Lundi soir, la décision de Georges Papandréou d’annoncer un référendum sur les plans d’austérité grecs, a déclenché un tollé dans la plupart des capitales européennes. L’occasion de démontrer une fois de plus le côté obscur de cette construction européenne.
Menace sur la démocratie ?
Mais se rendent-ils compte de ce qu’ils font ? C’est à croire que Nicolas Sarkozy souhaite que le « non » l’emporte avec ses déclarations à l’emporte-pièce ou celles de la majorité (Christian Estrosi décrochant le pompon en la matière). En fait, il semblerait que les dirigeants européens veuillent carrément faire revenir le premier ministre grec sur son annonce et annuler le référendum. Au moins, Angela Merkel a eu le bon sens de ne pas faire de déclaration publique.
La majorité des réactions médiatiques sont proprement hallucinantes. Le geste gaullien de Georges Papandréou est présenté comme une erreur car il n’a pas prévenu ses partenaires européens, parce que les Grecs pourraient dire non et qu’il met la pagaille sur les marchés financiers. Premièrement, il est d’abord responsable devant le peuple grec. Et le mandat qu’il a gagné en 2009 n’incluait pas vraiment les plans d’austérité qu’il a mis en place sans broncher depuis.
En ce sens, il est plus que légitime, normal même, qu’il sollicite l’avis de la population grecque. En référer à ses partenaires reviendrait à prolonger la tutelle insupportable du pays. Ensuite, il est bien évident que le résultat peut être négatif, mais c’est justement le principe de la démocratie. Il n’y a que dans les régimes autoritaires que le résultat est connu à l’avance. Est-ce cela qu’ils souhaitent ? Enfin, faudrait-il sacrifier la démocratie pour permettre la stabilité des marchés ?
L’Europe contre la démocratie
En effet, cet épisode démontre une nouvelle fois que pour cette Europe-là, la démocratie n’est qu’une option et que si les peuples peuvent s’exprimer, c’est uniquement pour avaliser les choix pris par des instances technocratiques ou des dirigeants en plein délire. Il faudrait que ces dirigeants comprennent que la démocratie, c’est justement le fait de donner le choix aux peuples, et donc leur donner le choix d’aller contre les décisions qu’ils ont prises.
Emmanuel Todd avait bien raison quand il écrivait « Après la démocratie ». La tentation anti-démocratique est bien forte dans cette Europe, un nouveau signe qu’elle est mal construite puisqu’elle a besoin de nier la démocratie pour avancer. La bonne Europe serait une Europe que les peuples approuvent et où ils pourraient dire « oui » comme « non ». Une Europe où les dirigeants soutiennent qu’il n’y a qu’un vote possible trahit le bel idéal démocratique européen.
C’est pourquoi un « non » du pays qui a inventé la démocratie serait plus que mérité après ce nouvel épisode lamentable. Nicolas Dupont-Aignan a parfaitement réagi, autant sur BFM que dans un communiqué de presse paru hier soir. Philippe Cohen a également bien souligné que ce référendum démontre les fragilités de l’Union Européenne. Maintenant, il faut espérer qu’il aura bien lieu car le contraire serait absolument révoltant d’un point de vue démocratique.
L’Union Européenne est devenu un machin monstrueux. Non seulement elle impose une régression sociale inhumaine à certains de ses membres et elle est prête à vendre l’Europe pour sauver l’euro, mais en plus, elle refuse la démocratie. Espérons que les Grecs lui donneront le coup de grâce.