C’est pas la journée de la presse, aujourd’hui. Après avoir relevé le titre presque antisémite de Paris Match sur l’agression anti-Rolex à Paris, nous avons sursauté devant un titre du Monde, le journal des Marchés et des lobbies.

Curieusement, au moment où les vidéos des policiers qui ont procédé à l’arrestation de George Floyd sont diffusées, Le Monde envoie un article pro-Floyd qui sent fortement le contre-feu. La journaliste Claire Guillot revient sur l’historique de cet événement qui fera le tour du monde.

« L’homme suffoque, les passants protestent, interpellent les policiers, demandent qu’on prenne son pouls. En vain. Darnella Frazier, elle, sort son téléphone et filme une scène interminable de 8 minutes 46 secondes. L’homme gémit, supplie, appelle sa mère, répète seize fois la même phrase, devenue symbole de ses souffrances et de celles des Afro-Américains aux États-Unis : “Je ne peux pas respirer.” Et il meurt. »

C’est sobre, dur, sans commentaires. Un homme est mort presque pour rien, peut-être parce qu’il était noir, tout simplement. Mais les choses ne sont pas aussi simples, et les nouveaux angles donnés par la vidéo et la retranscription audio des quatre policiers présents changent un peu la donne, surtout quand on sait que George et son bourreau, Derek, se connaissaient et avaient eu des embrouilles d’argent communes. Mais tout cela est balayé par le grand tsunami antiraciste qui a déferlé sur le monde après le « meurtre » policier du délinquant.

L’article part ensuite dans une direction un peu magazine où Claire évoque l’importance du journalisme 3.0, celui des portables qui filment tout et qui parfois deviennent des pièces à conviction. On sait tous ça. Et de citer Will Smith : « Le racisme n’a pas empiré, il est juste plus filmé ». C’est bien vu, et c’est probablement vrai.

Walter Scott est tué par plusieurs balles dans le dos par un policier blanc de Caroline du Sud, le 4 avril 2015. Cette image, extraite d’une vidéo prise par Feidin Santana, a permis d’infirmer la version du policier qui invoquait la légitime défense.

Dans son article, Claire prend nettement position contre la police, assimilée aux « exactions », oubliant le fond de violence de la société américaine :

« Ces images, qui montrent la mort violente de Noirs américains, sont parfois critiquées, car elles sont traumatisantes pour les familles des victimes, qui revoient en boucle la souffrance ou l’agonie d’un proche. Mais elles sont souvent l’unique arme pour tenter de mettre en cause la police – la famille de George Floyd, par l’intermédiaire de son avocat, a tout fait pour médiatiser la vidéo de Darnella Frazier. L’adolescente, quant à elle, a dû être suivie par un psychologue et a déménagé pour échapper à la pression médiatique. Mais elle ne regrette rien. Elle n’a pas fermé sa page Facebook, où elle continue à relayer les exactions policières et les mobilisations de Black Lives Matter. »

Or, chaque affaire est différente. George Floyd n’est pas Adam Traoré et aucune affaire ne se ressemble, malgré la couleur de peau (presque) identique des victimes. La police américaine est violente, on le sait, car les Américains, qu’ils soient noirs ou blancs, sont tous potentiellement armés. Ce n’est donc pas une violence dirigée contre les Noirs, même si elle touche plus les Noirs, puisqu’il y a beaucoup plus de délinquants noirs en proportion, ce n’est une découverte pour personne, on vous invite d’ailleurs à travailler le sujet historiquement et sociologiquement.

Pourtant, Claire devrait faire un tour dans les cités françaises où des racailles, souvent noires, rarement blanches, s’en prennent à des petits Blancs, et à des filles. Là aussi, on pourrait envoyer des vidéos d’agressions, de lynchage, de violences gratuites. Le côté larmoyant Black Lives Matter en prendrait un bon coup dans l’aile. Les Noirs ne sont pas meilleurs que les Blancs parce qu’ils seraient victimes des Blancs, on souligne le conditionnel. Il n’y a pas une communauté au-dessus de l’autre, s’il faut raisonner en termes de communautés, ce qui n’est pas notre habitude.

Spéciale dédicace à Claire, du Monde

On attend l’article du Monde pour Thomas, ou contre le poignardeur :

« Environ trois cents personnes ont participé à la marche blanche en hommage à Thomas, ce samedi à Sarcelles. Le cortège s’est élancé, dans le silence, de la salle André-Malraux jusqu’au lieu du drame, dans le quartier du village. En tête, ses amis les plus proches tenaient une banderole réclamant une “justice exemplaire pour l’assassin multirécidiviste”.

Le jeune homme, décédé le 11 juin, avait été poignardé à Sarcelles (Val-d’Oise) un mois plus tôt, dans la nuit du 9 au 10 mai par un quadragénaire, sorti depuis peu de prison. Ce soir-là, il fêtait la fin de son contrat de travail chez un ami. Vers 20 heures, il descend à l’épicerie, croise une connaissance et la suit dans son appartement.

Il y rencontre son assassin, accompagné d’une femme. Une altercation éclate. “Il était jaloux parce que mon fils semblait plaire à cette femme”, indique son père, Philippe Charbonnel. Vers minuit, le jeune homme sort. Mais il est rattrapé par son agresseur, frappé à la tête et poignardé à huit reprises. » (Le Parisien)