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La rébellion kurde embarrasse aussi l’Iran

La Turquie, engagée dans une lutte contre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) depuis 1984, n’est pas la seule à devoir faire face à une rébellion kurde dans la région.La frontière est une notion toute relative dans les montagnes du Kurdistan, une région située à cheval sur la Turquie, l’Irak et l’Iran.

Le régime de Téhéran mène lui aussi de vastes opérations contre ses rebelles kurdes, ceux du PJAK (Parti pour une vie libre au Kurdistan), la branche iranienne du PKK. Comme en Turquie, la guérilla kurde, placée sur la liste noire des mouvements terroristes par les Etats- Unis et par l’Union européenne, réclame une autonomie politique et des droits culturels et sociaux élargis pour les citoyens kurdes.

Depuis plusieurs années, en Iran, les provinces de l’Ouest sont agitées par des mouvements de contestation et par des violences. Des accrochages à la frontière irakienne, entre Gardiens de la révolution (l’armée idéologique du régime iranien) et membres du PJAK ont fait au moins 4 morts le 16 juin.

Plusieurs militants kurdes ont été condamnés à mort par pendaison ces derniers mois dans une vague de répression politique sans précédent, et le pilonnage des positions rebelles, côté irakien, s’est intensifié. Quelques centaines de villageois kurdes ont été obligés de fuir la zone et au moins quatre d’entre eux ont trouvé la mort après les récents bombardements iraniens.

Surtout, les troupes iraniennes, comme celles de Turquie, n’hésitent plus à pénétrer en territoire irakien pour poursuivre les rebelles et à mener des opérations transfrontalières, seules ou conjointement avec Ankara. Le commandement du PJAK est retranché avec celui du PKK dans les hauteurs des monts Qandil, dans le nord de la région kurde d’Irak, d’où il mène des attaques meurtrières.

Depuis début juin, les soldats iraniens multiplient les incursions au-delà de leur frontière. Déjà en mai, un hélicoptère avait franchi la ligne pour attaquer un village. En décembre 2009, Téhéran avait partiellement occupé, pendant trois jours, le champ pétrolier de Fakka situé à l’intérieur des limites de l’Irak, provoquant une vive inquiétude à Bagdad. Ces interventions de la Turquie et de l’Iran, deux rivaux dans la région qui se sont rapprochés à la faveur de la crise sur le nucléaire iranien, mécontentent l’Irak.

Le ministre irakien des affaires étrangères, Hoshyar Zebari, un Kurde, a critiqué une "violation manifeste de la souveraineté de l’Irak". Le but de l’Iran est aussi de tester la réaction de la nouvelle majorité politique issue des élections nationales irakiennes du 7 mars. Téhéran soutient l’alliance chiite qui pourrait former le nouveau gouvernement.

Les Gardiens de la révolution, mobilisés le long de la frontière irakienne, décrivent les attaques du PJAK comme une tentative de déstabilisation du régime par les Etats-Unis et Israël, régulièrement accusés de soutenir les rebelles kurdes. "La présence de forces américaines et israéliennes sont la raison de nos mouvements dans la région", a estimé le général iranien Mehdi Moini.

Les montagnes frontalières sont étroitement surveillées. C’est là que trois "randonneurs" américains ont été arrêtés en juillet 2009 alors qu’ils avaient franchi, "par erreur", la frontière avec l’Iran après une excursion au Kurdistan irakien. Accusés d’espionnage, ils sont toujours détenus par Téhéran.