La présentatrice de la chaîne israélienne en français de Patrick Drahi, qui possède en outre RMC et BFM TV, n’y va pas de main morte, ce jeudi 14 mai 2020 : « Pour nous, vous êtes un visionnaire ». Ce serait une opération de récupération du soldat Raoult, malmené par les médias mainstream français, qu’on ne s’y prendrait pas autrement !
« Je pense qu’une des raisons majeures de ce problème a été que beaucoup de gens qui se sont occupés de ça, ici comme ailleurs, sont des gens qui depuis 25 ou 30 ans travaillent sur des infections chroniques comme le sida, par exemple, et ont perdu le sens de ce qu’est une épidémie, de la nécessité d’agir rapidement et de prendre des décisions rapides... »
Traduction : je ne suis pas l’institut Pasteur qui capitalise sur une infection et qui met des années à ne pas trouver un vaccin tout en engloutissant d’énormes budgets en dons et subventions.
« Et donc moi, j’étais mal à l’aise, parce que le sentiment que j’avais, c’était que la question était de savoir quel traitement expérimental on allait mettre en place et que c’était devenu la seule préoccupation ; et la communication s’est beaucoup faite autour de “puisque il y a aucun traitement qui soit reconnu pour l’instant, on ne fait rien et on attend un traitement expérimental”. On n’a toujours pas les résultats d’ailleurs en France, alors que l’épidémie est finie. »
Ou comment flinguer la meurtrière politique de santé du gouvernement et de ses sponsors du Big Pharma !
Si la charmante présentatrice israélienne au décolleté étudié verse tout son pot de cirage sur les chaussures du professeur, avec une arrière-pensée très politique (on imagine une coproduction Drahi-Macron sur ce coup médiatique), on aurait aimé que des journalistes français de l’audiovisuel posent des questions dans ce même esprit de connaissance et d’ouverture au lieu de suivre un protocole de dénégation systématique calqué sur les besoins du couple Lévy-Buzyn et de leurs obligés...
« Alors vous avez eu l’oreille des grands de ce monde, le président français Emmanuel Macron vous a rendu visite à Marseille, Donald Trump a relayé votre traitement, Didier Raoult vous êtes entré au panthéon des héros pendant cette épidémie en incarnant l’esprit rebelle de cette ville de Marseille, est-ce que c’est ça qui vous a valu autant d’ennemis selon vous ? »
Raoult répond qu’il s’en fiche, la journaliste revient alors à la charge :
« Votre personnalité scientifique était indiscutable, vous êtes maintenant devenu le scientifique français le plus populaire dans le monde, et nos confrères du New York Times vous ont même gratifié de leur page de couverture, vous intriguez, hein, Professeur Raoult... »
Personnellement, on n’aurait pas résisté à une telle question qui n’en est pas une, et encore moins au petit sourire coquin de la journaliste... On peut dire qu’i24news met le paquet, comme Bigard à son époque ! Raoult revient alors sur la raison pour laquelle son protocole a dérangé en haut lieu :
« Si vous dites maintenant, alors qu’on dépense des centaines et des centaines de millions pour trouver de nouvelles molécules, que “vous savez il suffit de recycler des molécules anciennes qui sont génériques et qui ne coûtent rien”, vous sciez toute une branche de la science qui s’est développée depuis 20 ans et donc vous avez les plus grandes difficultés à trouver des gens qui regardent ça avec un œil favorable... Tous les changements entraînent une adversité... Comment développer une molécule qui n’est plus rentable, on ne sait pas le faire dans notre monde. »
Plus la présentatrice pose des questions agréables qui ne sont que des compliments tournés, plus on pense qu’elle a été briefée par sa hiérarchie. Il a fallu attendre trois mois et une interview sur une chaîne israélienne pour voir le professeur être écouté et non maltraité par le système médiatique ! C’est à 9’34 justement qu’est abordé « le traitement médiatique de cette crise ». Après avoir mis son compte au gros business pharmaceutique, Raoult va le mettre au business médiatique.
« Il y a une révolution qui explique beaucoup de tensions, je suis désolé pour les médias traditionnels mais je pense que les médias traditionnels sont en train de rentrer en conflit frontal avec les réseaux sociaux et YouTube par exemple comme chaîne d’information. Moi, je dois dire que, la plupart du temps, les informations sont de meilleure qualité sur YouTube que sur les médias, donc il y a une révolution à faire, il y a une mise en danger des médias traditionnels qui se traduit aussi par beaucoup de violence. »
Et là, le coup de poignard final, in cauda venenum :
« Et moi sur un podcast j’ai trois fois la notoriété du journal Le Monde, je comprends que le journal Le Monde ne m’aime pas, vous voyez. Moi ça coûte rien, ça ne me rapporte rien et donc je deviens un rival incontrôlable dans l’information, la clarté ou la réalité de l’information, parce que je n’ai pas d’a priori du tout dans la vie. »
Le professeur poursuit son analyse sur le conflit entre médias traditionnels et médias internet, il peut en parler en connaissance de cause puisqu’il a été pris au cœur de ce conflit :
« Donc là vous êtes dans un enjeu qui est un enjeu extraordinaire, vous, le monde des médias traditionnels, que ce soit les journaux, que ce soit la télévision, on ne peut pas ignorer cette évolution absolument considérable et le rôle que prennent les réseaux sociaux dans l’information. Donc on voit que les médias traditionnels souvent - ça m’est arrivé à moi d’ailleurs - identifient comme des fake news des news qui ne sont pas relayées par les médias traditionnels, mais les médias traditionnels ne relayent pas plus d’informations exactes que les réseaux sociaux. Donc on est dans un tournant historique aussi de la distribution de l’information qui elle aussi explique des conflits qui me dépassent de très loin. »
Joli coup médiatique de la chaîne sioniste, qui récupère ainsi une partie du capital sympathie que le professeur a généré sur les réseaux sociaux. Ce que les médias français n’ont pas le droit de faire, pris à la gorge qu’ils sont par les injonctions d’un pouvoir profond qui les tient en vie.
Quant au Monde, il prend une gifle bien méritée, ce qui arrange les affaires du président Macron. Cette interview inattendue – mais qui a sa logique – illustre le combat en haut lieu entre le pouvoir présidentiel et le pouvoir profond. Du côté israélien, en soutenant l’homme providentiel français (Raoult) sur le mode « nul n’est prophète en son pays », on envoie le message très attalien que la France fait fausse route et qu’Israël est bien le réparateur du monde...