Egalité et Réconciliation
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Robert Spieler ou l’anti-France de droite

Ou un européïste se permet d’insulter une patriote.

Carl lang, dans une récente interview à l’hebdomadaire Rivarol, faisait deux observations très justes.

La première concernait le rôle de l’Etat et la dimension protectrice qui devait être la sienne, bien au-delà de ses fonctions dites « régaliennes ». Martinez a d’ailleurs brillamment expliqué, dans le dernier numéro du « Choc du mois », la contradiction fondamentale qu’il y avait à associer à un discours politiquement nationaliste, un discours économiquement libéral.

Carl déclarait de son côté que « l’Etat devait retrouver toute sa place », et qu’il se devait d’être « le garant de notre sécurité de l’emploi, de notre sécurité économique et de notre sécurité sociale ». Voilà un discours qui fleure bon le CNR, et que le Front aurait tout à gagner à intégrer, à un moment où la faillite pousse nos dirigeants à s’attaquer aux régimes spéciaux, en tentant pour ce faire de monter les salariés – et au-delà les travailleurs- les uns contre les autres.

Si nul ne conteste la nécessité de mettre le financement des retraites enfin sur la table, pourquoi devrions nous reprocher aux travailleurs de défendre ce qui leur reste d’acquis ? Pourquoi devrions nous reprocher aux travailleurs les moins exposés de ne pas vouloir connaître le sort peu enviable réservé à leurs collègues du privé ?

Le Front n’étant pas responsable de la faillite de la France, il n’a pas à en assumer les conséquences politiques aux yeux de l’opinion. Il faut au contraire dénoncer les responsables et offrir des perspectives de reconquête sociale et économique.

La seconde observation de Carl Lang portait sur les nouvelles frontières politiques. Pour le député européen du Front , « la vraie ligne de fracture aujourd’hui n’est pas entre une gauche cosmopolite et une droite mondialiste mais entre les internationalistes et les nationalistes. »

C’est beau comme du Soral. Encore faudrait-il en tirer les conséquences stratégiques et politiques au sein même du camp dit « national », dont Carl Lang nous dit qu’il souhaite le voir rassemblé dans sa diversité au sein du FN, comme ce fut le cas dans les années 80/90. Outre qu’il n’est pas certain que cette diversité fit la force du mouvement –elle en fut au moins autant la faiblesse puisqu’elle interdisait de trancher certains sujets- il est important de définir les bases sur lesquelles ce rassemblement doit s’opérer. Ceci permet de cibler ceux que l’on doit aller chercher, mais aussi ceux que l’on doit laisser partir.

Or si nous sommes bien d’accord pour affirmer que l’opposition nationale doit rassembler l’ensemble des nationalistes, autrement dit en français les partisans de la nation, des jacobins aux régionalistes, nous ne voyons pas bien en quoi cela devrait englober certains représentants de la mouvance dite « identitaire », pour reprendre la formule de Robert Spieler, le Président d’Alsace d’abord. D’aucuns diraient « Allemagne d’abord ».

Monsieur Spieler a voté et appelé à voter oui au traité de Maastricht, ce qui du point de vue nationaliste est une trahison. Il ne fait pas mystère d’être hostile, et c’est son droit, à l’Etat Nation. Il est favorable à toute avancée institutionnelle vers une « europe politique », et a voté oui à la constitution européenne.

Il est favorable au développement du bilinguisme franco-allemand en Alsace. Il s’est dit intéressé par le programme de François Bayrou pendant la présidentielle !

Alors sans doute Monsieur Spieler est-il un homme de droite et il n’est pas exclu que nous ayons en commun un certain nombre de valeurs, puisque nous sommes, à ER, « sociétalement de droite ». Nous sommes également, à ER, attachés aux identités régionales qui composent la France. Mais dans, et strictement dans, le cadre national.

Monsieur Spieler, soyons clair, n’est pas un « nationaliste français ». C’est un « ethno-européïste » ou « européïste identitaire », comme on voudra, mais pas un nationaliste et pas un patriote.

Il semble d’ailleurs que cette mouvance européïste de droite tente actuellement de se structurer, et ce bien évidemment sur des bases ou la nation est passée par pertes et profits. Tous ceux qui se situeraient sur cette ligne, n’ont pas leur place dans un rassemblement « national ». Avoir conscience de ce que la civilisation française est une civilisation « européenne » ne signifie pas accepter la disparition de la Nation française, de son Etat, dans un ensemble fédéral, fut-il « ethniquement pur »…

Monsieur Spieler nous semble donc tout à fait mal placé pour donner à Marine Le Pen des leçons de patriotisme, à fortiori en recourant à l’insulte. Sans doute l’affiche de l’UDC est-elle un peu ambigüe et n’a-t-elle pas la dimension « xénophobe » que lui prête les médias. Peut-être le « mouton noir » désigne-t-il l’étranger voyou, sans allusion à ses origines. Il n’en reste pas moins que rappeler que la France compte, parmi ces fameuses « régions charnelles et enracinées », la Martinique, la Guadeloupe, la Nouvelle Calédonie ou encore La Réunion, et qu’il ne saurait être question pour les patriotes français de laisser à penser, si peu que ce soit, que leurs habitants ne seraient pas des Français à part entière, comme le sont du reste les harkis, ainsi que bon nombre de nos compatriotes issus de l’immigration, n’est en rien une trahison.

La France n’est pas la Suisse, monsieur Spieler, elle a sa propre histoire. Et ne vous en déplaise c’est une grande histoire, dont nous sommes fiers. Que les tenants de l’anti-France de gauche, à la sauce BHL, ou de l’anti-France de droite, à la sauce Spieler marinent, si j’ose dire, dans leur haine et qu’ils nous laissent aimer notre nation et notre peuple tels qu’ils sont, avec tous leurs défauts.

Marc George
Coordinateur Egalité et Réconciliation

Le lien de l’attaque de Spieler http://www.robert-spieler.net