Tiens, tiens, après tant d’années à passer entre les gouttes, le député franco-sioniste Meyer Habib vient de se faire viser par la patrouille, qui plus est du service public audiovisuel.
Traduction : le coup vient probablement de Macron. Habib ferait-il campagne pour la tendance dure, à savoir Zemmour ?
Rôle ambigu, positionnement pro-Likoud et actions de sociétés non déclarées (dont Track Performance, cofondée avec l’escroc international Arnaud Mimran), ça sent la Balkany !
À la fois député français et proche de Benyamin Netanyahou, Meyer Habib joue un rôle diplomatique actif dans les relations franco-israéliennes. Portrait d’un homme dont le positionnement pro-Likoud pose question et qui, selon nos informations, n’a pas déclaré aux autorités françaises tous ses intérêts économiques.
Un invité surprise sur la photo officielle. Le mercredi 22 janvier 2020, Emmanuel Macron est invité à la résidence du Premier ministre israélien à Jérusalem, rue Balfour. Après l’entretien, prennent place pour la photo : les deux dirigeants, l’épouse de Benyamin Netanyahou, l’ambassadeur de France en Israël, Éric Danon, mais aussi le député Union des démocrates et indépendants (UDI) des Français de l’étranger Meyer Habib.
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Que faisait un parlementaire au milieu de discussions officielles si sensibles ? À quel titre était-il présent ? Sollicitée par la cellule investigation de Radio France, la cellule diplomatique de l’Élysée précise : « Il s’agit du député de la circonscription. Il participe, comme d’autres députés des Français de l’étranger, aux entretiens ». Sauf que les huit autres députés, des expatriés qui ont vu passer Emmanuel Macron dans les pays où ils sont élus, nous l’ont tous assuré : eux n’ont jamais assisté à une réunion de ce type. En vertu de la séparation des pouvoirs, expliquent-ils, et surtout parce qu’Emmanuel Macron, ajoutent-ils, ne prête guère attention aux députés des Français de l’étranger.
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Une amitié ancienne et indéfectible avec Netanyahou
Depuis 2013, Meyer Habib est député de la huitième circonscription des Français établis hors de France, comprenant l’Italie, le Vatican, Saint-Marin, Malte, la Grèce, Chypre, la Turquie, la Palestine et Israël. Ce qui explique ce traitement particulier, c’est une amitié nouée depuis 30 ans entre Meyer Habib et Benyamin Netanyahou. Un cadre du Likoud (parti israélien de droite) se souvient qu’au début des années 1990, Netanyahou était l’étoile montante de ce parti alors dans d’opposition.
Lorsqu’il vient à Paris, Meyer Habib fait partie des personnes retenues pour lui servir de chauffeur. Ingénieur de formation, le futur député n’a encore aucune fonction officielle ni en France, ni en Israël. Il s’est cependant distingué par son engagement au sein du Betar, un mouvement sioniste de droite qui n’hésitait pas à faire le coup de poing contre l’extrême-droite antisémite. Son engagement musclé lui a valu une condamnation pour coups, violences volontaires et rébellion contre les forces de l’ordre, après une bagarre à Paris le 8 mai 1988.
Le courant passe tout de suite entre lui et Netanyahou, au point que les deux hommes ne se quittent plus durant tout le séjour. Au cours des années qui suivent leurs liens se renforcent.
« En 1999, Habib a financé le séjour de Netanyahou à Paris, et de toute sa famille, raconte le journaliste d’investigation israélien Raviv Drucker, Il est comme une sorte de papa-gâteau des Netanyahou à Paris. Il contrôle son emploi du temps quand il vient comme Premier ministre à Paris. Et tous les contacts officiels de Netanyahou en France passent par Meyer Habib. »
Parlementaire mais aussi diplomate sans fonctions officielles
Peu à peu, Meyer Habib devient le conseiller et le représentant de « Bibi » [surnom de Benyamin Netanyahou], ce qui lui permettra de participer à plusieurs entretiens entre Benyamin Netanyahou et des personnalités françaises. Porte-parole de l’ambassade d’Israël à Paris au début des années 90, puis ambassadeur de son pays en France de 2006 à 2010, le diplomate israélien Daniel Shek en a fait les frais : « J’ai croisé Meyer très souvent. Il se permettait certaines prétentions de représentation quasi officielle d’Israël, ou du moins de son Premier ministre auprès des instances françaises. »
« Lors d’un entretien entre Netanyahou et Sarkozy, Netanyahou m’a demandé de ne pas assister à l’entretien alors que Meyer Habib y a participé. C’est problématique. Le Premier ministre a évidemment le droit d’inviter qui il veut. Mais l’ambassadeur est normalement considéré comme le représentant officiel de l’État d’Israël en France. »
Daniel Shek, ambassadeur d’Israël en France de 2006 à 2010 à franceinfo
« Si vous ne me mettez pas dans la délégation française, j’irai dans la délégation israélienne »
Entre 2009 et 2021, alors que Benyamin Netanyahou dirige le gouvernement israélien, Meyer Habib devient un acteur incontournable des relations franco-israéliennes. Lors de la visite officielle de François Hollande en Israël et en Cisjordanie en novembre 2013, une personnalité française invitée du voyage, connue pour ses positions pro-palestiniennes, se souvient :
« Quarante-huit heures avant le voyage, l’Élysée me dit que je ne suis plus le bienvenu. Après m’être directement adressé à François Hollande, j’apprends que c’est sous la pression de Meyer Habib. »
Un ministre de l’époque, proche du chef de l’État, raconte au sujet de ce dernier :
« Il a voulu s’imposer dans la délégation présidentielle et a demandé à assister à tous les entretiens. Il a même menacé : si vous ne me mettez pas dans la délégation française, j’irai dans la délégation israélienne. »
Meyer Habib ne participe finalement pas aux discussions entre François Hollande et les officiels israéliens. Il est cependant présent au dîner d’État le soir, au cours duquel les convives chantent La vie en rose et où il joue de la guitare.
Quand Meyer Habib fait barrage à Emmanuel Macron
En août 2013, deux mois après son élection lors d’une législative partielle, le quotidien israélien Haaretz raconte que Meyer Habib a permis à Laurent Fabius, alors ministre des Affaires étrangères, de rencontrer Benyamin Netanyahou à Jérusalem. Dans un premier temps, le Premier ministre israélien avait refusé de le voir, car il était en vacances. L’ambassadeur de France a alors appelé Meyer Habib à la rescousse.
Mais le facilitateur peut aussi faire barrage. Ainsi, début septembre 2015, Emmanuel Macron alors ministre de l’Économie est en visite dans la région. À Ramallah, il rencontre le président palestinien sans aucune difficulté, mais à Jérusalem, impossible de s’entretenir avec Benyamin Netanyahou. Un bon connaisseur des milieux économiques entre la France et Israël se souvient :
« Au même moment, il y avait aussi Bruno Le Maire. Lui, a eu le droit de voir Bibi. Macron était fou ! Les diplomates ont été actifs sur ce dossier, mais en vain, Meyer Habib a fait barrage à Macron chez Netanyahou, et Macron lui en a beaucoup voulu. »
À l’époque, cette différence de traitement était dictée par des considérations de politique française. Emmanuel Macron était ministre sous la présidence socialiste de François Hollande, alors que Bruno Le Maire était candidat à la primaire de la droite et du centre, qui est la famille politique de Meyer Habib. Plusieurs témoins qui l’ont observé dans ses déplacements officiels se souviennent d’un homme toujours très à l’aise, volubile, bien placé devant les objectifs des appareils photos ou des caméras. Ils se souviennent aussi qu’il tutoyait ostensiblement des présidents de la République française. Cette familiarité pouvait gêner les entourages, mais Benyamin Netanyahou – qui comprend bien le français – y était sensible.
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« Son rôle est ambigu »
Cette façade bonhomme et chaleureuse va de pair avec une défense acharnée de la politique de la droite nationaliste israélienne et de Benyamin Netanyahou jugé pour corruption depuis mai 2020. Sur le conflit israélo-palestinien, le député Habib défend des positions opposées à celles de tous les présidents français depuis François Mitterrand. Plusieurs diplomates israéliens s’en étonnent, dont Daniel Shek :
« Son rôle est ambigu. Représente-t-il l’Assemblée nationale en Israël ? Le gouvernement israélien de Netanyahou en France ? Est-ce qu’il fait les deux ? Lui, sans doute, pense qu’il constitue une sorte de pont. Mais être un pont dans les deux sens, c’est très difficile. »
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Un positionnement pro-Likoud
Durant son deuxième mandat, lors de l’élection municipale à Jérusalem le 13 novembre 2018, le député centriste n’hésite pas à écrire aux Franco-israéliens habitant la ville, en utilisant un courrier à en-tête de l’Assemblée nationale, pour expliquer qu’il soutient le candidat du Likoud.
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Des actions de sociétés non déclarées
Autre élément qui pose question : s’il a bien déclaré à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique ses activités en tant que dirigeant de la société de joaillerie Vendôme à Paris. Meyer Habib apparaît, à la lecture de documents officiels israéliens, être aussi actionnaire de trois sociétés de droit israélien non déclarées, contrairement à ses obligations légales. Il s’agit de :
Raananel Ltd : une société d’investissement immobilier enregistrée le 14 juillet 2005 où il est actionnaire à 7 % en tant que citoyen français.
Hamishpaha Haviva devenue Mishpahat Liliane enregistrée le 24 novembre 2014 où il a été actionnaire à 80% jusqu’au 18 mai 2021 en tant que citoyen israélien. Cette société détient elle-même 3,33 % dans la société immobilière Ariel Projet Geula 14-18 LTD enregistrée le 16 juillet 2004.
Track Performance, crée le 7 novembre 2005 au consulat d’Israël en France puis enregistrée au registre des sociétés en Israël le 23 février 2006 où il est actionnaire à 25 % en tant que citoyen français (structure mise en sommeil).
Lire l’enquête complète sur francetvinfo.fr
Pour résumer Meyer Habib
La chute de Netanyahou signifie-t-elle la fin d’Habib ?
« Nous avons parlé de la situation sanitaire en Israël et dans le monde ainsi que du nouveau paysage politique israélien, de la situation politique en France qui l’intéresse beaucoup, mais aussi des quatre accords de paix qu’il a signés avec des États arabes et les espoirs qu’ils suscitent, ainsi que de la montée d’un nouvel antisémitisme dans le monde.
Son inquiétude numéro 1 demeure l’Iran ! Cet ennemi le plus dangereux pour Israël et le monde occidental, contre lequel il s’est battu toute sa vie politique, reste le premier danger à ses yeux », a écrit Meyer Habib. (i24news)