Voilà de quoi conduire certaines personnes qui ne se seraient pas encore interrogées à formuler quelques doutes sur la manière de compter les morts du coronavirus chinois. C’est un début. On n’est plus mort du Covid-19 au Royaume-Uni en ayant été testé positif au SARS-CoV-2 puis en s’étant ouvert le crâne en tombant d’une échelle. On attend maintenant une évaluation statistique allant dans ce même sens, mais en retirant les grabataires et toutes les personnes ayant déjà une ou plusieurs très lourdes pathologies qui auraient très vraisemblablement fini par les emporter, avec ou sans coronavirus.
Le Royaume-Uni a changé mercredi sa manière de comptabiliser les décès dû à l’épidémie de nouveau coronavirus – ne prenant désormais en compte que ceux survenus dans les 28 jours après un test positif – et revendique selon cette nouvelle méthode un bilan inférieur de 5300 morts par rapport au précédent.
La méthodologie pour recenser les décès dus à l’épidémie dans la province d’Angleterre « a fait l’objet d’un examen par des chercheurs indépendants » et les autorités sanitaires anglaises (PHE), a expliqué le ministère de la Santé dans un communiqué.
« À partir d’aujourd’hui », PHE s’alignera sur les services sanitaires des trois autres provinces britanniques et publiera quotidiennement le nombre de personnes décédées de la COVID-19 dans « les 28 jours après avoir été déclarées positives en laboratoire », a indiqué le ministère de la Santé, précisant que 88 % des décès déjà enregistrés par PHE avaient eu lieu au cours de cette période.
Jusqu’ici, son bilan quotidien prenait en compte tous les décès de personnes qui avaient été déclarées positives au nouveau coronavirus, sans limite de temps.
Ce changement de méthode survient à la suite des critiques émises par une étude de l’Université d’Oxford, intitulée « Pourquoi personne ne peut jamais guérir de la COVID-19 en Angleterre – une anomalie statistique ».
« Un patient qui a été déclaré positif, mais a été soigné avec succès, sera compté comme mort de la COVID-19 même s’il a eu une attaque cardiaque ou s’est fait écraser par un bus trois mois plus tard », dénonçait l’étude publiée mi-juillet, qui demandait à « réparer cette erreur statistique conduisant à une sur-exagération des décès associés à la COVID-19 ».
Avec l’adoption de la nouvelle méthode, le ministère de la Santé affirme que « le nombre total de patients décédés au Royaume-Uni dans les 28 jours après un test positif à la COVID-19 était mercredi de 41 329 personnes », contre les 46 706 morts annoncées précédemment par les autorités sanitaires.
« La façon dont nous comptions les décès de personnes atteintes de la COVID-19 avait été choisie à l’origine pour éviter de sous-estimer les décès causés par le virus dans les premiers stades de l’épidémie », a expliqué le professeur John Newton, de PHE, arguant que la nouvelle méthode permettra de récolter « des informations cruciales sur les tendances récentes et la mortalité globale ».
Même avec ce nouveau décompte, le Royaume-Uni demeure le pays d’Europe comptabilisant le plus de morts dus à l’épidémie, loin devant l’Italie et ses 35 225 décès.