Le mouvement des Soulèvements de la Terre (SLT) a été dissous en Conseil des ministres, mercredi 21 juin. De Sainte-Soline (Deux-Sèvres) à La Chapelle (Savoie), depuis plusieurs semaines, le mouvement s’est mobilisé pour dénoncer des projets d’infrastructures et leurs effets néfastes sur l’environnement.
Cette décision intervient près de trois mois après l’ouverture de cette procédure par le ministre de l’Intérieur. Mais le collectif, qui a acquis une vraie aura médiatique, peut aussi compter sur des soutiens de plus en plus nombreux. Franceinfo résume ce qu’il faut savoir sur ce mouvement et ses démêlés avec les autorités.
Un mouvement écologiste et radical créé en 2021
Sur leur site internet, ils se définissent comme de « jeunes révolté.es », qui ont « grandi avec la catastrophe écologique en fond d’écran », des « paysan.nes », des « habitant.es en lutte attaché.es à leur territoire ». Selon le texte fondateur des Soulèvements de la Terre, le réseau s’est officiellement formé en mars 2021 sur la ZAD de Notre-Dame-Des-Landes (Loire-Atlantique).
Derrière ce nom, on retrouve un rassemblement d’organisations paysannes et écologistes diverses, de gauche et d’extrême gauche, comme la Confédération paysanne, les associations Alternatiba ou Attac, des fermes disséminées un peu partout en France, des chercheurs et quelques personnalités comme l’écrivain de science-fiction Alain Damasio.
Les militants luttent « pour produire une nourriture saine, à la fois financièrement accessible et garantissant une juste rémunération », selon leur texte fondateur. La « question foncière » et le rapport « marchand » à la terre sont au cœur de leurs réflexions et de leurs actions. Ils expliquent s’ériger contre « l’accaparement des terres » par « des fermes (...) transformé[e]s en usines », « l’artificialisation des sols » et militent pour « une écologie sans transition ». Ils disent en outre ne « rien attendre des États, qui n’agiront pas sans y être acculés ».
Des méthodes condamnées par le gouvernement
En octobre 2022, lors d’une première manifestation contre les « méga-bassines » à Sainte-Soline, Gérald Darmanin avait fustigé « l’écoterrorisme » des auteurs de violences. Le 28 mars, au lendemain d’un autre rassemblement contre ce chantier dans les Deux-Sèvres, le ministre de l’Intérieur avait qualifié le collectif de « groupuscule » et l’avait accusé d’« envahissements d’entreprises », d’« exactions fortes contre les forces de l’ordre » et d’« appels à l’insurrection ». Il avait aussi fustigé l’action d’une « ultragauche » voulant « mettre à bas la démocratie ». Le même jour, une note du ministère reprochait aux Soulèvements de la Terre d’« inciter et participer à la commission de sabotages et dégradations matérielles ». Le collectif était en outre accusé d’avoir « créé le concept de “désarmement” destiné à faire accepter la pratique de l’écosabotage ».
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« Aucune cause ne justifie qu’on blesse des policiers et des gendarmes », a martelé Gérald Darmanin mardi devant l’Assemblée nationale, en confirmant que le décret de dissolution serait présenté mercredi.
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Une dissolution qui se heurte à des obstacles
C’est au lendemain des événements de Sainte-Soline, sur fond de 10e journée de mobilisation intersyndicale contre la réforme des retraites, que Gérald Darmanin avait brandi pour la première fois, le 28 mars, la menace de la dissolution. Pourquoi a-t-elle pris près de trois mois pour être mise à exécution ?
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D’après l’avocate des SLT, cette dissolution a été un temps freinée pour deux raisons.
« La première, c’est qu’ils cherchent encore des éléments pour justifier une dissolution qui, en l’état, est illégale parce qu’insuffisamment fondée sur le plan matériel comme juridique, avait exposé Aïnoha Pascual auprès de franceinfo. La deuxième, c’est qu’ils se sont rendu compte que dissoudre un mouvement de cette ampleur n’avait aucun sens. »
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Dans un communiqué publié mardi, les Soulèvements de la Terre ont dénoncé « une dissolution très politique et particulièrement inquiétante réclamée directement au chef de l’État par l’agro-industrie et la FNSEA ». « Nous irons devant la justice et croyons dans la possibilité d’une victoire juridique pour casser cette décision inique, comme ce fut le cas pour d’autres dissolutions pour motif politique des dernières années », poursuit le texte.
Des soutiens de plus en plus influents
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Au niveau politique, de nombreuses voix s’élèvent à gauche pour défendre les Soulèvements de la Terre. La députée écologiste Sandrine Rousseau a dénoncé sur Twitter le « déni » ou « l’inconséquence » d’une telle décision. « Les militants des Soulèvements de la Terre doivent être écoutés. Pas réprimés comme des terroristes qu’ils ne sont pas », s’est par ailleurs indigné Jean-Luc Mélenchon, en réaction aux interpellations liées à l’envahissement de l’usine Lafarge.
Fort des 100 000 soutiens qu’il revendique – un « soutien massif » qui a jusqu’ici empêché la dissolution, se félicite-t-il dans un communiqué –, le collectif promet, en cas de dissolution, « des dizaines de milliers de personnes partout en France » que le gouvernement « devra arrêter demain pour maintien ou reconstitution de ligue dissoute ». Et invite « tous les comités locaux à faire acte d’insoumission dès le soir de l’annonce de la dissolution en faisant exister les Soulèvements de la Terre sous de multiples formes, et donc si cela se confirme pour le 21 juin, pendant la Fête de la musique ».
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