Le ministre de l’Économie est intervenu dans une émission de la BBC consacrée à la France. Entre trois éloges des "réformes" et deux aphorismes édifiants, il a confié ses regrets que notre pays n’ait pas pris le train des années Thatcher.
Emmanuel Macron est fascinant, tant il incarne, aussi bien dans son discours que dans les politiques qu’il met en œuvre, l’achèvement du virage libéral du Parti socialiste. En toute quiétude, en toute certitude et en toute bonne conscience, ce qui lui permet de réciter le bréviaire du libéralisme sans ciller ni percevoir de quels renoncements il se fait l’agent.
Les réformes, les réformes, les réformes !
Cette fois, c’est dans le cadre d’une émission de la BBC consacrée à la France, Quelle Catastrophe ! France with Robert Peston (Robert Peston est un journaliste économique) qu’il a exprimé ses convictions habituelles, probablement confiant dans leur bonne réception par le pays porte-drapeau du libéralisme en Europe. Cela explique peut-être qu’il n’a pas pris beaucoup de précautions pour exprimer son admiration envers les politiques menées dans les années 80 par le gouvernement de Margaret Thatcher :
« Quand on compare [la France] avec le Royaume-Uni dans les années 80, la grande différence est que nous n’avons pas assuré [les réformes] à l’époque. Les Français se rendent compte que les autres ont décidé de changer et que nous sommes les seuls à ne pas réformer notre propre système. »
C’est dit. Peu importent la brutalité avec laquelle la dame de fer a appliqué sa politique, les ravages sociaux qu’elle a provoqués et ses conséquences politiques. La nécessité-des-réformes est aussi naturelle que l’air ou l’eau, elle n’est pas discutable. Macron pense certainement que "les réformes" ne sont ni de droite, ni de gauche. Elles sont. C’est le sens de ses références constantes à la réalité réelle, à cet ordre de la nécessité indiscutable et de l’absence d’alternative, le sens de ces redondances dont il a encore livré quelques échantillons à la BBC :
« Je pense que les gens pensent que nous avons besoin de réformes. Nous voulons faire des réformes, alors nous allons faire des réformes. »