Egalité et Réconciliation
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De la double composante du Front National, de son unité et de son avenir…

Pour qui croit à l’Histoire, les hasards ont un sens, pourvu qu’on soit capable de les interpréter. Le même jour, le 25 avril, se sont passés deux évènements : suite au soutien des sans-papiers par la CGT, la décision, prise par Marine Le Pen, de manifester devant le siège de la Fédération Nationale de l’Industrie Hôtelière, et la sortie dans les médias du supposé nouveau scandale du « détail » de Jean-Marie Le Pen.
À Egalité & Réconciliation, en bons marinistes, nous aurions dû soutenir l’une et condamner l’autre. Or c’est le contraire que nous avons fait !

Attitude, en apparence provocatrice et contradictoire, qui exige quelques explications. D’où ce court texte afin de préciser aussi, pour ceux qui ne l’ont pas compris, ce que nous faisons, nous gens d’E&R, aux côtés du FN et de son Président, Jean-Marie Le Pen, depuis la présidentielle de 2007…

Commençons par la manif.
L’idée de dénoncer la collusion CGT/patronat était excellente, Marine donnant des leçons de lutte des classes et de défense des salariés français à la CGT ne pouvait que nous réjouir ! Seulement, comme souvent (dalle d’Argenteuil, municipales d’Hénin-Beaumont…), faute de concertations, de conseils avisés, cette manif mal pensée, mal montée, s’est faite sous les mauvaises fenêtres. Comme l’explique fort bien Jean-Claude Martinez, le rôle du FN est d’aboyer sous les fenêtres des négriers, pas sous celles des nègres, et, en l’occurrence, André Daguin, victime lui aussi des réglementations administratives et fiscales, n’était pas le négrier, tout au plus un nègre blanc, un mulâtre…
Contraints par la réalité du marché de l’emploi et la surfiscalité, les petits patrons de la restauration et de l’hôtellerie subissent eux aussi des règles du jeu qu’on leur impose, et c’est sous les fenêtres du MEDEF ou de l’URSSAF qu’il fallait manifester…
Traiter de patrons voyous d’authentiques entrepreneurs, travailleurs acharnés de la classe moyenne persécutés par l’UE et surfiscalisés, c’était injustement tourner le dos à une partie importante de notre électorat traditionnel constitué de petits entrepreneurs et de petits patrons acculés, sans forcément attirer à nous une base salariale déboussolée et habituée à suivre la CGT sans réfléchir…
Résultat : plutôt que nous inscrire dans une stratégie bien pensée d’évolution et de modernisation, nous créons la perplexité.

Cette remarque induit un développement : contrairement aux autres partis à électorat sociologiquement homogène : ouvriers pour l’ex PC, fonctionnaires pour le PS, lycéens-étudiants pour la LCR…, l’électorat du FN est double : de gauche et de droite. Addition des déçus de la droite entrepreneuriale, trahie par la droite financière, et des déçus de la gauche du travail trahie par la gauche bobo.
Le danger étant toujours, si l’on oublie ces deux composantes aux cultures politiques opposées, de perdre d’un côté pour gagner de l’autre, et réciproquement.
Coup nul et effet négatif, puisque créateur de confusion, quand déjà nos ennemis prétendent que, ramassis de déçus, le FN n’a ni projet ni cohérence politique…

Pire.
Attaquer Daguin et condamner Le Pen, c’était se mettre deux fois à dos ce que nous appelons à E&R la « droite des valeurs » : droite des petits et moyens entrepreneurs, mais aussi cette droite des idées qui lui est complémentaire, puisqu’elle mène courageusement le combat contre le « droitdel’hommisme », cette idéologie du mondialisme économique que vient de rallier la CGT, nous laissant - bonne nouvelle si nous savons l’entendre - seuls défenseurs des classes laborieuses enracinées !

La lutte contre le nouvel obscurantisme des « droitsdel’homme » - qui n’ont rien à voir avec les droits réels des hommes réels bafoués chaque jour en Europe, en Irak… au nom de cette même idéologie – n’est donc pas un autre combat que celui mené contre la mondialisation libérale, mais les deux faces d’une même médaille, où la gouvernance mondiale, par la destruction des Nations, se justifie systématiquement, non pas par le progrès social en régression constante, mais par l’odieux chantage du « plus jamais ça ! » : la mondialisation ou Auschwitz !

Comprendre cette réalité et cette stratégie de la « Gouvernance globale », où une idéologie de gauche - le « droitdel’hommisme » - sert de catéchisme à une gestion de droite - le néo-libéralisme mondialisé -, c’est comprendre que la lutte contre la mondialisation et le politiquement correct (dont notamment la réécriture de la colonisation et de la décolonisation réduites à l’antiracisme) ne sont pas deux stratégies opposées : Marine ou Jean-Marie… mais deux combats qui n’en sont qu’un et doivent être menés de Front !
Lâchez sur l’un et vous serez vite démuni face à l’autre…
La récente reddition en rase campagne de la CGT soutenant des sans-papiers contre les intérêts des salariés français - et qui n’est que l’épilogue du renoncement « droitdel’hommiste » du PCF amorcé il y a 20 ans - en est la preuve ; l’exemple aussi de ce qui nous menace si nous suivons le même chemin. Déshonneur et disparition.
Voilà pourquoi dans cette double affaire : sans-papiers, détail…, il fallait soutenir Le Pen et organiser, certes, cette manifestation… mais sous les bonnes fenêtres !
Voilà pourquoi à E&R, n’étant ni déserteurs ni gauchistes, nous avons soutenu l’un et évité l’autre.

Cette mini-crise interne du 25 avril, due à cette double erreur de jugement - erreur cette fois plus frontale mais déjà commise sur la dalle d’Argenteuil et aux municipales d’Hénin-Beaumont* - doit être comprise comme le coup de semonce qui veut nous faire comprendre par les faits, l’accident, à quel point il est urgent de penser ce que nous sommes, où sont les dangers et quel est notre avenir…
Comprendre que celui-ci passe notamment par une doctrine de lutte cohérente, efficace, contre la mondialisation économique et idéologique, en défendant indissociablement le politiquement incorrect, les classes populaires et les entrepreneurs…

Or, seul Jean-Marie Le Pen, homme du peuple et homme cultivé, défenseur des petits entrepreneurs et résistant acharné à la dictature du politiquement correct, incarne aujourd’hui cette ligne juste, que nous, à E&R, appelons « union sacrée de la gauche du Travail et de la droite des Valeurs ». Une doctrine qui est – pour ceux qui ne l’auraient pas comprise – non pas une fantaisie exogène, mais dans la droite ligne des fondamentaux du FN de 1972...
Et c’est parce que Jean-Marie Le Pen incarne charnellement cette doctrine d’insoumission et de réconciliation nationale qu’il est aujourd’hui - lui et lui seul - à même d’insuffler ce changement et ce rajeunissement qui ne passe pas par le bricolage et l’intrigue, mais pas le recrutement et la formation sur une doctrine d’avenir.
Former, recruter…
En cette période de trahison si visible des promesses faites par Sarkozy.
En cette période où la demande est énorme (je le vérifie chaque semaine lors de mes conférences…), il serait dommage, à force de renoncements et d’atermoiements, de finir en supplétifs réactionnaires du mondialisme tout puissant, alors qu’en nous hissant simplement au niveau des espoirs et des colères des Français, nous pouvons être à nouveau demain LE grand mouvement d’opposition national et populaire.

Pour Egalité & Réconciliation, Alain Soral

* Le déplacement sur la dalle d’Argenteuil et l’appel aux « Français de branche » était pleinement justifié mais devait s’adresser au peuple du travail menacé, quelles que soient ses origines, par la terreur des racailles et l’effondrement des valeurs. Le rappel des positions raisonnablement assimilationnistes du FN devait s’appuyer sur un discours radical au plan sécuritaire et moral.

La campagne municipale d’Hénin-Beaumont était principalement axée contre le fiscalisme et l’emploi municipal, dans une ville où l’on paie peu d’impôts, tout particulièrement quand on vote FN, et où la mairie est la seule perspective d’emploi pour l’ex prolétariat érèmisé passé du PC au FN... Erreur qui aurait pu facilement être évitée sans l’influence d’un certain Philippe Olivier, dont les deux leitmotivs - ne pas désespérer la rentière et débarrasser le FN de Jean-Marie Le Pen - ne sauraient constituer une doctrine politique sérieuse.

 
 

Livres de Alain Soral (116)