A Homs, outre Bab Amr, les troupes syriennes procèdent en ce moment à la reprise de contrôle du quartier d’Inchaat, dans la partie ouest de Homs, un peu au-dessus de Bab Amr : des blindés y seraient entrés « avant l’aube » de ce vendredi, selon l’OSDH.

Bab Amr serait toujours le théâtre de combats et de bombardements. Un article de Reuters publié ce 9 février par le site de RMC cite les affirmations de l’organisation américaine Human Rights Watch – financée en partie par le département d’Etat et le milliardaire américain théoricien de l’ingérence « humanitaire » George Soros – selon lesquelles les hôpitaux et centres de soins seraient débordés par l’afflux de centaines de blessés, victimes du pilonnage de l’armée.

Nous disons quant à nous que les civils blessés dans les combats sont avant tout victimes de la gigantesque prise d’otages perpétrée à Homs par les gangs armés de l’ASL. Mais un seule fois, dans son article, le plumitif de Reuters n’évoque l’existence de combattants de l’opposition, et s’il parle de snipers, il sous-entend que ceux-ci appartiennent exclusivement aux forces régulières.

L’opposition radicale joue son va-tout à Homs

Le Monde.fr met en ligne ce 9 février un photo-reportage d’un certain Mani qui a assisté aux combats autour d’un bâtiment abritant les bureaux de la « Sécurité criminelle« . Ceux ci auraient engagé, à partir de 4 heures, le matin du lundi 6 février, 200 hommes de l’ASL et des troupes loyalistes, appuyées par des tirs de mortier provenant du quartier loyaliste de Nazha. Dans un premier temps les rebelles se sont emparés d’un bureau de poste voisin. Contraints de se replier sous les obus de mortier vers 11 heures, les hommes de l’ASL auraient finalement pris le bâtiment vers 18 heures, sans pouvoir s’y maintenir du fait de l’incendie qui s’y est déclaré.

Sur les photos mises en ligne par Le Monde.fr, on constate que les hommes de l’ASL, en tenue civile – ce qui ne suggère pas une désertion récente d’une unité militaire – disposent de fusils d’assaut, de RPG et de cocktails Molotov. Le Monde donne le bilan (ASL d’origine, évidemment) suivant de ce combat : 15 morts et plus de 50 blessés dans les rangs rebelles, 17 morts et 9 prisonniers chez les loyalistes.

Au-delà du légitime questionnement quant à l’exactitude éventuelle des chiffres, et à la véracité de la prise de cet objectif – très vraisemblablement provisoire, l’armée syrienne ayant depuis précédé à une contre-offensive d’ampleur – cet éclairage donne quand même une idée du climat de guerre civile urbaine qui prévaut actuellement dans certains quartiers de Homs.

Il est vrai que le nettoyage par l’armée de cette grande ville, baptisée « capitale de la Révolution » par les opposants radicaux, serait un grave revers pour l’ASL et le CNS.

Par ailleurs, on signale des opérations dans les secteurs d’Idleb (nord-ouest), Zabadani (entre Damas et la frontière libanaise), Madana (40 kilomètres au nord de Damas), Deir Ezzor (est) et Deraa (sud). L’armée syrienne semble bien être passée à une grande offensive d’hiver contre les bandes armées.

Cette volonté de reprise en main suscite les habituels cris d’orfraie des « ingérents » frustrés : Obama dénonce le « bain de sang atroce » , son subordonné français Alain Juppé le « massacre quotidien« , l’auxiliaire turc Ahmet Davutoglu le « massacre » , tandis que son subordonné britannique William Hague demande une nouvelle fois à Bachar al-Assad de quitter « immédiatement » le pouvoir.

La Russie est d’accord avec le constat de l’aggravation de la violence mais elle en rend responsable, par la voix de son vice-ministre des affaires étrangères Sergueï Riabkov, l’Occident, qui soutient les les opposants armés au régime. Pour Riabkov, c’est l’opposition qui sera désormais tenue pour responsable de la poursuite des violences : « La responsabilité de chercher une solution pour arrêter l’effusion de sang repose sur l’opposition » a-t-il précisément déclaré.

Le Liban resserre le contrôle à sa frontière

Par ailleurs, on apprend que l’armée libanaise a renforcé ses effectifs sur plusieurs point de sa frontière avec la Syrie, particulièrement dans la portion de celle-ci la plus proche de Homs, dans le secteur de Wadi Khaled. Rappelons qu’il n’ y a guère plus de 25 kilomètres entre les faubourgs ouest de Homs et le premier poste-frontière libanais. Les militaires libanais procèdent à des fouilles de véhicules, en plus des contrôles d’identité. Un attitude qu’on peut certainement relier a la récente rencontre bilatérale entre responsables militaire, policiers et douaniers libanais et syriens, destinée à mettre fin aux incessants trafics d’armes et de matériel organisés pour le compte de la rébellion armée par certaines tendances politiques libanaises liées au clan Hariri, et donc aux Américains et Séoudiens.

Le 20 janvier dernier, le ministre libanais des Affaires étrangères Adnan Mansour avait admis que damas avait demandé « à plusieurs reprises » au gouvernement libanais de mieux contrôler sa frontière. Les Syriens ayant de leur côté, posé nombre de mines le long de la frontière, mais celle-ci, entre Damas et Homs, sinue sur quelque 150 kilomètres. Il est essentiel que soit « tari » le flux d’armes – américaines, israéliennes -, et d’équipements de communication qui alimente depuis des mois les bandes armées. C’est donc un pas dans la bonne direction que semble faire Beyrouth.