Le ministère des Finances allemand a publié un rapport mensuel sur lequel le Spiegel s’est penché. Selon le magazine, Berlin aurait ainsi consacré des dizaines de milliards d’euros depuis 2015, soit plus de 96 milliards d’ici à 2020 au total.
Selon un rapport du ministère des Finances allemand publié ce 27 janvier 2017, le gouvernement d’Angela Merkel a dépensé quelque 21,7 milliards d’euros pour faire face à la crise migratoire. Et pour 2017, 21,3 milliards sont d’ores et déjà provisionnés.
Cela comprend les frais d’accueil, d’enregistrement des migrants mais aussi de logement, soit plus de 3 milliards d’euros, auxquels il faut ajouter 9,3 milliards versés directement aux régions allemandes, les Länder, pour faire face plus localement et directement à la même tâche.
Plan de « relance économique » ?
Le gouvernement fédéral allemand présente la dépense comme un « paquet de mesures de stimulus économique », mais si l’argent est bel et bien injecté dans l’économie selon la doctrine keynésienne, où il est censé générer de l’activité, il vient tout de même de la poche du contribuables.
« Vous pouvez le voir aussi comme un plan de relance économique », estime Ferdinand Fichtner, chef de l’Institut allemand de recherche économique, le DIW, et cité par le magazine allemand Der Spiegel, précisant qu’une grande part des sommes versées par l’Etat fédéral ont été dépensées en approvisionnement de nourriture et en logements pour les migrants, faisant travailler les entrepreneurs et les fournisseurs locaux.
Selon les chiffres officiels, l’Allemagne a accueilli quelque 890 000 migrants en 2015 pour ensuite réduire le flux à 600 000 en 2016 selon les chiffres de l’agence Reuters, et 400 000 prévus pour 2017.
Angela Merkel en difficulté quant à sa politique migratoire
La politique de « porte ouverte » à l’immigration de masse d’Angela Merkel fait l’objet de nombreuses critiques en Allemagne, du parti souverainiste Alternative pour l’Allemagne (AfD) jusque dans les rangs même du parti de la chancelière, alors que cette dernière brigue un quatrième mandat en 2017. A la tête de l’Etat fédéral allemand même, Sigmar Gabriel, vice-chancelier allemand a appelé en janvier 2017 à tolérance zéro à l’égard de l’islamisme et à la fermeture des mosquées salafistes.
Angela Merkel a, pour sa part, reconnu des erreurs dans sa politique migratoire, après la série d’attaques qu’a connue l’Allemagne. Après la vague d’agression sexuelles de Cologne du 31 décembre 2015 à l’attentat au camion du marché de Noël de Breitscheidplatz à Berline un an plus tard, en passant par les nombreuses attaques de l’été 2016 qui ont choqué l’opinion les lignes ont bougé en Allemagne, concernant le bien-fondé du « multi-culturalisme ». Pour espérer l’emporter la chancelière a dû amender ses positions sur la question et se montrer plus dure, au risque de brouiller son message.