Egalité et Réconciliation
https://www.egaliteetreconciliation.fr/
 

Iran, la bataille des gazoducs

Deux importants projets de gazoducs sont aujourd’hui concurrents pour alimenter à l’avenir le Pakistan, l’Inde et la Chine. L’un part d’Iran tandis que l’autre puise dans les réserves du Turkménistan. Ce dernier est promu par un groupe israélien et est soutenu par la secrétaire d’État Clinton.

Pour Dinucci une attaque contre l’Iran pourrait permettre de stopper le projet iranien, qui pour l’instant a l’avantage. Reste à savoir si les dirigeants US sont toujours véritablement en phase avec cette stratégie, comme le montrent les récentes prises de position du secrétaire à la Défense Leon Panetta.

Sur la scène de Washington, sous les projecteurs des média mondiaux, Barack Obama a déclamé : « En tant que président et commandant en chef, je préfère la paix à la guerre ». Mais, a-t-il ajouté, « la sécurité d’Israël est sacro-sainte » et, pour empêcher que l’Iran ne se dote d’une arme nucléaire, « je n’hésiterai pas à employer la force, y compris tous les éléments de la puissance américaine » (étasunienne, NdT).

Armes nucléaires comprises donc. Paroles dignes d’un Prix Nobel de la paix. Ça, c’est le scénario. Pour savoir ce qu’il en est vraiment, il convient d’aller dans les coulisses. A la tête de la croisade anti-iranienne on trouve Israël, l’unique pays de la région qui possède des armes nucléaires et, à la différence de l’Iran, refuse le Traité de non-prolifération. Et on trouve les États-Unis, la plus grande puissance militaire, dont les intérêts politiques, économiques et stratégiques ne permettent pas que puisse s’affirmer au Moyen-Orient un État qui échappe à son influence.

Ce n’est pas un hasard si les sanctions promulguées par le président Obama en novembre dernier interdisent la fourniture de produits et de technologies qui « accroissent la capacité de l’Iran à développer ses propres ressources pétrolifères ». A l’embargo ont adhéré l’Union européenne, acquéreur de 20% du pétrole iranien (dont 10% environ importé par l’Italie), et le Japon, acquéreur d’un pourcentage analogue, qui a encore plus besoin de pétrole après le désastre nucléaire de Fukushima. Un succès pour la secrétaire d’état Hillary Clinton, qui a convaincu les alliés de bloquer les importations énergétiques venant d’Iran à l’encontre de leurs propres intérêts.

L’embargo cependant ne fonctionne pas. Défiant l’interdiction de Washington, Islamabad a confirmé le 1er mars qu’il terminera la construction du gazoduc Iran-Pakistan. Long de plus de 2000 Km, il a déjà été réalisé presque entièrement dans son tronçon iranien et sera terminé dans celui pakistanais d’ici 2014.

Il pourrait ensuite être étendu de 600 Km jusqu’en Inde. La Russie a exprimé son intérêt à participer au projet, dont le coût est de 1,2 milliards de dollars. Parallèlement, la Chine, qui importe 20% du pétrole iranien, a signé en février un accord avec Téhéran, qui prévoit d’augmenter ses fournitures à un demi million de barils par jour en 2012. Et le Pakistan aussi accroîtra ses importations de pétrole iranien.

Furieuse, Hillary Clinton a intensifié la pression sur Islamabad, utilisant la carotte et le bâton : d’un côté menace de sanctions, de l’autre offre d’un milliard de dollars pour les exigences énergétiques du Pakistan. En échange, celui-ci devrait renoncer au gazoduc avec l’Iran et miser uniquement sur le gazoduc Turkmenistan-Afghanistan-Pakistan-Inde, soutenu par Washington. Son coût est estimé à 8 milliards de dollars, plus du double que prévu initialement.

A Washington, c’est cependant la motivation stratégique qui prévaut. Les gisements turkmènes de gaz naturel sont en grande partie contrôlés par le groupe israélien Merhav, dirigé par Yosef Maiman, agent du Mossad, un des hommes les plus influents d’Israël. Mais la réalisation du gazoduc, qui en Afghanistan passera par les provinces de Herat (où sont les troupes italiennes) et de Kandahar, est en retard. En l’état actuel, c’est celui Iran-Pakistan qui a l’avantage. A moins que les cartes ne soient redistribuées par une guerre contre l’Iran. Même si le président Obama « préfère la paix ».

 






Alerter

6 Commentaires

AVERTISSEMENT !

Eu égard au climat délétère actuel, nous ne validerons plus aucun commentaire ne respectant pas de manière stricte la charte E&R :

- Aucun message à caractère raciste ou contrevenant à la loi
- Aucun appel à la violence ou à la haine, ni d'insultes
- Commentaire rédigé en bon français et sans fautes d'orthographe

Quoi qu'il advienne, les modérateurs n'auront en aucune manière à justifier leurs décisions.

Tous les commentaires appartiennent à leurs auteurs respectifs et ne sauraient engager la responsabilité de l'association Egalité & Réconciliation ou ses représentants.

Suivre les commentaires sur cet article

  • #116744
    Le 13 mars 2012 à 02:25 par abderrahim
    Iran, la bataille des gazoducs

    hehehe
    vu le risque de retour des talibans au pouvoir en Afghanistan je vois mal Israël continuer à investir dans leur projet de Gazoduc Turkménistan-Afghanistan-Pakistan-Inde...
    Pour en rajouter une couche, je vois mal les Talibans Pakistanais accepter qu’un gazoduc Israélien traverse leur pays...Ce projet est mort dans l’œuf, ce sont les iraniens qui doivent se tordre de rire en ce moment face aux gesticulations d’Hilary Clinton...Je suis MDR...La Chine est en train de se frotter les mains...
    Et où est la France ou l’UE dans tout ça ???

     

    Répondre à ce message

    • #116854
      Le Mars 2012 à 11:38 par quamvis
      Iran, la bataille des gazoducs

      ne surestimons pas les Talibans, tout se monnaye ... même avec des Talibans, ce même est de trop

       
  • #116811
    Le 13 mars 2012 à 10:03 par Gamin
    Iran, la bataille des gazoducs

    On comprend mieux l’animosité de l’Empire envers l’Iran...

     

    Répondre à ce message

    • #116909
      Le Mars 2012 à 13:50 par Janus
      Iran, la bataille des gazoducs

      Ce serait idiot de tout ramener à ce seul argument. Que le problème soit soulevé par Réseau Voltaire densifie le débat, mais il ne faudrait pas oublier que les occidentaux cherchent un prétexte depuis des décennies pour faire tomber l’Iran. Le problème de l’oléoduc est loin d’être le seul à prendre en compte.

       
      • #117437
        Le Mars 2012 à 12:02 par Joe
        Iran, la bataille des gazoducs

        Je n’irais pas jusque là, l’occident a toujours empêché l’unification et l’autonomie des autres qu’il s’agisse de la Chine au XIXème, des arabes dans les années 60-70 de l’Afrique depuis des temps immémoriaux, de l’Amérique du Sud et l’Amérique Centrale par la colonisation et la doctrine Monroe. Et si l’occident a utilisé la force armée pour ceci, ça a toujours été afin d’en tirer profit.

        Aujourd’hui Israel exige l’anéantissement de l’Iran par la force étatsunienne non pour en tirer profit directement ou indirectement, mais par une perversion de leur psychologie hystérisée. Depuis qu’ils ont inventé la menace existentielle nucléaire par une traduction délibérément falsifiée par le MEMRI du discours d’Ahmadinejad, leur double-pensée (cf : "1984" - Orwell) les oblige a considérer que cette menace est effective, et ils réagissent comme si c’était le cas. Pour autant les enjeux stratégiques restent une arme sure pour amener les USA et l’OTAN à coopérer à leurs objectifs de protection.

        Mais en réalité, les occidentaux ne sont pas particulièrement pressés d’entrer en Iran.

         
  • #117047
    Le 13 mars 2012 à 19:34 par damien
    Iran, la bataille des gazoducs

    « Parallèlement, la Chine, qui importe 20% du pétrole iranien, a signé en février un accord avec Téhéran, qui prévoit d’augmenter ses fournitures à un demi million de barils par jour en 2012. Et le Pakistan aussi accroîtra ses importations de pétrole iranien. »

    C’était a prévoir, quand y a un affaire comme ça, faudrait être un Etat vassal pour pas en profiter.
    Bravo à l’Iran au feeling le Yuan présente une meilleure garantie que le $.

     

    Répondre à ce message