Selon des informations obtenues par Le Monde, la couronne saoudienne a récemment envoyé un courrier à la présidence française, dans lequel Riyad se dit prêt à mener une « action militaire » contre le Qatar si ce dernier acquiert, comme il en a exprimé l’intention, le système de défense antiaérien russe S-400.
L’ambassadeur du Qatar à Moscou, Fahad Bin Mohamed Al-Attiyah, avait affirmé en janvier que son pays entendait se doter de ce modèle de missiles antimissiles, considéré comme l’un des plus performants au monde, précisant que les tractations avec le Kremlin étaient à un « stade avancé ». Un mois plus tard, Riyad avait reconnu à son tour être en lice pour obtenir ces batteries sol-air.
Dans la lettre envoyée à l’Élysée, dont le contenu a été dévoilé au Monde par une source française proche du dossier, le roi Salman exprime sa « profonde préoccupation » vis-à-vis des négociations en cours entre Doha et Moscou. Le souverain saoudien s’inquiète des conséquences qu’une installation des S-400 sur le territoire qatari aurait sur la sécurité de l’espace aérien saoudien et met en garde contre un risque d’« escalade ».
Guerre froide
Dans une telle situation, « le royaume serait prêt à prendre toutes les mesures nécessaires pour éliminer ce système de défense, y compris une action militaire », écrit le monarque, qui conclut son courrier en demandant à Emmanuel Macron son aide pour empêcher la vente et préserver la stabilité de la région.
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Les menaces proférées dans la lettre sont symptomatiques de la guerre froide qui déchire depuis un an le Conseil de coopération du Golfe (CCG), le club des pétromonarques de la péninsule Arabique. Le Qatar est accusé par ses voisins de soutenir les mouvements terroristes au Proche-Orient et de faire preuve de complaisance à l’égard de l’Iran, l’ennemi numéro un de Riyad et d’Abou Dhabi.
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Frénésie d’achats d’armes
Intimement persuadés qu’ils ont échappé de peu à une invasion militaire en juin 2017, les dirigeants qataris se sont lancés depuis cette date dans une frénésie d’achats d’armes, destinée, dans leur esprit, à dissuader leurs voisins.
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Dans cette débauche d’achats, l’acquisition de S-400 russes marquerait un tournant. Une telle transaction rapprocherait subitement Doha de Moscou, en dépit des profondes divergences qui existent entre les deux pays, comme sur le dossier syrien. Pareille évolution pourrait irriter les États-Unis, qui entretiennent une base militaire au Qatar et constituent son pourvoyeur historique en armes.
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