Il serait absurde de croire en une relation entre la guerre des six jours survenue en 1967, et l’affaire Ben Barka, leader de l’opposition socialiste marocaine disparu le 29 octobre 1965 en France. Pourtant les deux affaires qui ne semblent avoir les mêmes importances, ni les mêmes objectifs, sont fortement liées.
Rappel des faits :
En 1965, le roi Hassan II reçoit les plus grands dirigeants de la Ligue arabe à Casablanca. Objectif : discuter des stratégies militaires à adopter pour faire la guerre à Israël. Cependant, d’autres invités sont conviés officieusement à ce meeting et occupent le dernier étage d’un luxueux hôtel. Il s’agit d’un groupement du Mossad et des Shin Bet (service de sécurité intérieur israélien), surnommé « les oiseaux ». Mais pris de panique au dernier moment, Hassan II les pria de partir car il craint qu’ils ne soient tous démasqués.
L’opération n’est pas un échec pour autant, car au terme de cette rencontre, Hassan II livre au Mossad un enregistrement audio complet des échanges qui ont eu lieu entre les différents dirigeants. Du pain béni pour Israël qui a pu avoir des informations cruciales sur tous les rangs armés, leurs faiblesses et leurs stratégies. Ces écoutes ont révélé un clivage politique entre deux chefs d’État : Nasser d’Égypte et Hussein de Jordanie.
En 1967, sur la base de ces informations, restées secrètes, Israël attaque quatre pays arabes (Égypte, Liban, Jordanie, Syrie) soit deux ans après cette rencontre.
Mais pourquoi Hassan II aurait-t-il trahi la Ligue arabe ?
Le Maroc a toujours entretenu des relations stratégiques avec Israël. Hassan II aurait permis la migration des juifs marocains vers ce pays en échange de la formation de ses militaires.
Qu’attendait Hassan II en échange de cet enregistrement ? Bava-Batra est cette récompense. Il s’agit du nom de code donné par le Mossad désignant Ben Barka qui fut kidnappé le 29 octobre 1965 soit un mois après la rencontre de Casablanca. Grâce à la complicité des « oiseaux », des services secrets marocains, de la police française et de quelques malfaiteurs, le corps de Mehdi Ben Barka ne sera jamais retrouvé. Les circonstances de sa mort ne seront jamais élucidées.
Ce coup double fut un énorme succès, tant pour Hassan II qui a réussi à éliminer son principal ennemi de l’époque, que pour Israël qui a remporté le combat au terme de six jours d’affrontement.