L’armée russe a affirmé jeudi avoir repoussé avec son aviation et son artillerie une tentative ukrainienne d’« invasion » contre la région frontalière russe de Belgorod impliquant plusieurs dizaines de militaires et des chars. « Après d’intenses bombardements d’installations civiles dans la région de Belgorod, des groupes terroristes ukrainiens comptant jusqu’à deux compagnies d’infanterie motorisée renforcées par des chars ont tenté d’envahir le territoire russe », a indiqué le ministère russe de la Défense sur Telegram.
Intensivement bombardée depuis plusieurs jours, la région russe de Belgorod a été le théâtre la semaine dernière d’une spectaculaire incursion d’hommes armés venant d’Ukraine, qui a suscité des questions sur la solidité de la frontière russe.
Jeudi, les autorités russes ont affirmé que les forces ukrainiennes avaient tenté d’« envahir » cette région et mené des frappes nourries qui ont fait onze blessés, notamment dans la ville frontalière de Chebekino. « Jusqu’à deux compagnies d’infanterie motorisée renforcées par des chars », soit jusqu’à 200 soldats, ont tenté « d’envahir le territoire russe » vers 03h00 du matin (00H00 GMT), a déclaré le ministère russe de la Défense dans un communiqué.
L’assaut a été précédé par le « bombardement d’installations civiles », puis « trois attaques menées par des groupes terroristes ukrainiens ont été repoussées » par les militaires russes, épaulés par l’aviation qui a effectué 11 frappes et l’artillerie qui en a mené 79, a déclaré le ministère de la Défense. Les assaillants « ont subi des pertes importantes » et « ont été repoussés », a-t-il affirmé.
Un groupe se faisant appeler le « Corps des volontaires russes », qui se dit composé de combattants russes pro-Kiev et qui avait revendiqué un rôle dans l’incursion à Belgorod la semaine dernière, a toutefois affirmé jeudi après-midi que ses hommes livraient des combats en territoire russe près de Chebekino.
Il était impossible de vérifier cette affirmation de manière indépendante.
Habitants en fuite
Le gouverneur de la région de Belgorod, Viatcheslav Gladkov, a de son côté rapporté des « frappes ininterrompues » ukrainiennes sur la zone, y compris au lance-roquettes multiples Grad, très destructeur.
Ces frappes ont visé Chebekino, ville comptant 40 000 habitants et située à une dizaine de kilomètres de la frontière ukrainienne, faisant au moins neuf blessés et endommageant plusieurs bâtiments. « Le bâtiment d’un foyer touché par les obus est en flammes, celui de l’administration (locale) a également subi des dégâts », a détaillé M. Gladkov, précisant que la ville n’avait plus d’électricité. Des vidéos sur les réseaux sociaux montraient plusieurs immeubles résidentiels dont la toiture était enflammée.
Selon M. Gladkov, le village de Novopetrovka, également situé dans la région de Belgorod, a lui aussi été visé par des frappes qui ont blessé deux enseignants d’une école locale.
Face à cette situation, les habitants des zones bombardées fuient et sont accueillis dans des centres d’accueil temporaires. « Le plus grand centre d’hébergement temporaire municipal se remplit progressivement, donc tous les arrivants venant de Chebekino sont envoyés de façon organisée vers d’autres centres inoccupés », a indiqué M. Gladkov.
Aucune condamnation internationale, accuse le Kremlin
Le Kremlin a dénoncé une absence de critiques internationales après des frappes ukrainiennes sur la région russe de Belgorod. « La communauté internationale a toutes les possibilités de voir des images, de lire des articles où l’on décrit les frappes sur des immeubles résidentiels, des infrastructures sociales, etc. », a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. « Et toujours pas un mot qui critiquerait ou condamnerait le régime de Kiev pour cela », a-t-il accusé, assurant que cette attaque n’aura « aucune influence » sur la conduite de la campagne militaire russe en Ukraine.
M. Peskov a souligné que Vladimir Poutine obtenait « en permanence » des informations des services de sécurité et autorités sur place et que le président s’occupait « activement » de le fourniture d’aide aux civils fuyant les combats.
Trois tués à Kiev
Les frappes et les affrontements dans la région de Belgorod sont la situation la plus grave rapportée en Russie depuis le début du conflit en février 2022. Elle se produit alors que l’Ukraine dit préparer depuis des mois une contre-offensive d’ampleur.
Mercredi, les autorités russes avaient déjà commencé à évacuer les enfants de zones particulièrement touchées dans cette région.
La capitale russe, Moscou, a elle été visée mardi par une attaque de drones sans précédent, qui a fait deux blessés légers et des dégâts mineurs, selon les autorités. Côté ukrainien, la capitale Kiev a été la cible tôt jeudi d’une nouvelle attaque qui a fait au moins trois morts, dont un enfant.
Selon les autorités ukrainiennes, la défense anti-aérienne a détruit les dix missiles russes ayant visé la ville, mais la chute des débris, qui sont notamment retombés aux abords d’une clinique pédiatrique dans le quartier de Desnianski, a fait trois morts et 16 blessés.
Selon le ministre de l’Intérieur Igor Klymenko, les trois personnes décédées tentaient d’accéder à un abri antiaérien mais celui-ci était fermé en dépit de l’alerte en cours.
Bien que nous ayons relayé ce matin une vidéo de Jacques baud invité par Ligne droite, nous ne saurions trop vous conseiller de prendre le temps de visionner aussi celle qui suit. Interrogé par Irina Dubois pour le Dialogue franco-russe, Jacques Baud y a tout le temps pour développer son propos, sans jamais être interrompu par un journaliste pressé de poser la question suivante. Bien sûr, une partie du contenu recouvre ce qu’il a récemment pu dire par ailleurs. Mais on peut aussi y entendre des développement inédits.