L’actualité ces jours-çi a remis sur le devant de la scène un dossier récurrent, celui des causes de la mort du leader libyen Mouammar Kadhafi. On aura tout dit sur les conditions abjectes de sa mort et comment l’impunité mondiale fait que les assassins sont dans la nature et les commanditaires pas inquiétés. C’est dire si la Cour pénale internationale est défaillante et au final n’est véritablement conçue que pour juger les faibles de ce monde.
« Nous devons être honnêtes et reconnaître qu’une grande partie de l’argent dans nos banques vient précisément de l’exploitation du continent africain. »
(Jacques Chirac, ancien président de la République française)
Les causes de l’invasion de la Libye et du meurtre de Kadhafi
On sait que les médias mainstream nous servent en boucle une version soft celle de l’humanisme des pays occidentaux vis-à-vis de la barbarie de Kadhafi envers son peuple. Qu’en est-il exactement ? C’est un fait que Kadhafi n’était pas un enfant de cœur, il a dû éliminer ses opposants pour asseoir un pouvoir sans partage de 40 ans en pensant le léguer à ses enfants. Une sorte de Jamahiriya dynastique. Mais le peuple profond était-il malheureux ? Mangeait-il à sa faim ? La Libye avait le deuxième niveau de vie en Afrique. Une nouvelle monnaie unique africaine serait la véritable cause de l’intervention française en Libye. En effet, d’après les éléments trouvés dans les lettres de Hillary Clinton déclassifiées le 31 décembre, la vraie raison de l’intervention en Libye était l’or qui aurait pu empêcher les plans de Nicolas Sarkozy de répandre son influence dans la région.
La correspondance de l’ancienne secrétaire d’État américaine Hillary Clinton a montré qu’en 2011, Mouammar Kadhafi possédait 143 tonnes d’or et 143 tonnes d’argent avec lesquelles il souhaitait créer une nouvelle monnaie unique pour l’Afrique et fournir aux pays francophones africains « une alternative au Franc CFA ». « L’or avait été rassemblé avant la révolte actuelle et devait être utilisé pour la création d’une monnaie panafricaine basée sur le dinar libyen », lit-on dans le courriel de l’ex-secrétaire d’État américain. Le courriel confidentiel d’Hillary Clinton sur les vraies raisons de l’engagement français en Libye : au total, la valeur de ces réserves s’élevait à près de 7 milliards de dollars. [1] [2]
D’après le même document, le gouvernement de Nicolas Sarkozy craignait que cette nouvelle monnaie permette à l’Afrique du Nord d’acquérir une indépendance économique, qui n’aurait pas fait les affaires de la France et de toute l’Europe. L’intervention militaire en Libye a commencé en 2011 sous l’égide de l’Organisation des Nations unies et s’est déroulée entre le 19 mars et le 31 octobre 2011 pour mettre en oeuvre la résolution 1973 du Conseil de sécurité pour « protéger les populations libyennes ». (1)
Pour Nicolas Sarkozy : « Pas question de laisser les colonies françaises d’Afrique avoir leurs propres monnaies ! » Apparemment, l’ancien président de la République française s’est à nouveau illustré dans des propos choquants. Lors d’une interview à BFMTV, il aurait dit que le meilleur moyen de préserver la bonne sante de l’économie française, c’était de maintenir le FCFA comme la seule monnaie utilisable dans les colonies françaises en Afrique. (2)
Les menaces que constituent le pétrole et l’or libyens face aux intérêts français
On prêtait à Kadhafi outre son rôle de mécène et d’aide sans contrepartie aux pays africains au point d’avoir pu stabiliser dans une certaine mesure l’immigration sahélienne, le désir de doter les États « CFA3 » d’une nouvelle monnaie. C’est sans doute cela qui a dû signer son arrêt de mort.
« Un e-mail envoyé à Hillary Clinton en avril 2011 avec pour objet “les clients de la France et l’or de Kadhafi” révèle des ambitions beaucoup moins nobles. L’e-mail identifie le président français Nicolas Sarkozy en tant que leader de l’attaque sur la Libye avec cinq objectifs précis en tête : obtenir le pétrole libyen, assurer l’influence française dans la région, accroître la réputation de Sarkozy au niveau national, affirmer la puissance militaire française, et éviter l’influence de Kadhafi dans ce qui est considéré comme “l’Afrique francophone”. Le plus étonnant est la longue section relatant l’énorme menace que l’or et l’argent des réserves de Kadhafi, estimées à “143 tonnes d’or, et un montant similaire en argent” pourraient poser au “franc français” (CFA) en circulation comme monnaie africaine en Afrique francophone. Ce plan a été conçu pour fournir aux pays africains francophones une alternative au franc (CFA). »
On sait qu’en Afrique, les zones francs constituent des espaces monétaires et économiques sur le territoire de plusieurs États de l’ancien Empire colonial français. Après l’accession à l’indépendance, la plupart de ces nouveaux États sont restés dans la sphère française. Le gouvernement de Nicolas Sarkozy craignait que cette nouvelle monnaie permette à l’Afrique du Nord d’acquérir une indépendance économique, qui n’aurait pas fait les affaires de la France. Ces données seraient l’un des facteurs qui a amené l’intervention en Libye et jusqu’à l’élimination inhumaine de Kadhafi pour qu’il ne parle pas au vu des secrets qu’il détenait, notamment la campagne pour la présidentielle française qu’il aurait sponsorisée.
Le discours prémonitoire de Kadhafi
On prête à Kadhafi des propos prémonitoires d’une rare lucidité :
« “Chacun de nous peut être pendu par les États-Unis comme l’a été Saddam Hussein, ancien président d’Irak”, a prévenu le défunt colonel Mouammar Kadhafi lors de son discours prémonitoire au sommet de la Ligue des États arabes en 2008. “Une puissance étrangère vient chez nous, occupe un pays arabe, pend son président et nous tous, simplement, le regardons de l’extérieur. Pourquoi n’a-t-on pas fait d’enquête sur l’exécution de Saddam Hussein ? Comment peut-on pendre un prisonnier de guerre, un président d’un pays arabe qui fait partie de cette même Ligue des États arabes ?”, a-t-il fustigé ».
« “Chacun de vous peut être le suivant”, a prévenu M. Kadhafi. Il a rappelé que les États-Unis avaient lutté contre l’ancien guide de la Révolution de l’Iran Rouhollah Khomeini avec Saddam Hussein, qu’ils qualifiaient alors d’ami. M. Hussein était lié d’amitié avec l’ancien vice-président des États-Unis Dick Cheney et l’ancien secrétaire de la Défense Donald Rumsfeld. "Finalement, ils l’ont trahi et ils l’ont pendu. Vous êtes amis de l’Amérique. D’accord, pas "vous" mais "nous" – mais un jour l’Amérique peut nous pendre, nous aussi". »
« Dans son discours M. Kadhafi s’adresse également aux États-Unis pour les interpeller sur le pourquoi de l’intervention précisément en Irak. "Où est la raison de l’occupation de l’Irak ? Ben Laden est citoyen d’Irak ? Non. Ceux qui ont fait l’attentat à New-York étaient-ils irakiens ? Non. Ceux qui ont attaqué le Pentagone étaient-ils irakiens ? Non. Est-ce que l’Irak possédait des armes de destruction massive ? Non. Même s’il y en avait… L’Inde, le Pakistan, la Chine, la Russie, le Royaume-Uni, la France et les Etats-Unis ont des bombes nucléaires. Faut-il détruire tous ces États ?", s’est-il exclamé. »