un viol, au préjudice du violé et de la violée, quelque soit l’âge par ailleurs, les séquelles étant traumatisantes à vie, ce qui laisse deviner les effets désastreux quand le viol est commis dès le plus jeune âge.
    Ce simple constat est à même de démontrer la sacralité de la zone sexuelle. Mais il est bien possible, aujourd’hui, l’esprit humain ne plus savoir ce que signifie sacré.
    Et pourtant, une femme ayant avorté ne saurait purger en son esprit le ressenti d’avoir commis un sacrilège, quelque peu allégé, certes, par la légitimité procurée par les lois adoptées par une élite s’attribuant ce droit en regard d’un seul critère, d’un unique référant, à la mesquinerie illimitée puisque reposant sur la seule logique économique, c’est dire l’esprit des lois être imprégné de l’esprit malfaisant des élites qui n’ont comme seul étalon de la pertinence sociale : cette dévastatrice logique financière.
    Et toute cette idéologie corrompue légiférée au nom de la prétendue raison de passer comme une lettre à la poste sans que nul ne la dénonce, excepté une minorité mais illico montrée du doigt par les médias officiels se faisant un malin plaisir de la tourner en ridicule tel une brochette d’éternels insatisfaits.
    Comme quoi les minorités ne sont pas respectées avec cet esprit soit-disant impartial et désintéressé.
    Ceux pour qui ces raisons invoquées ne valent pas tripette, et donc ne justifient en rien d’estimer la zone sexuelle sacrée, qu’ils sachent alors, sinon qu’ils n’oublient pas, cette zone donner la vie.
    Autant du coté masculin que du coté féminin.
    L’expression populaire " bijoux de famille", certes marrante, parle d’elle-même.
    Ce simple constat est tel une évidence que nous sommes tombés bien bas qu’il faille l’évoquer pour les uns, le rappeler pour les autres.
    De fait, le travail de sape effectué par les tenants de l’ingénierie hollywoodienne, intrusive, voyeuse, vénale, désacralise et la vie et le sexe par tous les moyens audio et visuel afin de rendre bénin le sacré.

     

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    • A "la nuque roide"

      Vous avez raison dans tout votre post, sauf qu il y a une chose à corriger :
      Il ne faut pas attendre des elites politiques, scientifiques et philosophiques qu’elles éveillent le peuple ! Elles sont bien trop corrompues et au ras des paquerettes pour ca.
      Le peuple aurait dû prendre conscience du caractere sacré du sexe et des energies sexuelles en contemplant le grand Art, tout simplement. Il y a eu le Romantisme en Europe, qui est une sublimation extraordinaire des energies sexuelles vers l’amour vrai, et on est illuminé par cela chez les grands ecrivains Hugo, Stendahl, Balzac, Verlaine, etc, et chez tous les grands compositeurs de musique, et la peinture du XIXeme et d’avant est eveillante aussi. Toutes ces merveilles auraient dû ouvrir l’esprit et le coeur des gens, en plus d’un comportement correct dans la vie privée qui aurait du avoir le meme effet.
      A la place de cela, le peuple a choisi délibérement, et a soutenu, toutes les débilités possibles, toutes les obsessions et pratiques sexuelles malsaines, et ne regarde que le faux art commercial.
      Ainsi, les elites ne valent rien, certes, mais bon....excusez-moi, mais les peuples ne valent pas mieux. Qui est descendu dans les rues pour exiger l’IVG, les divorces faciles, la pilule, etc ? Le peuple ! 
      L’occident avait d’immenses atouts pour bien comprendre le sacré du sexe, il y a eu d’immenses bosseurs ici, des gens inspirés, et on gâche tout. L’homme est désespérant, vraiment.

       
  • #2746157

    on provient tous d’un rapport sexuel

     

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  • Les pratiques sexuelles tantriques en vue de canaliser l’énergie sexuelle pour élever sa conscience vers des états plus subtils et en dernier lieu vers l’éveil, étaient des pratiques extrêmement codifiées et ritualisées, ouvertes uniquement à des initiés de haut degrés, hommes et femmes, versés dans un enseignement rigoureux transmis de maître à disciple, le tout dans des sociétés traditionnelles très hiérarchisées qui n’existent plus. Le dernier courant fort ayant mis en oeuvre ces pratiques spirituelles étant le shivaïsme du Cashmire qui s’est éteint vers le 13ème siècle suite aux invasions Islamiques. Il ne suffit pas de mettre des pétales de roses et des bougies autour d’une natte avant de copuler et de se concentrer sur le moment de l’orgasme même si celui-ci est le lointain écho de l’extase créatrice primordiale. L’ouvrage d’Évola est très riche et très intéressant au niveau théorique mais si on veut passer à la pratique, il ne faut pas perdre de vue qu’en ces temps qui sont les derniers avec tous les charlatans actuel du bazar "tantrique qu’à la fin c’est la débandade..."

     

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  • Dans l’Antiquité les prostituées sacrées initiaient les jeunes gens, elles leur apprenaient... tout, leur évitaient de se masturber et leur faisaient gagner du temps . Notre époque hypocrite lutte contre les dernières Devadasis du sous continent indien .

     

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  • Ceux qui mettent du sacré dans le sexe ne baisent pas, c’est aussi simple que cela.

    Ceux qui mettent du sacré dans la bouffe ne mangent pas, ceux qui mettent du sacré dans la boisson ne boivent pas, ceux qui mettent du sacré dans la vie ne vivent pas. Tous ceux qui mettent de l’absolu dans le relatif le rendent impossible, intouchable et inaccessible, c’est la définition même du sacré : il est impur (fétichisé, impossible ou tabou) et on ne doit jamais entrer en contact avec lui.

    La femme est sacrée (impure, interdite, tabou) au moment de ses règles : quand elle est imbaisable. Elle redevient baisable en même temps qu’elle redevient profane. Sacraliser le sexe, c’est le rendre impossible en permanence. Il n’y a rien de plus débile.

    Et c’est là que la sagesse catholique est éclatante : en ce que l’Église ne s’est jamais occupé de ce qui se passait dans le lit conjugal. L’Église a combattu ce qui évitait ou se substituait à la baise hétérosexuelle (la masturbation et l’homosexualité), poussant l’homme et la femme dans le même lit et les laissant se débrouiller entre eux une fois dans le lit. Avec une seule obligation, d’une sagesse stratosphérique, qui est l’injonction aux époux de ne jamais se refuser l’un à l’autre (1 Co 7, 5) : si votre conjoint veux baiser, satisfaites-le ou satisfaites-la... Pour le reste, débrouillez-vous, baisez comme des lapins et multipliez-vous...

     

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    • Petite rectification fraternelle.
      Ceux qui mettent du sacré dans le sexe ne baisent pas, c’est aussi simple que cela.
      Car de fait, ils font l’amour.
      - Ceux qui mettent du sacré dans la bouffe ne mangent pas, ils savourent.
      - Ceux qui mettent du sacré dans la boisson ne boivent pas, ils dégustent.
      - Ceux qui mettent du sacré dans la vie ne vivent pas, ils s’épanouissent.
      - Tous ceux qui mettent de l’absolu dans le relatif le rendent non pas impossible, ni intouchable et pas mieux inaccessible, mais le rendent digne, estimable, respectable.
      - La définition même du sacré possède sa part d’hombre et de lumière, comme tout ce qui gît ici bas, sa part d’hombre : le sacré est impur (fétichisé, impossible ou tabou) et on ne doit jamais entrer en contact avec lui. Sa part de Lumière, le sacré est loyale, digne, honnête, il est a respecter et à être édifié incorruptible.

       
    • C’est exact ! Cette confusion tient, comme toutes les bizzareries dites religieuses, de simples dérivent sémantiques liés aux interprétation de la langue ancienne, polysémique dès sa conception, car sacre à la même origine que secret et crasse (souillure, tâche, qui couvre le support, supposé "vierge", et si ça couvre on ne voit plus, c’est caché, d’où secret et screen, écran...).

      En fait, le sacre est le retrait de l’existence (sous entendu, par polarité, l’accès à l’éternité), du mouvement de vie que l’on appelle encore un peu aujourd’hui la roue de fortune, c’est pourquoi les rois recevaient leurs couronnes (chronos) d’éternité, ils deviennent l’axe de roue (roi, donc), le point fixe autour duquel le monde va tourner, et tout ce qui est sacré c’est le même principe, rendu inaccessible... pour le profane qui lui tourne autour !

      L’esprit étant éternel, vivre de ce dernier permet de s’affranchir du mouvement de roue justement !

      Moins connu encore, "rouir" et le "rouissage" est l’étape de décomposition des fibres pour le tissage, ce mot venait à la base de rota, la roue, car il s’agissait de la roue du temps qui amène tôt ou tard à la mort, soit, la décomposition, c’est pourquoi le néerlandais et l’anglais on conservé "rotten" pour pourri, tandis que nous français on a conservé "ruine" et que quand le lait périme on dit qu’il a "tourné" ! :-D

       
    • Bravo Clemens et j’ajouterai que la sexualité dite « récréative » a été inventé pour les gens qui vivent sans Dieu et qui ne savent pas aimer leurs femmes...les Zemmour, les Ardicons les Straus-Kahn et j’en passe et des meilleurs

       
    • @ La nuque roide

      Non, ceux qui mettent du sacré dans le sexe ne font pas l’amour, dans la bouffe ne savourent pas, dans la boisson ne dégustent pas et dans la vie ne s’épanouissent pas, tout simplement parce que le contact avec ces choses est interdit si elles sont sacrées. Sacraliser le profane, c’est ce qu’on appelle "frapper d’interdit" un pan de la réalité et dans un sens dérivé "puritanisme". Si les puritains avaient le moindre talent pour jouir de la vie, cela se saurait... Et c’est parce que le sacré est impossible que les cultures traditionnelles en restreignaient l’extension à des lieux très précis et des temps très courts : en dehors de ces lieux et de ces temps, partout ailleurs, la vie était possible.

      Pour ce qui est des occurrences de la sexualité dans le sacré, cela arrivait, dans un cadre rituel très restreint, lors d’une phase précise du culte, où était représentée la décomposition de l’ordre social : c’était une sexualité adultère, incestueuse, homosexuelle... tous les accouplements contre-nature pouvaient être représentés mais seulement en tant qu’image de la décomposition de l’ordre social, comme aussi l’exercice de l’autorité par les enfants ou les esclaves, les combats entre membres d’une même famille ou communauté, la destruction des objets et des bâtiments, l’inversion de toutes les oppositions culturelles habituelles (masculin/féminin, prédateur/proie, haut/bas, maître/esclave, parent/étranger, etc.)...

      La sexualité "sacrée" est la sexualité qui ne doit jamais se produire selon les cultures traditionnelles, celle qui correspond à la destruction de l’ordre social (qui est adultère, incestueuse ou homosexuelle), jamais en dehors du cadre ritualisé et précisément délimité du culte. Car le sacré est destructeur et contagieux : un anthropologue a ainsi montré que la chaussure était probablement à l’origine un accessoire royal dans les cultures où le roi était sacré et donc contagieux - on lui mettait des chaussures pour ne pas qu’il contamine le sol, pour ne pas qu’il le sacralise par contact et le rende ainsi impossible... (si le sol est impossible comment fera-t-on pour vivre ?). Et c’est ainsi dans toutes les cultures traditionnelles.

      La référence à la "tradition" a permis à certains auteurs d’écrire n’importe quoi, de justifier pour pas cher les théories les plus fumeuses. C’est fascinant (presque comique) de voir à quel point les "traditionalistes" sont ignorants de la "tradition" qu’ils encensent.

       
  • "un poison lorsqu’il est pratiqué dans son animalité la plus simple, mais également un remède lorsqu’il est correctement dirigé vers sa dimension transcendante"

    Intéressant, c’est donc une "tradition" inversée que décrit Evola ?

    Je défie quiconque de trouver un mythe, qu’il soit européen, amérindien, africain ou asiatique, dans lequel la sexualité "sacrée" ne soit pas destructrice de l’ordre social et explicitement identifiée à sa destruction. Dans la "tradition", c’est parce que l’inceste est une faute que les rois sacrés sont incestueux ou forcés à l’inceste lors de leur sacre (comme ils sont aussi parfois voleurs, gloutons, alcooliques, dépravés, etc. et rituellement forcés à voler, gavés, forcés à boire, à commettre toutes sortes d’abominations).

    Le moment "sacré" de la sexualité de Penthée (quand il cède et obéit à l’injonction du dieu) est celui de son travestissement en femme à l’instant même ou la palais royal et la ville s’effondrent dans l’incendie généralisé, son homosexualité coïncidant avec la destruction de tout.

    Pour la "tradition", le sexe toxique est toujours aussi sacré et le sexe "dans son animalité la plus simple" est celui de l’ordre profane et naturel du monde. Et ainsi, pour la "tradition", notre monde occidental, post-moderne et décadent, serait plein à ras bord de sacré et impossible à vivre.

     

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  • L’affaire est simple, ceux pour qui le sacré ne veut rien dire, sont ceux qui tuent pour des vétilles, lesquelles vétilles sont à même de se présenter idéologiques, à l’importance dé lors soudain considérable.
    Quand la vie n’est pas évaluée sacrée, la vie, itou d’autrui, n’est en rien respectée.
    S’ensuit alors que plus rien n’est sacré vu que la vie est cette graine sur laquelle tout s’érige.
    Si la vie n’est pas sacrée, pourquoi une de ses branches le serait et donc pas davantage un de se représentants.
    Soit la vie est sacrée, tu la respectes.
    Soit non, tue la...sans état d’âme aucun.
    C’est aussi simple que cela.

    Je suis pour la peine de mort
    Mais non pour en user de façon systématique.
    En cela qu’il revient au pouvoir, royal, présidentiel, de gracier.
    Il ne saurait faire davantage affront au pouvoir royal et présidentiel que lui ôter le pouvoir de gracier un condamné à mort.
    Mais cela, Badinter est incapable de l’intégrer, trop occupé à résilier la peine de mort tout en feignant ignorer l’État français s’employer à être un des marchands d’armes les plus prospères de la planète.
    Sous le prétexte : si ce n’est moi un autre État d’en vendre.
    Selon cette logique : épouse ta sœur, si ce n’est moi un autre le fera.

     

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