Alors que les populations ont les yeux rivés sur les chiffres de la progression du coronavirus, une profonde réorganisation des exécutifs a lieu accordant le primat aux hauts-fonctionnaires de Santé sur les politiques. Dans l’ombre, des banquiers et des militaires s’agitent espérant confisquer le Pouvoir à leur profit.
Le primat de la logique administrative sur celle de la politique
De nombreux gouvernements de pays industrialisés ont décidé de répondre à l’épidémie de Covid-19 en confinant leur population. Cette stratégie ne ressort pas de la médecine qui n’a jamais pratiqué d’isolement des biens portants, mais d’une bonne gestion des moyens médicaux visant à prévenir une arrivée massive de malades pour ne pas engorger les hôpitaux [1]. Rares sont les pays industrialisés, comme la Suède, qui ont rejeté cette approche administrative de l’épidémie. Ils ont opté pour une approche médicale et ne pratiquent donc pas de confinement généralisé.
Le premier enseignement de la période actuelle est donc que dans les pays développés, la logique administrative est désormais supérieure à l’expérience médicale.
Pourtant, même sans compétence médicale, je ne doute pas que des millénaires d’expérience médicale peuvent être plus efficaces contre une maladie que des recettes bureaucratiques. Au demeurant, si nous poursuivons l’observation du phénomène en cours, nous constatons que pour le moment la Suède enregistre 10 morts par million d’habitants, tandis que l’Italie en pleure 166 par million. Bien sûr, ce n’est que le début de l’épidémie et ces deux pays sont très différents. Cependant, l’Italie devra probablement faire face à une deuxième, puis une troisième vague de contamination, tandis que la Suède aura acquis une immunité de groupe et en sera protégée.
Le primat des hauts-fonctionnaires de Santé sur les élus du Peuple
Ceci étant posé, le confinement généralisé des biens portants perturbe non seulement l’économie, mais aussi les modes de gouvernement. Un peu partout, nous voyons la parole des politiques s’effacer devant celle des hauts-fonctionnaires de Santé, censés être plus efficaces qu’eux. C’est logique puisque la décision du confinement est purement administrative. Nous avons collectivement accepté de nous battre pour nos hôpitaux et de nous prévenir de la maladie, pas de la combattre.
Chacun peut malheureusement constater que contrairement aux apparences, nous n’avons pas gagné en efficacité. Par exemple, les États membres de l’Union européenne n’ont pas été capables de fournir les équipements médicaux et médicaments nécessaires en temps voulu. La faute aux règles habituelles. Par exemple : la globalisation économique a abouti à ce qu’il n’y ait plus qu’un seul fabricant de respirateurs artificiels sur le marché international et qu’il soit chinois. Les procédures d’appel d’offre imposent plusieurs mois avant de pouvoir en disposer et les politiques ne sont plus là pour passer outre ces procédures. Seuls les États-Unis ont été capables de résoudre immédiatement ce problème grâce à des réquisitions d’entreprises.
La France, qui a connu durant la Seconde Guerre mondiale avec Philippe Pétain une dictature administrative dite « État français », a déjà vécu depuis trois décennies une prise du pouvoir politique par de hauts-fonctionnaires. On a alors parlé d’ENArchie. Identiquement et sans quelle en ait conscience, elle a privé les politiques de la connaissance de l’administration que leur conférait le cumul de mandats locaux et nationaux. Désormais, les élus sont moins bien informés que les hauts-fonctionnaires et ont toutes les peines du monde à les contrôler.
De même que les hauts-fonctionnaires de Santé se trouvent soudain investis d’une autorité qui ne leur revient normalement pas, de même des banquiers et des militaires aspirent à la même promotion au détriment des politiques.
Les banquiers tapis dans l’ombre
L’ancien chancelier de l’échiquier (ministre des Finances), puis Premier ministre britannique, Gordon Brown, a ainsi publié une tribune libre dans le Financial Times [2]. Il y plaide pour utiliser la peur du Covid-19 afin de réaliser ce qui a échoué lors de la crise financière de 2008. À l’époque, il n’était pas parvenu à créer un gouvernement financier mondial et avait dû se contenter d’une simple concertation avec le G20. Il serait possible aujourd’hui, poursuit-il, de créer un gouvernement de Santé mondial. Et d’envisager quelles puissances devraient être associées aux membres permanents du Conseil de sécurité.
Rien ne permet de penser que ce gouvernement mondial réussirait mieux que des gouvernements nationaux. La seule chose qui est sûre, c’est qu’il échapperait à toute forme de contrôle démocratique.
Ce projet n’a pas plus de chance d’aboutir que celui du gouvernement financier mondial. Gordon Brown était aussi un farouche partisan du maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne. Là encore, il a perdu.
L’État profond US tapis dans l’ombre
Historiquement, dans toutes les crises, on tente d’utiliser l’argument de l’« urgence » pour modifier le Pouvoir sans que le public ait le temps de réfléchir, et souvent on y parvient.
Le 30 janvier 2020, l’OMS déclare l’« état d’urgence de santé publique de portée internationale ». Le lendemain, le secrétaire à la Défense, Mark Esper, signe secrètement un Warning Order (Mise en alerte) stipulant que le NorthCom devait se tenir prêt à une éventuelle application des nouvelles règles de « continuité du gouvernement ».
Celles-ci sont classées Above-Top Secret ; c’est-à-dire que leur communication est réservée aux personnes ayant le niveau d’habilitation le plus élevé et disposant en outre d’un accès nominatif spécial (Special Access Program).
Rappelons que le principe de « continuité du gouvernement » a été forgé au début de la Guerre froide [3]. Il s’agissait de protéger les États-Unis en cas de guerre nucléaire contre l’Union soviétique et de décès ou d’empêchement du Président, du Vice-président et du président de la Chambre des représentants. Selon une directive écrite du président Dwight Eisenhower, un gouvernement militaire de remplacement devait immédiatement assurer la continuité du commandement durant la guerre jusqu’au rétablissement des procédures démocratiques [4].
Ce gouvernement de remplacement n’a jamais été requis, sauf le 11 septembre 2001, par le coordinateur national de la lutte antiterroriste, Richard Clarke [5]. Or, si le pays vivait une terrible attaque, ni le président, ni le Vice-président, ni le président de la Chambre des représentants n’étaient morts ou empêchés, ce qui m’a fait conclure qu’il s’agissait d’un coup d’État. Quoi qu’il en soit, le président George Bush Jr. a retrouvé ses prérogatives le même jour dans la soirée et aucune explication n’a jamais été donnée de ce qu’il s’était passé durant la dizaine d’heures de suspension de son autorité [6].
Selon le meilleur spécialiste du Pentagone, William Arkin, dans Newsweek [7], il existerait désormais sept plans distincts :
Rescue & Evacuation of the Occupants of the Executive Mansion (RESEM) visant à protéger le Président, le Vice-président et leurs familles.
Joint Emergency Evacuation Plan (JEEP) visant à protéger le secrétaire à la Défense et les principaux chefs militaires.
Atlas Plan visant à protéger les membres du Congrès et de la Cour suprême.
Octagon, sur lequel on ne sait rien.
Freejack, également inconnu.
Zodiac, toujours inconnu.
Granite Shadow prévoyant le déploiement d’unités spéciales à Washington et stipulant les conditions d’emploi de la force et de passage de lieux sous autorité militaire [8].
Notez bien que le RESEM vise à protéger le Président et le Vice-président, mais ne peut être appliqué qu’une fois ceux-ci morts ou empêchés.
Quoi qu’il en soit, la mise en œuvre de ces sept plans reviendrait au Commandement militaire des États-Unis pour l’Amérique du Nord (NorthCom) sous la responsabilité d’un illustre inconnu, le général Terrence J. O’Shaughnessy.
- Le 1er février, le secrétaire US à la Défense, Mark Esper, a donné instruction au général Terrence J. O’Shaughnessy de se tenir prêt. Le 13 février, celui-ci a déclaré devant la Commission sénatoriale des Forces armées se préparer au pire scénario. En cas de catastrophe sanitaire, le plan de « continuité du gouvernement » ferait de lui le prochain dictateur (au sens antique du terme) des États-Unis.
Il faut bien se souvenir qu’en droit US, cet homme doit devenir le dictateur des États-Unis qu’en cas de décès ou d’empêchement des trois principaux élus de l’État fédéral, mais que dans la pratique, il est arrivé que son prédécesseur, le général Ralph Eberhart, l’exerce sans que cette condition soit remplie. Ce dernier dirige aujourd’hui, à 73 ans, les principales sociétés d’avionique militaire US.
Le général O’Shaughnessy a affirmé le 13 février devant la commission sénatoriale des Forces armées que le NorthCom se préparait au pire. Pour cela, il se tient quotidiennement en liaison avec les dix autres commandements centraux des États-Unis pour le monde [9].
Le NorthCom a autorité non seulement sur les États-Unis, mais aussi sur le Canada, le Mexique et les Bahamas. En vertu d’accords internationaux, il peut, de sa propre initiative, déployer des troupes US dans ces trois pays.
En 2016, le président Barack Obama a signé la très secrète Directive politique présidentielle numéro 40 (Presidential Policy Directive 40) sur la « Politique de continuité nationale » (National Continuity Policy). L’administrateur de l’Agence chargée des situations d’urgence (FEMA), Craig Fugate, a signé deux jours avant l’entrée en fonction du président Donald Trump, la Directive de continuité fédérale numéro 1 (Federal Continuity Directive 1) qui en précise certaines modalités à des échelons inférieurs.
Ils ont pensé à tout, et se tiennent prêts pour le pire. L’épidémie leur fournit le motif pour passer à l’acte. Du coup, les questions posées par le porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois, Zhao Lijian, sur une possible dissémination du virus depuis les États-Unis prennent tout leur sens [10].