« Ce ne sera pas la réforme de la sélection », promet Jimmy Losfeld, le président de la Fage, la première organisation étudiante. Le Premier ministre, Édouard Philippe, présente, ce lundi [30 octobre 2017], le plan du gouvernement pour réformer le premier cycle universitaire, avec la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, et son homologue à l’Éducation, Jean-Michel Blanquer. Après un été 2017 marqué par les couacs du logiciel Admission post-bac (APB), l’exécutif s’était engagé, fin août, à mettre fin au tirage au sort pour la rentrée 2018 et à augmenter le pouvoir d’achat des étudiants pour favoriser leur réussite. Sur la fin du tirage au sort, on connaît désormais la teneur de ce qui va être annoncé.
Une remise à niveau obligatoire
Selon nos informations, le bachelier aura officiellement « le dernier mot » pour le choix de sa filière. Mais le lycéen qui n’aurait pas « le profil » correspondant à la formation souhaitée se verrait imposer une remise à niveau. Le caractère « obligatoire » de ce rattrapage était une revendication des présidents d’université. Pour faire passer la pilule auprès de la Fage, cette remise à niveau donnerait droit à des crédits (ECTS) pour l’obtention du diplôme de licence.
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« Dans les cas extrêmes, où l’étudiant n’a pas les prérequis et où la filière est en tension, je ne vois pas comment peut s’appliquer le principe du dernier mot à l’étudiant, dit-il. Cela n’a aucun sens. » À l’Unef, on redoute justement « les différents cas de figure, notamment dans les filières où il n’y a pas assez de places ». « On voit le danger venir », glisse sa présidente, Lilâ le Bas, qui a déjà lancé une pétition pour le libre accès à l’enseignement supérieur.
« Notre objectif n’est nullement de restreindre l’accès à l’université, mais de tenir compte des réalités. »
Dans le logiciel qui succédera à APB, le lycéen fera une dizaine de voeux non classés. Le conseil de classe de terminale émettra un avis sur ces vœux – il est généralisé pour toutes les formations de l’enseignement supérieur. Les vœux seront groupés, le lycéen faisant des vœux pour une filière de formation plutôt que pour un établissement. Il recevra ensuite une réponse en bloc sur toutes ses demandes et, après avoir choisi l’une des propositions qui lui seront faites, des places pourront être libérées beaucoup plus tôt qu’aujourd’hui pour d’autres candidats. Pour les lycéens qui n’auront été acceptés dans aucune des filières demandées, une commission mêlant représentants de l’Enseignement supérieur et de l’Éducation nationale, supervisée par les recteurs, leur fera des contre-propositions.
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L’UNEF prêt à descendre dans la rue contre
« une sélection qui ne dit pas son nom »
Alors que la ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal doit s’exprimer demain lundi 30 octobre sur la réforme de l’accès à l’université, les premiers contours des annonces ont d’ores et déjà fuité dans la presse. La présidente de l’UNEF, contactée par LCI, y voit une sélection qui ne dit pas son nom.
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D’où une réforme aux allures de compromis qui devrait proposer, selon Le Parisien, que les lycéens cessent d’exprimer leurs vœux d’orientation par ordre de préférence. Par ailleurs, le conseil de classe, en terminale, aurait avec cette réforme son mot à dire sur le choix des élèves. Surtout, les facultés auraient désormais accès aux bulletins des candidats : elles classeraient ainsi les dossiers en fonction des résultats et, si le dernier mot devrait revenir à l’élève, les établissements pourraient toujours « de manière transitoire », refuser un futur étudiant par manque de place. Vraisemblablement, il serait alors proposé au candidat une formation proche de son choix initial. Enfin, si l’université estime que le candidat n’a pas les compétences pour suivre le cursus voulu, une mise à niveau deviendrait obligatoire, sa durée pouvant s’étendre jusqu’à un an.
« On le sait bien : l’orientation par défaut est synonyme d’échec » (Lilâ Le Bas)
Tri des dossiers en amont, possibilité de refus et mise à niveau obligatoire... Cette réforme est-elle une sélection à l’université qui ne dit pas son nom ? C’est en tout cas ce que pense Lilâ Le Bas, présidente de l’UNEF.
« Si les informations sont confirmées lundi, cela entérinerait clairement une sélection à l’université. Si les facs peuvent trier les dossiers ou refuser des candidats – même de manière transitoire – c’est de la sélection, il faut utiliser les vrais termes. Cela reviendrait toujours à mettre de côté les jeunes issus de milieux défavorisés, qui seraient alors orientés par défaut. Or, on le sait bien : l’orientation par défaut est souvent synonyme d’échec. »
Par ailleurs, Lilâ Le Bas se montre opposée à la perspective d’une remise à niveau obligatoire.
« Elle peut aller jusqu’à un an, pour moi c’est un problème. Cela implique une année supplémentaire de frais scolaires, d’hébergement et de transport. Sans compter que ce n’est pas la même chose de passer trois ou quatre ans à valider un diplôme, qui aura la même valeur au final. »
Et la présidente de l’UNEF d’annoncer auprès de LCI une possible descente dans la rue si les annonces, telles que présentées ce dimanche dans la presse, sont confirmées lundi.