À en juger par cet éditorial du NYT, il n’y aura pas d’accord nucléaire avec l’Iran. C’est bien sûr l’Iran qui en sera rendue responsable alors même que les exigences américaines déraisonnables seront la véritable cause de l’échec annoncé.
L’éditorial accuse le dirigeant iranien Khamenei de l’échec. Khamenei a tenu hier un discours où il a ré-indiqué ses lignes rouges et le cadre d’un éventuel accord. Il n’a rien dit de nouveau. Il dit la même chose depuis le début des négociations.
Il dit qu’il n’y aura pas d’inspections des sites militaires iraniens par l’AIEA. Tout le monde sait que les États-Unis ont utilisé les inspections internationales en Irak pour espionner l’armée irakienne dans les grandes largeurs. Les scientifiques iraniens ne seront pas interrogés par l’AIEA. Cinq scientifiques du nucléaire ont été assassinés en Iran après que leurs noms et leurs visages ont été révélés au public. On soupçonne Israël d’être derrière ces meurtres.
Il est déraisonnable de demander à ces scientifiques de risquer leurs vies pour répondre à des questions ridicules sur des allégations infondées d’anciennes recherches nucléaires. Khamenei insiste pour que les sanctions soient levées tout de suite après la signature de l’accord. Il craint avec raison que, sinon, cela se passe comme en Irak où les sanctions ont été maintenues à l’infini pour exiger toujours plus de gages.
Surtout que l’AIEA, qui est sous forte influence étasunienne, sera l’agence qui jugera si un engagement est respecté ou non. L’agence ne sera jamais satisfaite et les sanctions ne seront jamais levées.
L’éditorial du NYT dit que les déclarations de Khamenei sont « en contradiction avec un accord-cadre conclu le 2 avril ». C’est bizarre parce que l’accord-cadre en question n’a pas été rendu public dans son intégralité. Alors, comment les éditorialistes peuvent-ils le savoir ? « Les responsables occidentaux disent aussi que l’Iran a accepté de... » Ah, si les responsables occidentaux le disent, alors ce sont évidemment eux, et non Khamenei qui ne fait que répéter encore et encore les mêmes choses, qui doivent avoir raison !
Cet éditorial arrive deux jours après que le NYT a publié un article d’opinion d’un certain Alan Kuiperman expliquant que l’accord iranien « a un vice rédhibitoire ». L’article en question doit avoir lui aussi un vice rédhibitoire puisque l’Association pour le contrôle des armes a jugé nécessaire de le réfuter point par point.
Aujourd’hui, le NYT publie, dans les pages politiques, un article de son principal sophiste David Sanger, qui parle d’une lettre que quelques républicains et cinq anciens fonctionnaires de l’administration Obama ont envoyée à Obama pour le mettre en garde contre « les lacunes que semble comporter » l’accord iranien.
C’est seulement au 11e paragraphe que nous apprenons le nom de ses auteurs. Il s’agit d’un groupe de gens dirigé par Dennis Ross, bien connu pour être un larbin d‘Israël. C’est seulement aux paragraphes 26 et 27 que nous apprenons que cette lettre n’a pas été écrite par ceux qui l’ont envoyée :
La lettre émerge d’un groupe d’étude sur les questions nucléaires mis en place par l’Institut de Washington pour la politique au Proche-Orient, un institut politique.
Il n’est pas mentionné que l’Institut de Washington a été fondé par l’AIPAC et fait partie du lobby israélien. Toute lettre qui en « émerge » a probablement été écrite à Tel-Aviv.
Que le NYT semble maintenant s’opposer à un accord raisonnable est suspect. Le journal prépare souvent le terrain de l’administration étasunienne en « annonçant », à partir d’informations sur ce qui se passe en coulisse, les positions de l’administration avant qu’elles ne deviennent officielles.
Pour moi, son attaque actuelle contre un accord raisonnable ainsi que sa désignation de l’Iran comme futur coupable annoncent la position du gouvernement américain qui deviendra officielle lorsque, dans une semaine ou deux, les négociations en cours à Genève auront échoué.