Cet article est intéressant, non par ce qu’il nous apprend ou par la thèse qu’il développe mais par le fait que celui qui veut appeler un chat un chat est Neil Macdonald, un journaliste canadien qui s’exprime dans un média traditionnel, où il assume la fonction d’éditorialiste ; le Canadian Broadcasting Corporation, l’équivalent de feu l’ORTF en France. Il va sans dire que seul un journaliste dont la carrière est déjà faite ou derrière peut se permettre une telle liberté d’expression.
Ne parlons plus de « terrain glissant » – Israël est déjà un État d’apartheid
Depuis l’élection de Donald Trump, la colonisation se poursuit avec un enthousiasme renouvelé.
Le moment est venu d’appeler un chat un chat. Il est temps d’être d’accord avec une longue liste de leaders politiques, universitaires et personnages publics israéliens de droite comme de gauche, dont trois anciens premiers ministres, un lauréat du prix Israël, deux anciens chefs du service de sécurité intérieure israélien, le Shin Bet, et un des principaux journaux du pays qui ont tous prévenu que l’État juif était en train de devenir, ou est déjà, un État d’apartheid.
Je choisirais cette dernière caractérisation.
Il est intéressant de constater que, dans le discours israélien, cette affirmation semble être devenue routinière, alors qu’elle reste sulfureuse en Occident, où des activistes pro-israéliens consacrent beaucoup d’anergie à scruter les médias, le monde universitaire et le discours politique, prêts à accuser d’antisémitisme ou d’incitation [à l’antisémitisme] dès que ce mot est utilisé.
Songez à l’indignation et au venin dont a été accablé l’ancien Président Jimmy Carter, sous les auspices duquel l’accord de paix entre l’Égypte et Israël avait été signé, quand il a intitulé son livre de 2006 Palestine : la Paix, pas l’apartheid. Soudainement, Carter était passé du statut de lauréat du prix Nobel de la paix et d’homme d’État à celui de vieil homme sous l’emprise des terroristes, du moins aux yeux des partisans d’Israël, dont une fraction importante de ses propres troupes, les Chrétiens évangéliques américains.
Un chat est un chat
Mais la réalité est la réalité, et un chat un chat. Comme l’avait dit feu Yossi Sarid, longtemps dirigeant du parti israélien Meretz et ancien ministre de l’Éducation :
« Ce qui agit comme un apartheid, est gouverné comme un apartheid et harcèle comme un apartheid, n’est pas un chat – c’est l’apartheid. »
En juin dernier, l’ancien premier ministre israélien Ehud Barak a réaffirmé la position qui est la sienne depuis des années :
« Si nous continuons à contrôler l’ensemble du territoire de la Méditerranée au fleuve Jourdain où vivent quelque 13 millions de personnes – huit millions d’Israéliens et cinq millions de Palestiniens… si une seule entité gouvernait toute cette région, nommée Israël, elle deviendrait inévitablement – c’est le mot clef, inévitablement – soit non juive, soit non démocratique. »
Le pays est, répétait-il, « sur une pente glissante » qui se terminera en apartheid.
La ligne de séparation entre les personnalités israéliennes qui utilisent le terme ici et maintenant, plutôt que comme un avertissement pour ce qui pourrait arriver, semble porter sur la persistance d’un « processus de paix », avec sa promesse d’un État palestinien et son autogouvernement.
Et à l’époque où j’étais en poste à Jérusalem pour CBC News à la fin des années 1990, cela semblait vraiment de l’ordre du possible, même si c’était peu probable. Depuis lors, le processus de paix – jamais enthousiaste – s’était complètement effondré. L’expansion des colonies juives en Cisjordanie s’est poursuivie et, depuis l’élection de Donald Trump, la colonisation s’est accélérée connaissant un regain d’enthousiasme.
Leur existence est en fait saluée à chacun de ses déplacements par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou.
« Nous sommes ici pour rester, pour toujours », a-t-il déclaré il y a deux mois dans la colonie de Barkan où il commémorait le 50ème anniversaire de l’occupation de la Cisjordanie par Israël.
« Il n’y aura plus de démantèlement de colonies sur la terre d’Israël. » (La « Terre d’Israël » par opposition à l’État d’Israël est un terme utilisé par la droite israélienne pour parler du territoire situé entre le Jourdain et la méditerranée, et parfois même au-delà).
Ayelet Shaked et Naftali Bennett, respectivement ministres israéliens de la justice et de l’Éducation, ont dit que les Palestiniens devaient comprendre qu’ils n’auront jamais un État. Le ministre de la Défense, Avigdor Lieberman, lui-même colon, a dit qu’il n’y avait « aucun espoir » d’un État palestinien sur lequel il y aurait accord mutuel, mais il a mis en garde Naftali Bennett contre la promotion d’une annexion pure et simple :
« Ce que Bennett et son parti Foyer Juif proposent est un État binational classique », a déclaré Liberman il y a deux ans. « Ils doivent décider s’ils parlent d’un État binational entre le Jourdain et la Méditerranée … ou s’ils parlent d’un État d’apartheid ».
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Le racisme, la colonisation et le mensonge de l’entité juive en 6 minutes :