En Socialie, la République est à la fois un terrain d’expérimentation et une vaste plaine de luttes essentielles, permanentes, et homériques. Cependant, tous les combats ne sont pas bruyants, et les plus déterminants sont parfois les plus discrets. Après le combat contre ceux qui polluent et qui réchauffent, après celui contre les pervers polyphobes qui grouillent aux extrêmes, le nouveau combat républicain qui se profile à l’horizon est évidemment celui contre le sexisme. Et il va pulser.
Jusque dans les années 80, le sexisme était cette très mauvaise habitude du gros lourd à considérer qu’une tâche ne pouvait être réalisée que par un homme, ou que par une femme, ou que certaines attitudes et certains comportements ne pouvaient être autorisés que pour un sexe précis, et que tout manquement devait être critiqué le plus vocalement possible. Lutter contre le sexisme équivalait assez bien à réclamer une égalité de droit entre hommes et femmes et à lutter contre les momies desséchées de siècles dépassés, les machos ridicules, les homoncules aux frustrations ou aux problèmes psychologiques évidents, et contre certaines habitudes que la société cautionnait de moins en moins.
Depuis, les choses ont bien changé.
L’égalité en droit des hommes et des femmes étant acquise par les textes de loi, la Constitution et les mœurs de la très grande majorité, le combat contre le sexisme s’essouffle un peu et se cantonne souvent à hurler contre des inégalités, notamment salariales, là où, après analyse, la parité règne pourtant déjà.
Cependant, en France, la lutte continue de plus belle. Et avec l’arrivée au pouvoir du Socialisme Officiel, une oreille attentive a été trouvée pour tous les nouveaux problèmes que peut bien poser une société qu’on a décidée résolument sexiste.
À présent, plus un mois ne s’écoule sans qu’on découvre, effaré, que ce sexisme est mis à toutes les sauces, dans toutes les attitudes, dans toutes les conversations et dans tous les objets du quotidien. Des rasoirs roses aux tampons hygiéniques, l’un ou l’autre collectif monte au créneau pour hurler à l’abominable discrimination sexiste qui fait du mal. Dans ce monde de richesses, on a les combats qu’on peut.
Dès lors, tous les domaines, tous les marchés, tous les objets sont ouverts à la chasse. Prenez n’importe lequel, triturez-le sous tous les angles, interrogez les bonnes personnes autour de vous, et — c’est magique — il avouera son sexisme dans des spasmes de remords.
Cela marche terriblement bien avec le Jeu Vidéo par exemple. Et ce, même si la moitié des joueurs sont en fait des joueuses (eh oui), certains ont décrété que ces jeux sont sinon machistes au moins sexistes, point. Partant de là, qu’attend-on encore pour légiférer contre cette abomination ? Ou, plus exactement et comme le proposent deux députés (évidemment PS), orientons les subventions vers ces jeux qui respectent bien la parité et le vivrensemble sexuel !
Dans la communication des administrations aussi, on trouve du bon gros sexisme bien gras ! Oui, même dans les entités d’État, il faut batailler pour que chaque terme ne soit pas lourdement chargé de ses moches a-prioris sexistes qu’un-e bon-ne militant-e féministe repérera tout de suite et qui suffira à jeter l’opprobre sur l’administration fautive ! Heureusement, la République a institué un « Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes », indispensable et très peu coûteux, dont l’essentielle mission permet de produire un petit guide pratique pour éviter les bévues sexistes et porter la pignole intellectuelle au rang d’art millimétré.