Les personnes à la direction de notre économie qui ont des sanctions antirusses plein la bouche devraient se souvenir du coup des emprunts russes...
L’histoire est tragique, ET comique.
La Russie adopte une liste de pays « hostiles », dont la France, à rembourser en roubles https://t.co/xTZWmd2lOP pic.twitter.com/FvV1IxDzF0
— L'Obs (@lobs) March 7, 2022
Le gouvernement russe vient d'approuver une liste de pays inamicaux dont il paiera la dette en roubles russes. Le rouble plonge. Poutine passe à l'étalon-or. On l'a exclu de Swift. Il signe un décret permettant aux entreprises russes de payer leurs créanciers étrangers en rouble pic.twitter.com/PjUFCKwfe5
— Del Grande Evelyne (@GrandeEvelyne) March 8, 2022
Malgré cela, le défaut de paiement reste suspendu au-dessus de la Russie. La déstabilisation de l’économie, on le sait fragile, fait remonter le spectre de 1998 chez les Russes.
La riposte russe aux sanctions occidentales a pris le lundi 7 mars une forme assez originale : établir une liste de pays « hostiles » à la Russie et autoriser les particuliers et les entreprises russes à leur rembourser leurs dettes en roubles. Et ce même si le crédit était contracté dans une autre devise.
Sur cette liste, on retrouve les pays de l’Union européenne, les États-Unis, le Royaume-Uni, le Japon, mais également le Canada, la Suisse, Monaco ou la Corée. La décision du Kremlin semble en fait assez astucieuse et vise à s’adjuger indirectement le soutien des banques étrangères.
Double peine ?
La plupart des sanctions économiques prises contre la Russie ont pour but de générer un isolement financier de cette dernière. La logique est assez simple, comme le dit l’adage : l’argent est le nerf de la guerre. Sans argent, il semble extrêmement compliqué pour la Russie de pouvoir continuer son action de manière soutenue.
Et cette stratégie de mise à mal de l’économie russe fonctionne en partie. Au 24 février, jour de l’invasion, la parité euro/rouble était de 95 (c’est-à-dire que 1 euro équivalait à 95 roubles). Ce lundi 7 mars, celle-ci était montée à 148,38. Cela veut dire qu’un Russe qui souhaitait acheter un bien à 300 euros en France devait débourser 28 423 roubles le 24 février, et 44 366 roubles le 7 mars.
Le potentiel d’achat des Russes à l’international se trouve donc largement réduit. Quand on sait que ces derniers importaient pour près de 240 milliards de dollars en 2020 (environ 197 milliards d’euros), l’addition augmente donc très fortement.
On pourrait penser, symétriquement, que cette dévalorisation du rouble réduise les coûts d’exportation de la Russie vers les pays étrangers, favorisant les producteurs russes à l’international. Cependant, pour contrer ce potentiel effet positif, la plupart des pays européens ont décidé de boycotter les exportations russes. Ils refusent par exemple la délivrance des licences d’exportation de certains biens. De ce fait, la peine est double : les importations diminuent et les exportations sont bloquées.
Quelles sont les solutions traditionnelles à cette dépréciation de la monnaie pour la Russie ?
Le régime de change du rouble par rapport aux autres devises est un régime dit flottant, c’est-à-dire qu’il est fixé par les lois de l’offre et de la demande sur le marché. Pour renforcer le rouble, il faudrait donc qu’il devienne plus demandé, et donc augmenter le nombre de transactions financières internationales en rouble… ce qu’empêchent délibérément les sanctions prises aujourd’hui.
Quelle carte restait-il alors dans les mains du Kremlin ? La réponse donnée est pour le moins imaginative et intelligente : autoriser le paiement des crédits russes à l’étranger en rouble.
Les banques internationales dans l’impasse
Au-delà des acteurs du commerce international, les personnes possédant des crédits auprès d’établissements étrangers se trouvent directement concernées par les sanctions internationales. Supposons que vous êtes russe et que vous avez emprunté 100 000 euros à une banque française dont vous remboursez tous les mois 500 euros. Au 24 février, cela représentait 47 530 roubles, alors que la même somme représente 74 190 roubles au 7 mars. Le crédit devient de plus en plus compliqué à rembourser.
Il y a donc un risque d’une hausse massive des défauts de paiement, engendrant des difficultés pour les banques étrangères. Et c’est précisément le levier sur lequel Moscou entend jouer. En autorisant les débiteurs russes à payer leur crédit détenu à l’étranger, non plus dans la devise locale, mais en rouble, les autorités russes délèguent le maintien et la gestion de leur monnaie non plus à leur banque centrale, mais aux banques étrangères.
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La banque française a donc tout intérêt à s’assurer que la parité rouble/euro ne perde pas plus de valeur qu’elle ne l’a déjà fait actuellement. Ainsi en prenant cette décision, la Russie a fait en sorte que les banques internationales cherchent à soutenir indirectement l’économie russe, dans le but d’éviter de voir leur crédit dévalorisé.
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