Marisol Touraine a proposé au cours d’un entretien avec le quotidien Le Parisien-Aujourd’hui en France, la tenue d’un débat national sur la politique de vaccination visant à enrayer la méfiance grandissante du public.
Dans les colonnes du journal elle a reconnu que « le doute est beaucoup plus élevé en France que dans la plupart des pays européens (…) On l’a mesuré ce printemps encore, face à l’épidémie de rougeole qui s’est déclarée dans quatre écoles en Alsace ». Elle aurait aussi pu évoquer le cas de cet enfant, infecté par le tétanos, hospitalisé à Tours depuis plusieurs semaines.
Le tournant de la grippe H1N1
La ministre avance que la circonspection actuelle vis à vis de l’immunisation a augmenté en raison de la campagne 2009 contre la grippe-A (H1N1) « qui a incontestablement marqué un tournant ».
Ces craintes prennent « également corps au sein d’une interrogation plus générale vis-à-vis des médicaments », souligne-t-elle,
Débattre, oui, mais avec qui et pourquoi ?
On se rappelle de la polémique qu’avait provoquée la pétition emmenée par le Professeur Joyeux au printemps dernier.
Marisol Touraine avait alors, plutôt que d’avancer des arguments scientifiques, directement attaqué la personne d’Henri Joyeux : « La campagne est menée par un médecin qui s’est déclaré contre la pilule, contre l’avortement, qui a pris des positions rétrogrades sur toute une série de sujets », avait-elle ainsi indiqué.
Un angle d’attaque qui n’avait pas manqué d’être raillé par l’intéressé qui, dans une lettre ouverte, faisait remarquer : « Manquez-vous donc tant d’arguments que vous vous soyez sentie obligé d’attaquer des convictions scientifiques sur des sujets totalement différents des vaccins, la pilule et l’avortement ». Dans la même missive, il réclamait également l’organisation d’un face à face télévisé… qui n’a bien entendu pas eu lieu.
Avec qui débattre ? Et que pourrait-on en attendre ? Une remise à plat de la politique vaccinale actuelle, notamment en ce qui concerne le caractère obligatoire de certains vaccins (dont la liste n’a pas été revue depuis 1964), est-elle envisageable ?
Ce débat, dont la forme reste à déterminer, et pour lequel il est promis une « complète transparence », sera lancé après la publication, à l’automne, d’un rapport d’une mission visant à « réconcilier les français avec la vaccination » du député PS de la Seine-Maritime, Sandrine Hurel.