Après une jeunesse mouvementée, la sœur de BHL, issue d’une famille juive non pratiquante, a trouvé sa voie dans la religion catholique.
Paris Match : Votre nom rappelle que, selon la tradition, vous descendez d’une des douze tribus d’Israël. Pourtant, vous avez décidé de vous convertir au catholicisme.
Véronique Lévy : Mon arrière-grand-père était rabbin, mais mon père était très laïque. Je n’ai donc pas reçu d’éducation religieuse. C’est sur une page blanche de toute religiosité qu’est née ma foi. Le Christ est venu me chercher lorsque j’avais 3 ans, sur une plage du sud de la France, par l’intermédiaire d’une petite fille, Coralie, qui m’a dit : « Si tu ne crois pas en Jésus, tu seras emportée par les robots. » Elle m’a appris le Notre Père et le Je vous salue Marie, que je me suis mise à réciter en cachette de mes parents.
Quel genre de petite fille étiez-vous ?
Très solitaire et craintive, capable tout de même de bravoure, une fillette qui n’hésitait pas à s’éloigner très loin du rivage sur son bateau pneumatique ! J’adorais les lieux déserts, abandonnés. Les gens défendus. Mes deux obsessions étaient d’être amoureuse et de trouver un médicament contre la mort.
Quels étaient vos rapports avec vos deux frères aînés, Bernard-Henri et Philippe ?
Ils avaient vingt ans de plus que moi. Philippe ayant eu un grave accident, ma mère lui consacrait beaucoup de temps. C’était une femme peu tactile ; et moi, j’étais en manque d’affection. Mon père, auquel j’étais très attachée, me prenait sur ses genoux : « N’oublie pas que tu es une princesse. Tu fais partie d’une des familles juives les plus anciennes. » Moi, cela ne me disait rien. À l’école, on m’avait surnommée « Pont-Levis ».
Chez vous, nul n’évoquait jamais la guerre et les persécutions contre les Juifs ?
Mes frères parlaient très souvent de la Shoah et cela m’agaçait. J’avais envie d’aller vers la lumière, vers la vie. [...]
Aviez-vous parlé de votre projet à votre famille ?
Quand j’ai annoncé à Bernard-Henri que j’allais devenir catholique, il a cru que j’étais folle. Il m’a dit : « C’est une toquade. Je suis certain qu’elle te passera et que tu reviendras au judaïsme. » Je lui ai répondu : « Je suis revenue au judaïsme puisque je suis catholique. » Le chrétien est un juif accompli et fidèle. Mon frère est tout de même venu à mon baptême et à la veillée pascale.