De Gaulle ironisait sur ceux qui répètent « l’Europe, l’Europe, l’Europe », en sautant comme des cabris sans tenir compte des réalités. Le rêve débité hier par Emmanuel Macron à la Sorbonne y ressemblait. Mais ce n’est pas pour l’Europe que l’ancien de l’association des Young leaders travaille.
Discours de la Sorbonne : sur les traces de Mitterrand
Emmanuel Macron avait choisi avec un cynisme tranquille le grand amphithéâtre de la Sorbonne, lieu d’où a rayonné un certain esprit français, pour tenir un long discours visant à l’abaissement de la nation française. On a relevé bien sûr que François Mitterrand et son faux opposant désigné par le système, Philippe Seguin, y avaient débattu voilà vingt-six ans, avant le referendum de Maastricht. On a relevé aussi qu’Emmanuel Macron s’est posé en relanceur d’une « Europe à l’arrêt ». Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, en faisait pipi d’émotion, et la presse unanime a loué Macron pour ses bonnes intentions, à l’image de l’Obs : « Ses propositions paraissent à la fois follement ambitieuses, au regard de la paralysie dont souffre l’Union, et parfaitement sensées, au regard des défis planétaires ».
Le cabri Macron veut imposer son rêve à l’Europe
Quant à moi, ce discours fleuve – Macron a tenu le crachoir pendant deux heures – m’a rappelé celui d’un Américain célèbre, Martin Luther King : I have a dream. Macron ne parlait pas seulement en young leader de l’Europe mais en young dreamer, il a rêvé tout haut de ce qu’il faudrait faire selon lui. Si j’étais le gouvernement. Y a qu’à. Alors on disait qu’on ferait. Un autre que moi analysera le détail de son catalogue à la Prévert, armée et diplomatie européenne, parlement de plein exercice de la zone euro, budget commun, taxe sur les transactions financières, nouvelle PAC, taxe carbone, office européen des migrations. N’en jetez plus. Ce n’était pas un cabri, c’était tout un troupeau de chèvres. L’Europe, l’Europe, toujours recommencée.
Bien sûr, ce rêve n’a pas de consistance, car la réalité de l’Europe, c’est l’invasion et le déclin spirituel, démographique, culturel, politique et économique. Ce sont des peuples qui souffrent, l’Est qui se rebelle, l’Italie qui faseye, l’Allemagne elle-même qui sort de sa catalepsie sous l’aiguillon des migrants. Et Angela Merkel, la grande alliée, le substitut politique de maman Brijou, trop occupée à former une coalition avec des libéraux que les rêves de Macron indisposent, est indisponible.