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Darmanin nomme une magistrate à la tête de la "police des polices"

Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, s’apprête à nommer comme chef de l’Inspection générale de la police nationale Agnès Thibault-Lecuivre, une magistrate d’expérience passée par diverses administrations. Une première qui risque de faire du bruit dans la maison police, traditionnellement corporatiste et hostile au regard de la justice.

 

C’est une petite révolution dans le monde de la police. Selon nos informations, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, va nommer à la tête de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) une magistrate : Agnès Thibault-Lecuivre, 41 ans, son actuelle directrice adjointe de cabinet. L’annonce doit être faite après le Conseil des ministres de ce mercredi.

C’est la première fois qu’une personnalité issue du corps judiciaire dirigera « la police des polices », une administration dont les missions sont de contrôler l’action de la police, enquêter judiciairement sur les infractions commises par les fonctionnaires ou administrativement sur les fautes déontologiques ainsi que réaliser des audits sur le fonctionnement de l’institution policière.

Agnès Thibault-Lecuivre succédera à la commissaire Brigitte Jullien, dont le mandat, en demi-teinte faute d’avoir réussi à imprimer sa marque, a été marqué par les violences lors des manifestations des Gilets jaunes et des critiques sur le manque de poursuites visant les policiers auteurs de violences. Avant cela, quatre autres commissaires de police ont dirigé l’IGPN.

La nomination de cette magistrate d’expérience est un symbole fort. L’IGPN est une administration qui suscite des craintes en interne, les policiers jugeant redoutables ses enquêteurs. Mais en externe, notamment du côté des défenseurs des droits de l’homme, elle est parfois soupçonnée de complaisance à l’égard de ses collègues fonctionnaires, voire d’être instrumentalisée politiquement dès lors qu’une affaire devient sensible.

Si Gérald Darmanin estime que la police des polices est prête à accueillir à sa direction une personnalité extérieure, c’est qu’il se sent renforcé à Beauvau depuis que le président de la République l’a maintenu au gouvernement, en élargissant son portefeuille aux Outre-Mer, malgré le fiasco du Stade de France.

(...)

Auparavant, cette ancienne parquetière fut l’une de ces quelques jeunes magistrats faisant partie de la garde rapprochée de François Molins lorsqu’il était procureur de la République à Bobigny puis à Paris. Très appréciée des journalistes pour sa disponibilité, sa rigueur, son professionnalisme et son affabilité, cette mère de famille de quatre enfants a œuvré dans l’ombre du haut magistrat lorsqu’il fut le visage de la lutte antiterroriste durant les années noires Daech en s’occupant de sa communication. C’est elle qui préparait les discours qui permirent à François Molins de mettre des mots et des faits derrière l’horreur. Agnès Thibault-Lecuivre a également fait un court passage, bien moins remarqué, au porte-parolat du ministère de la Justice.

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