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Comprendre les guerres israéliennes contre le Liban

Un article de Youssef Hindi (exclusivité E&R)

Comprendre les guerres israéliennes contre le Liban

Un article de Youssef Hindi en exclusivité pour le site E&R !

 

Sommaire

 

- Terrorisme israélien et guerre civile au Liban

- La guerre israélo-libanaise de 1982

- L’assassinat de Rafic Hariri et la guerre israélienne contre le Liban en 2006

- Envahir le Liban, un projet sioniste qui a un siècle

*

 

Ce troisième article d’une série de Comprendre est destiné à tous ceux qui ont lu mon livre Comprendre le conflit israélo-palestinien et qui désirent approfondir leurs connaissances et leur compréhension de ce vaste sujet.
Pour comprendre les causes profondes de la nouvelle guerre d’agression israélienne contre le Liban, il est nécessaire de remonter plusieurs décennies en arrière et d’avoir connaissance des objectifs stratégiques israéliens et du projet d’expansion territoriale de l’État juif qui inclut le Liban.

 

Terrorisme israélien et guerre civile au Liban

L’autonomisation, depuis 1969, des organisations palestiniennes au Liban provoque une situation similaire à celle qui a conduit à « Septembre noir » en Jordanie en 1970. Le Fatah, installé au Liban, mène des opérations contre Israël qui répond par des bombardement sur le territoire libanais. Parallèlement, Israël finance et arme des milices (libanaises) de différentes confessions (chrétiennes, druzes, chiites…) opposées à la présence palestinienne au Liban [1].

La stratégie visant à s’appuyer sur des chrétiens contre les musulmans du Liban pour provoquer une guerre civile et le morcellement du pays a été élaborée et mise sur papier par David Ben Gourion le 27 février 1954 [2].

Le 16 mai 1954, le Premier ministre israélien, Moshe Sharett, reprend les préconisations du chef d’état-major, Moshe Dayan :

« Il serait seulement nécessaire de trouver un officier [libanais], fût-ce un simple major. Nous pourrions gagner sa sympathie ou l’acheter pour l’inciter à se proclamer sauveur des maronites. Alors, l’armée israélienne entrerait au Liban, occuperait le territoire nécessaire et installerait un régime chrétien qui s’allierait à Israël. Les territoires au sud du Litani seraient totalement annexés par Israël et tout irait pour le mieux. »

Stratégie appliquée à la lettre 24 ans plus tard, en 1978, quand Israël prend le contrôle du Sud-Liban, confié, lors de son départ, à l’armée du Sud-Liban, une milice existant depuis 1976, opposée à la présence palestinienne et composée de « Druzes, chiites et chrétiens équipés et financés par Israël » [3].

Le 28 mai 1954, le Premier ministre israélien écrivait : « Le chef d’état-major a soutenu un plan visant à soudoyer un officier (libanais) qui accepterait de servir de marionnette afin que l’armée israélienne paraisse répondre à un appel pour la libération du Liban de ses oppresseurs musulmans. » [4]

La guerre civile éclate au Liban en 1975, et se poursuit jusqu’en 1990.

Dans son livre Rise and Kill First : The Secret History of Israel’s Targeted Assassinations, traduit en français sous le titre Lève-toi et tue le premier (Grasset, février 2020), le chroniqueur militaire israélien Ronen Bergman a révélé que dans les années 1979-1982, le gouvernement israélien a créé au Liban une organisation qui a commis de très nombreux attentats terroristes.

Un agent du Mossad, cité dans l’ouvrage de Ronen Bergman, raconte :

« Des choses terribles ont été faites avec le soutien de Sharon. J’ai soutenu et même participé à quelques-unes des opérations d’assassinats effectuées par Israël. Mais là nous parlons d’extermination de masse, juste pour tuer et pour semer le chaos et l’effroi chez les civils. Depuis quand envoyons-nous des ânes chargés de bombes dans des marchés pour qu’ils explosent ? » [5]

Dans un article du New York Times paru le 23 janvier 2018 [6], Ronen Bergman rapporte que de très hauts responsables israéliens menèrent une campagne à large échelle d’attentats à la voiture piégée qui tua des centaines de Palestiniens et de Libanais, civils pour la plupart.

Un des objectifs de cette opération secrète était de pousser l’OLP (Organisation de libération de la Palestine) à recourir à des actes de « terrorisme » pour justifier une invasion israélienne du Liban. Ces informations, rapportées en détail dans le livre de Bergman, sont tirées de témoignages des responsables israéliens directement impliqués dans l’opération et d’autres qui en ont été informé.

En 1979, raconte Ronen Bergman, le général Rafale Eitan, alors chef d’état-major, lança avec le général commandant de la région nord Avigdor Ben-Gal, la mise en place d’un groupe dont le rôle serait de mener des opérations terroristes en territoire libanais. Avec l’accord d’Eitan, Ben-Gal recruta le général Meir Dagan, « le plus grand expert en opérations spéciales » d’Israël (et futur chef du Mossad), et « tous les trois mirent en place le Front pour la libération du Liban des étrangers [FLLE] ».

Le général David Agmon, qui fait partie des responsables israéliens informés de l’opération, dévoile l’objectif :

« Le but était de créer le chaos parmi les Palestiniens et les Syriens au Liban, sans laisser d’empreinte israélienne, pour leur donner l’impression qu’ils étaient constamment sous attaque et leur instiller un sentiment d’insécurité. »

Pour y parvenir, Eitan, Ben-Gal et Dagan « recrutèrent des locaux libanais, druzes, chrétiens et musulmans chiites, qui n’aimaient pas les Palestiniens et souhaitaient qu’ils quittent le Liban ». Entre 1979 et 1983, « le Front a tué des centaines de personnes ».

Bergman précise que l’opération utilisait surtout « des explosifs cachés dans des bidons d’huile ou des boîtes de conserve » fabriqués dans un atelier de tôlerie du kibboutz Mahanayim où résidait Ben-Gal. Ces « petits barils » passaient ensuite au Liban. Rapidement, poursuit l’auteur, des bombes ont commencé à exploser dans les maisons de collaborateurs de l’OLP au Sud-Liban, tuant toutes les personnes qui s’y trouvaient, ou dans les bureaux de l’OLP, à Tyr, à Sidon et dans les camps de réfugiés palestiniens alentour, causant des dommages et des victimes en masse.

Bergman relate ainsi les faits : « Dès la mi-septembre 1981, des voitures piégées explosaient régulièrement dans les quartiers palestiniens de Beyrouth et d’autres villes du Liban. »

L’auteur mentionne ensuite précisément des attentats à Beyrouth et à Sidon début octobre, et relève que « rien qu’en décembre 1981, dix-huit bombes dans des voitures ou sur des motos, des bicyclettes et des ânes explosèrent près des bureaux de l’OLP ou dans des lieux à forte concentration palestinienne, provoquant un grand nombre de morts ». Il ajoute qu’« une organisation inconnue s’appelant le Front pour la libération du Liban des étrangers (FLLE) revendiqua la responsabilité de tous ces incidents ».

Ariel Sharon, alors ministre de la Défense d’Israël, espérait que ces opérations pousseraient Yasser Arafat à attaquer Israël, lequel répondrait alors en envahissant le Liban et/ou inciteraient l’OLP à des représailles contre la Phalange, ce qui permettrait en définitive à Israël de se poser en défenseur et allié des chrétiens. Une stratégie correspondant très précisément à ce qu’écrivait le Premier ministre israélien Moshe Sharett en 1954 (cf. supra).

 

La guerre israélo-libanaise de 1982

La présence des organisations palestiniennes au Liban sert de prétexte aux dirigeants israéliens qui ont pour projet de prendre le contrôle du Sud-Liban, jusqu’au fleuve Litani, depuis la naissance du sionisme politique [7]. C’est d’ailleurs le nom de ce fleuve que les Israéliens empruntent pour baptiser leur opération – Litani – en 1978 lorsque Tsahal prend le contrôle du Sud-Liban.
Un déploiement de Casques bleux, la FINUL (Force intérimaire des Nations unies au Liban), doit stabiliser la région. L’OLP poursuit les tirs de roquettes depuis le Liban contre Israël.

En 1982, le ministre de la Défense, Ariel Sharon, veut intervenir au Sud-Liban, officiellement pour diminuer les capacités opérationnelles de l’OLP, et Menahem Begin veut détruire l’OLP pour « amoindrir les revendications palestiniennes en Cisjordanie et à Gaza, qui vivent une recrudescence de protestations depuis mars » [8].

Conformément à la stratégie de Ben Gourion élaborée en 1954, Begin veut, en 1982, « la signature d’un traité de paix avec le Liban, envisageable si les chrétiens contrôlent le pays » [9].

Mais les Israéliens ont besoin d’un prétexte pour attaquer le Liban, prétexte que l’OLP refuse de leur donner. « La direction de l’OLP a multiplié les consignes interdisant toute action qui pourrait servir de prétexte aux Israéliens. C’est dans ce contexte que l’ambassadeur israélien à Londres, Shlomo Argov, est victime d’un attentat à la sortie d’une réception diplomatique, le 3 juin 1982. » [10]

L’enquête montre que l’opération a été montée par une cellule dormante du groupe Abou Nidal [11].
Le commanditaire est inconnu, et plusieurs thèses à ce sujet s’affrontent. La plus crédible est celle d’Israël comme commanditaire. Cette thèse a « pour elle la question du calendrier, l’opération a été lancée après le 25 mai, mais il paraît impensable que l’on ait alors désigné un ambassadeur israélien. Une version atténuée veut que la manipulation allait dans le sens d’une provocation non désignée, une instruction d’ordre général » [12].
En même temps que l’opération à Londres, le groupe a aussi préparé une action en territoire israélien à partir du Liban, mais elle n’a pas eu le temps de la réaliser. « Une variante note qu’à cette date Abou Nidal se trouve en Pologne et que l’instruction envoyée à Londres aurait été donnée par l’un de ses seconds régulièrement accusé d’être manipulé par les services israéliens. » [13]

Israël a son prétexte et, ne faisant aucune distinction entre l’OLP et le groupe Abou Nidal, mobilise tous ses effectifs, soit 76 000 soldats, qui entrent au Liban le 6 juin 1982, et atteignent Beyrouth qu’ils assiègent, après une opération de l’aviation israélienne contre Beyrouth-Ouest le 4 juin faisant 60 morts et 270 blessés.
En août 1982, après 70 jours de bombardement de Beyrouth par Israël, un accord est conclu suite à une médiation internationale pour permettre l’évacuation (exigée par Israël) des militants et des dirigeants de l’OLP vers plusieurs pays, notamment la Tunisie et le Soudan, et qui est achevée le 1er septembre.
Le président de la République, le chrétien Bachir Gemayel, qui est favorable à un pacte de non-agression avec Israël, est assassiné le 14 septembre 1982. En guise de vengeance, les Phalanges chrétiennes, en coordination permanente avec Tsahal qui a bombardé le camp de Chatila et son voisinage, entrent dans les camps de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila (du 16 au 18 septembre 1982) au moment même où les Israéliens cessent leurs bombardement et massacrent 1 390 personnes (auxquels il faut ajouter quelques centaines), combattants et civils, y compris les femmes et les enfants [14].

Israël, qui voulait apparaître en libérateur, est perçu par les Libanais, comme un occupant. Des groupes armés chiites se forment et constituent les embryons du Hezbollah qui a été fondé en juin 1982 en conséquence de l’invasion israélienne. La libération du Sud-Liban est un objectif de ces groupes armées qui considèrent Israël comme un ennemi mortel. Le Hezbollah finit par chasser l’armée israélienne qui quitte le Sud-Liban – excepté les fermes de Chebaa et d’autres zones situées au sud de la ligne bleue [15] – le 25 mai 2000.

 

L’assassinat de Rafic Hariri et la guerre israélienne contre le Liban en 2006

L’homme d’affaire et ancien président du Conseil des ministres du Liban, Rafiq Hariri, est mort le 14 février 2005 dans l’explosion d’une voiture.

À l’époque, avant même qu’une quelconque enquête ne démarre, le doigt accusateur de l’Occident à pointé un coupable : la Syrie. En conséquence, l’armée syrienne s’est retirée du Liban deux mois plus tard, en avril 2005, après environ trois décennies de présence.

En réalité, la mort de Rafic Hariri n’était qu’un prétexte, car auparavant a été adopté par le Conseil de sécurité de l’ONU la résolution 1559 qui prévoyait, entre autres choses, le retrait de toutes les troupes étrangères du sol libanais, à savoir les troupes syriennes chargées de maintenir la paix civile à l’issue de l’accord de Taëf, et l’armée israélienne occupant la zone dite des fermes de Chebaa, réservoir d’eau régional.
Cette résolution était une initiative des États-Unis (sous l’administration de George W. Bush) et de la France (sous la présidence de Jacques Chirac, ami de la famille Hariri).

L’objectif affiché des États-Unis était d’empêcher les manœuvres de la Syrie pour obtenir la réélection du président Émile Lahoud. D’après Jacques Chirac, elle « est le résultat d’une action commune entre les États-Unis et la France. C’est un élément déterminant de la stabilité de la région. De ce point de vue nous avons eu une approche commune. Peut-être que nous n’avions pas exactement les mêmes arrière-pensées »  [16].

Jacques Chirac voulait, paraît-il, à la fois empêcher une intervention militaire américaine par ce compromis, et renforcer l’assise politique de son ami Rafic Hariri, qui servait les intérêts des Saoudiens [17] face au patriote et allié du Hezbollah Émile Lahoud. D’ailleurs, la résolution du conseil de sécurité de l’ONU comprenait un volet sur la non-prolongation du mandat du président Émile Lahoud car celui-ci s’opposait au retrait syrien et au second volet, « le désarmement et la dissolution de toutes les milices », c’est-à-dire le désarmement du Hezbollah, lequel garantissait (et garantit aujourd’hui encore) la sécurité et l’intégrité territoriale du Liban. Malgré le retrait syrien, Émile Lahoud a vu son mandat prolongé par le Parlement libanais avec une large majorité.
Six pays ont déclaré que la résolution de l’ONU constituait une ingérence dans les affaires intérieures du Liban : Algérie, Brésil, Chine, Pakistan, Philippines, Russie.

Lors du retrait militaire syrien, le commandant en chef de l’armée libanaise, le général Michel Souleiman, a remercié la Syrie d’avoir envoyé son armée « pour empêcher la partition du pays » lors de la guerre civile (1975-1990) [18].

Un projet de partition dont le premier artisan fut, nous l’avons exposé précédemment, l’ancien Premier ministre israélien Ben Gourion, dans les années 1950.
En 1982, un haut fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères israélien, Oded Yinon, a actualisé la stratégie de Ben Gourion dans un document nommé « A Strategy for Israel in the Nineteen Eighties » (Une stratégie pour Israël dans les années 1980) [19].

De toute évidence, le sacrifice de Rafiq Hariri et la propagande engagée à la suite avait pour objectif d’affaiblir le Liban et ainsi ouvrir la voie à une invasion israélienne.

En effet, le 12 juillet 2006, l’armée israélienne attaque le Liban. À ce sujet, les deux universitaires américains, Stephen Walt et John Mearsheimer, ont rapporté que « les Israéliens avaient d’ailleurs informé l’administration Bush de son intention d’attaquer le Hezbollah bien avant que la guerre n’éclate, et Washington lui avait tacitement donné son feu vert » [20].

Gerald Steinberg, un expert israélien en stratégie, l’a clairement confirmé en juillet 2006, pendant la guerre :

« De toutes les guerres qu’Israël a menées depuis 1948, celle-ci était la mieux préparée. D’une certaine manière, on a commencé à planifier la guerre dès le mois de mai 2000, juste après le retrait israélien. C’est alors qu’il est devenu évident que la communauté internationale n’avait pas l’intention d’empêcher le Hezbollah de constituer des réserves de missiles et d’attaquer Israël. La campagne militaire programmée pour durer trois semaines et à laquelle nous assistons maintenant, était déjà esquissée dès 2004 ; et cela fait environ un an ou deux qu’on organisait des simulations et qu’elle était préparée dans les moindres détails. » [21]

Les Israéliens bombardent alors de nombreuses infrastructures dans le sud du Liban et à Beyrouth et visent sans distinction les civils et les combattants [22].
Aurélie Daher explique dans son ouvrage Le Hezbollah, mobilisation et pouvoir que « la plupart des civils qui périssent durant la guerre des 33 jours meurent dans les bombardements qui ne visent ni le Hezbollah, ni ses structures de ravitaillement » et que « les domiciles de dizaines de milliers de Libanais n’ayant rien à voir avec le parti sont aussi bien pris pour cible que ceux des cadres de l’organisation ».

Il semblerait d’ailleurs que l’armée israélienne ait finalement reconnu « de manière semi-publique » que « les institutions de l’État et les civils libanais [ont été] eux-aussi délibérément visés, dans une logique à la fois de punition collective et d’incitation à faire pression sur le Hezbollah »  [23].

La plupart des morts libanais (1 200) causés par Israël sont des civils et seulement 160 morts (en majorité des militaires) étaient à déplorer du côté israélien. L’armée israélienne larguait sur le Liban en moyenne 3 000 bombes par jour, contre 3 900 roquettes tirées par le Hezbollah pendant toute la durée du conflit [24].

Malgré cela, le conseil de sécurité de l’ONU ne visera à sanctionner que le Hezbollah par une résolution du 15 septembre 2006. La résolution 1701 interdit « de vendre ou de fournir des armes et du matériel connexe, ainsi que de fournir des services y afférents à des entités ou à des individus situés au Liban » [25]. L’objectif étant d’affaiblir le Hezbollah.

Par ailleurs, l’enquête lancée par le Tribunal spécial des Nations unies pour le Liban (TSL) sur l’assassinat de Rafic Hariri et visant initialement à trouver des preuves de la culpabilité de l’État syrien, puis, à défaut, prouver la culpabilité du Hezbollah, a opportunément rendu ses résultats le 18 août 2020, deux semaines après l’explosion qui a frappé le port de Beyrouth.
Au bout de six ans de procès, rapporte Le Figaro, la juridiction internationale basée aux Pays-Bas a reconnu coupable le principal suspect, Salim Ayyash, 56 ans, membre présumé du Hezbollah, de l’attentat suicide à Beyrouth qui a tué 22 personnes dont Rafic Hariri. Tout en soulignant que l’assassinat était « un acte politique », le TSL a affirmé n’avoir trouvé aucune preuve permettant d’établir un « lien direct » entre l’attentat et le Hezbollah ou son allié syrien.
Tout ce que ce tribunal a pu trouver, c’est un individu présumé membre du Hezbollah…
Malgré l’absence totale de preuves incriminant le Hezbollah, l’Arabie saoudite, l’allié d’Israël, a appelé à « sanctionner le Hezbollah » [26].

Le criminologue allemand Jürgen Cain Külbel (ancien enquêteur de la police criminelle de la République démocratique allemande, devenu journaliste d’investigation après la réunification allemande) a publié en 2006 une contre-enquête sur le travail réalisé par la Commission de l’ONU dirigée par l’ex-procureur allemand Detlev Melhis sur le meurtre de Rafic Hariri. Il y a suivi la piste israélienne. Son travail a influencé les enquêteurs de la Sécurité générale libanaise qui ont arrêté sept espions du Mossad en juin 2006. Ils ont démontré leur implication dans quatre assassinats politiques et enquêtent sur leur éventuelle implication dans l’assassinat de Rafiq Hariri [27].

 

Envahir le Liban, un projet sioniste qui a un siècle

La constante de la politique sioniste depuis la création du foyer national juif est l’expansion territoriale. Le Liban a toujours fait partie des territoires convoitées par les sionistes.

En 1918, dans un livre coécrit en yiddish, David Ben Gourion inclut dans les frontières du futur État hébreu toute la Palestine, le sud du Liban jusqu’au fleuve Litani, une partie du sud de la Syrie, une grande partie de la Jordanie et la péninsule du Sinaï [28].
Le rabbin Fishman, représentant du parti orthodoxe Mizrahi à l’exécutif de l’Agence juive, a déclaré dans son témoignage au Comité spécial d’investigation de l’ONU du 9 juillet 1947 que « la Terre promise s’étend du fleuve d’Égypte à l’Euphrate. Elle inclut une partie de la Syrie et du Liban » [29].

Si le Hezbollah n’existait pas, une partie du Liban (et au-delà) serait toujours occupée par Israël, à l’instar du Golan et de la Cisjordanie.

Youssef Hindi

Notes

[1] Jean-Claude Lescure, Le Conflit israélo-palestinien en 100 questions, Tallandier, 2018, 2021, p. 229.

[2] Lettre confidentielle de Ben Gourion datée du 27 février 1954, publiée en 1979, en annexe de ses mémoires posthumes, et dans les mémoires posthumes de Moshe Sharett, Om Oved Éditions, Tel-Aviv, 1968-1974.

[3] Jean-Claude Lescure, Le conflit israélo-palestinien en 100 questions, p. 229.

[4] Moshe Sharett, Journal (huit tomes), éditions Maariv, Tel-Aviv, 1978. Extraits cités dans : Le Monde diplomatique, « Un vieux rêve israélien : ‘‘Fût-ce un simple major...’’ », septembre 1982, page 13.

[5] Rémi Brulin, « Quand Israël créait un groupe terroriste pour semer le chaos au Liban », Orient XXI, 20/06/2018.
https://orientxxi.info/lu-vu-entend...

[6] Ronen Bergman, « How Arafat Eluded Israel’s Assassination Machine », New York Times, 23/01/2018. https://www.nytimes.com/2018/01/23/...

[7] Youssef Hindi, Comprendre le conflit israélo-palestinien, Kontre Kulture, 2024.

[8] Jean-Claude Lescure, Le conflit israélo-palestinien en 100 questions, p. 230.

[9] Jean-Claude Lescure, Le conflit israélo-palestinien en 100 questions, p. 230.

[10] Henry Laurens, La Question de Palestine Tome quatrième, Fayard, 2011, p. 809.

[11] Il s’agit du Fatah-Conseil révolutionnaire, créé en octobre 1974 suite à la scission d’avec le Fatah de Yasser Arafat.

[12] Henry Laurens, La Question de Palestine Tome quatrième, p. 810.

[13] Henry Laurens, La Question de Palestine Tome quatrième, p. 810.

[14] Henry Laurens, La Question de Palestine Tome cinquième, Fayard, 2021, pp. 49-52.

[15] « Une ligne de démarcation entre les deux pays conformément aux accords d’armistice de 1949. Il ne s´agit pas de la frontière internationalement reconnue, la ligne Paulet-Newcombe de 1923. Sept villages libanais se trouvent au sud de cette Ligne Bleue : Malkiya, Kadas, Nabi Yusha, Hunin, Saliha, Tarbikha et d’Abeil el-Qamh. »
« Il y a 22 ans, Israël quitta sans gloire le Sud-Liban ... », Fatma Bendhaou, Agence Anadolu, 25/05/2022. https://www.aa.com.tr/fr/monde/il-y...’arm%C3%A9e%20isra%C3%A9lienne,de%20s%C3%A9curit%C3%A9%22%20%C3%A9tablie%20depuis%201985.

[16] Entretien de Jacques Chirac le 14 juillet 2006.

[17] https://www.monde-diplomatique.fr/1...

[18] https://www.nouvelobs.com/monde/200...

[19] Oded Yinon’s « A strategy for Israel in the Nineteen Eighties », Published by the Association of Arab-American University Graduates, Inc., Belmont, Massachusetts, 1982, Special Document N° 1 (ISBN 0-937694-56-8). Nouvelle traduction à partir de l’anglais, « Le Plan sioniste pour le Moyen-Orient », Sigest, Paris, 2015.

[20] Stephen Walt et John Mearsheimer, Le lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine, La Découverte, 2007, p. 337.

[21] Cité dans Matthew Kallman, « Israel Set War Plan More Than a Year Ago : Strategy Was Put in Motion as Hezbollah Began Inscreasing Its Military Strengh », San Franciso Chronicle (en ligne), 21/07/2006.

[22] https://www.lesclesdumoyenorient.co...

[23] Aurélie Daher, Le Hezbollah, mobilisation et pouvoir, Paris, PUF, collection Proche-Orient, 2014, p. 291.

[24] Voir dossier de L’Orient-Le Jour, « Guerre de juillet 2006, dix ans déjà : quel bilan, quelles leçons ? », 12/07/2016,
http://www.lorientlejour.com/articl...
Et voir : « Le conflit entre Israël et le Hezbollah libanais », Le Nouvel Observateur, 02/09/2006,
http://tempsreel.nouvelobs.com/mond...

[25] https://eur-lex.europa.eu/LexUriSer...

[26] https://www.lefigaro.fr/flash-actu/...

[27] Mordakte Hariri, Unterdrückte Spuren im Libanon, Edition Zeitgeschichte Band 34, 2006.
Assassinat d’Hariri : pas de preuves contre la Syrie, interview de Jürgen Cain Külbel par Jürgen Elsässer, Junge Welt, 11 avril 2006.

[28] Benny Morris, Righteous Victims, p. 75. Cité par Walt et Mearsheimer, Le lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine, La Découverte, 2007, p. 418, note numéro 60.

[29] Oded Yinon’s « A strategy for Israel in the Nineteen Eighties », Published by the Association of Arab-American University Graduates, Inc., Belmont, MA, 1982. Traduction en français à partir de l’anglais, « Le Plan sioniste pour le Moyen-Orient », Sigest, 2015.

Les deux premiers articles de la série Comprendre

 






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20 Commentaires

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  • #3427781
    Le 24 septembre à 17:24 par Kal
    Comprendre les guerres israéliennes contre le Liban

    Le sud Liban, c’est l’approvisionnement d’Israël en eau potable.

    Le fleuve Litanie au Liban détermine le débit du Jourdain. Sa possession permet d’en maîtriser la destination de l’eau qui s’écoule : soit au profit du Liban, soit du Jourdain, donc d’Israël.

    Israël, c’est aussi la géopolitique de l’eau. Un enjeu bien plus important que celui du climat.

     

    Répondre à ce message

  • #3427806
    Le 24 septembre à 18:42 par Palestine is fighting
    Comprendre les guerres israéliennes contre le Liban

    Merci bien pour ce remarquable travail d’information Youssef,on y vois encore plus clair sur les projets de ces psychopathes, qui nous l’espérons tomberont de haut, bientôt.

     

    Répondre à ce message

  • #3427852
    Le 24 septembre à 20:30 par Surnom
    Comprendre les guerres israéliennes contre le Liban

    Merci M. Hindi
    Quand je pense que des chrétiens affichés comme nationalistes du genre radio courtoisie n’osent même pas dénoncer le génocide des gazaouis, et encore moins comment leur correlegionaire se font cracher dessus en Israël, au sens propre !
    Et pourtant, ils n’ont que les pauvres chrétiens d’Orient stigmatisés par les musulmans.
    A l’époque la manipulation des chrétiens par Israël était grotesque, jamais ces nationalistes ne les ont dénonçaient. Radio courtoisie s’est transformée en un site avec un youtubeur polonais qui se veut encore plus nationalise que les nationalistes, c’est dire comment ça continue...

     

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    • #3427920
      Le 25 septembre à 02:36 par Un bout d’asphalte dans la gueule
      Comprendre les guerres israéliennes contre le Liban

      Et combien de musulmans viennent nous faire la leçon alors qu’ils ne font pas beaucoup mieux.
      Redescend de ton communautarisme religieux @$urnom, tu nous gaves

       
    • #3429203
      Le 27 septembre à 12:27 par Surnom
      Comprendre les guerres israéliennes contre le Liban

      Un bout d’asphalte dans la gueule

      Quelle leçon je t’ai faite ?
      La vérité te chagrine..., prouve le contraire, des vidéos montrant des juifs crachant clairement sur des chrétiens en guise de tradition ont tourné. Radio Courtoisie n’arrête pas de stigmatiser l’islam, et la soi disant maltraitance des chrétiens d’Orient par les musulmans, un mensonge. Et sur le site que je nommerai pas, ils font croire qu’ils sont le dernier rempart.
      En fait, c’est toi qui gave avec ton deni, sans parler de ton pseudo qui ne me dit rien !

       
  • #3427853
    Le 24 septembre à 20:33 par Saül de Tarse
    Comprendre les guerres israéliennes contre le Liban

    Merci à M. Hindi pour la qualité de son article très intéressant.
    Travaillant dans un aéroport en 1975, j’ai vu débarquer les premiers expatriés libanais.
    Retiré du monde du travail, je constate que l’entité sioniste 49 ans plus tard, est toujours le fauteur de guerres très sanglantes au moyen-orient, usant des méthodes les plus vicieuses pour arriver à ses fins, assassiner les populations voisines, et palestiniennes sans le moindre scrupule.
    Les populations mondiales sont exaspérées par les outrances en tous genres de cette entité, dont les dirigeants s’apparentent à une secte criminelle assoiffée de sang et de pouvoir, mettant en permanence l’humanité en danger.
    Il est urgent que cette équipe de psychopathes hors limite soit mise hors d’état de nuire, pour la sauvegarde de l’humanité.

     

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  • #3427995
    Le 25 septembre à 06:56 par Racine
    Comprendre les guerres israéliennes contre le Liban

    Le soutien à la cause palestinienne et la résistance face à Israël reposent presque exclusivement sur les épaules des chiites. Et ces derniers sont l’objet d’une haine viscérale de la part des mouvements salafistes, les considérant comme des incroyants tandis qu’ils ( les salafistes) s’allient sans peine à Israël. Que reste-t-il au sunnisme ?

     

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  • #3428747
    Le 26 septembre à 13:55 par ProtégeonslaPalestine
    Comprendre les guerres israéliennes contre le Liban

    Youssef Hindi, excellent.

    - Son précédent article fait état de l’ubiquité des Anglais et de leur rôle trouble dans la normalisation de l’occupation de la Palestine. Cette duplicité britannique est soulignée p. 48 de son livre : « La politique du Livre blanc des Britanniques aurait pour effet de "diminuer les possibilités d’extension territoriale du foyer national juif" » (doléance sioniste formulée en réaction au plan de partage), avant de poursuivre : « La Grande-Bretagne n’a officiellement pas cédé aux sionistes, et a maintenu, apparemment, sa position jusqu’en 1948 ». Les modulations adverbiales relèvent l’ambivalence et l’hypocrisie du marionnettiste anglais.

    - Dans l’incipit de son ouvrage, il date les origines du sionisme de la fin du XIXème siècle, « en 1860 à Paris et en 1871à Londres » (p. 5), soulignant ainsi les racines européennes d’un sionisme né de la diaspora juive anglaise (Edmond de Rothschild acquiert « 25000 », puis « 50 000 hectares de terrain » palestinien, en prévision d’une immigration juive massive.

    - Cette archéologie convenue du sionisme fait universellement consensus. Toutefois, la théorie de la connaissance étant par essence dynamique (la science mathématique et les sciences humaines s’enrichissent des recherches successives), je soumets à Youssef Hindi une hypothèse de travail, qu’il lui appartient de corroborer ou d’invalider : le sionisme n’est pas né en 1897 sous l’égide de Théodor Herzl. Le sionisme est né, selon moi, sous Oliver Cromwell, le jour où ce dernier abrogea l’Édit d’expulsion des Juifs de 1290, promulgué par le roi Edward 1er et autorisa, en 1657, leur retour dans le royaume.

    - Le sionisme fut d’abord une expérience politique engendrée par la romance millénariste puritaine : fervent calviniste, descendant direct du Thomas Cromwell qui avait poussé le roi Henry VIII à rejeter l’Église de Rome et à dissoudre les monastères, Oliver Cromwell concevait le protestantisme comme une extension du judaïsme, d’où son vœu d’organiser la toute première remigration sioniste des juifs dans leur foyer religieux : L’Angleterre.

    - Le rabi Menasseh ben Israel, transfuge d’Amsterdam, avait convaincu Oliver Cromwell de mettre en œuvre, en Angleterre, la première épopée proto-sioniste du genre : le retour eut lieu en Angleterre, terre d’élection des Purs.

    - The Jewish Chronicle a publié, le 19 mai 2023, un article intitulé L’Étrange récit de la collaboration improbable d’oliver Cromwell avec un Juif.

     

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  • #3428753
    Le 26 septembre à 14:24 par ProtégeonslaPalestine
    Comprendre les guerres israéliennes contre le Liban

    - Concernant le présent article de Youssef Hindi, excellent, une fois n’est pas coutume, suggérons une piste supplémentaire à creuser : la doctrine Dahiya de Gadi Eizenkot, stratégie militaire de terreur absolue, assumée de manière fière et décomplexée.

    - Formulée au moment de la guerre du Liban de 2006, la doctrine Dahiya du général Eizenkot repose sur lle caractère disproportionné, dévastateur, des frappes, y compris sur les infrastructures civiles et les populations, du nourrisson au géronte, du comateux au handicapé, tous considérés comme indissociablement complices du Hezbollah ou du Hamas.

    - Israël est la seule entité au monde qui refuse de distinguer les cibles militaires des cibles civiles. Poutine n’a jamais édicté ni réalisé pareille abomination ! Cette doctrine génocidaire sioniste tire son nom d’un quartier densément peuplé de la banlieue sud de Beyrouth, qui avait été complètement rasé en 2006 par l’aviation israélienne dirigée par Gadi Eizenkot, actuellement ministre dans le gouvernement Netanyahou.

    - Eizenkot a déclaré, en 2008, que « ce qui est arrivé à Dahiya arrivera à toutes les localités qui serviront de bases à des tirs contre Israël. Nous ferons un usage de la force disproportionné contre ces zones et y causerons de grands dommages et destructions. Ce n’est pas une recommandation, c’est un plan, et il a déjà été approuvé. » Par le bon sens ni par le respect de la dignité humaine, en tous cas.

    - Travaux pratiques : le jour où Tsahal a bombardé l’église Saint-Porphyre de Palestine, au prétexte que le Hamas y faisait la sieste, après s’être abreuvé de lait caillé.

    - Réglage technique : le jour où ces gens-là ont bombardé l’hôpital Al-Shifa de Gaza, au prétexte que le Hamas y faisait la sieste au sous-sol après avoir bouffé des dattes.

    - L’indistinction voulue entre un militaire et un civil fait de la doctrine Dahiya le codicille du terrorisme militaro-étatique de l’extrême-droite israélienne.

     

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  • #3428851
    Le 26 septembre à 17:42 par Heisenberg
    Comprendre les guerres israéliennes contre le Liban

    Alors là, je suis impressionné par la haute qualité de l’article. C’est précis et détaillé. En plus, il sort en pleine actualité.

    Chapeau bas Mr Hindi. Merci pour ce travail d’information.

     

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  • #3429676
    Le 28 septembre à 08:54 par Dehadron
    Comprendre les guerres israéliennes contre le Liban

    Ils y a deux personnes qui ont prophétisé la fin d’Israël,

    Le Christ et Albert Pike.

     

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  • #3430324
    Le 29 septembre à 11:30 par Marsouin
    Comprendre les guerres israéliennes contre le Liban

    Un livre incontournable pour qui veut comprendre les origines des conflits au Proche Orient.Cependant , un point essentiel n’a jamais été abordé par monsieur Hindi.La désunion du Monde Arabe face à israel, alors que parmi la population immigrée en France l’union est sensible.

     

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