Depuis que l’homme fait l’Histoire (et aussi que l’Histoire fait l’homme), chaque date de l’année renvoie à un événement. Ce 27 mai 2017 renvoie à la guerre Russie/Japon de 1905, cette préfiguration de la Première Guerre mondiale, la dernière offensive allemande en 1916, la reddition d’Abd el Krim en 1926 dans une guerre terrible contre l’Espagne puis la France, le grand vainqueur de 14-18 qui mettra des années à venir à bout du grand stratège marocain, l’attentat contre Heydrich en 1942, quand les attentats visaient encore des dirigeants, avant que le terrorisme ne se démocratise, et enfin le bombardement des quatre grandes villes du sud de la France, Marseille, Avignon, Nice et Nîmes en 1944 par l’aviation alliée. 1 800 morts pour la préparation du débarquement allié en Provence...
27 mai 1905 : bataille navale de Tsushima (entre le Japon et la Russie)
La situation militaire de la Russie en guerre contre le Japon se dégradant en Extrême-Orient, Nicolas II décide l’envoi d’une escadre de secours (4 cuirassés à peine achevés, 11 cuirassés et croiseurs anciens ou hors d’âge, 9 destroyers). Partie de la Baltique, aux ordres de l’amiral Rojdestvenski, l’escadre parvient à l’entrée du détroit de Corée en vue de l’île de Tsushima le 27 mai 1905, après un périple de sept mois de navigation épuisante pour contourner l’Afrique puis traverser l’océan Indien et les mers de Chine.
Elle est attendue par l’amiral Tōgō avec 4 cuirassés, 8 croiseurs cuirassés, 14 croiseurs et 21 torpilleurs. Le tir japonais, très précis, disloque les trois lignes russes. En quelques heures, les quatre cuirassés de tête sont mis hors de combat. Rojdestvenski, blessé, est fait prisonnier. Son remplaçant Nebogatov capitule avec les rares bâtiments rescapés le 28 mai au matin. Seuls un croiseur et deux destroyers rallieront Vladivostok. Le reste de l’escadre russe est coulé, capturé ou interné. Les Russes comptent 5 000 morts, 6 000 prisonniers et 700 blessés, contre seulement 600 hommes mis hors de combat pour les Japonais. Cette victoire japonaise eut un grand retentissement à l’époque en Asie et fit entrer le Japon dans le cercle des grandes puissances maritimes.
27 mai 1918 : Ludendorff attaque au Chemin des Dames
Après les échecs dans ses tentatives de percée du front occidental en Artois et dans la Somme, Ludendorff lance son ultime attaque dans la région du Chemin des Dames, théâtre de la coûteuse offensive Nivelle un an plus tôt. Les Stosstruppen (troupes d’assaut) reprennent en un jour le terrain conquis en un an par les Français et ne seront arrêtés que sur la Marne à la fin du mois, grâce à l’engagement précipité des premières unités américaines : c’est le « Caporetto » de la France.
27 mai 1926 : reddition d’Abd el Krim
Le chef rebelle et auto-proclamé de la « République du Rif », en guerre contre l’Espagne et la France au Maroc, se rend après 5 ans de combats. Il met ainsi fin à la guerre du Rif.
27 mai 1942 : opération commando contre Heydrich (Prague)
Un commando de parachutistes tchèques, ayant fui l’invasion allemande en France puis au Royaume-Uni, est largué d’un Halifax au-dessus de la Tchécoslovaquie entre décembre 1941 et mars 1942. Après avoir repéré les habitudes du « boucher de Prague », ils lui tendent une embuscade en pleine ville. Mortellement blessé par des éclats de grenades, Heydrich décède le 4 juin.
Chef du RSHA (regroupant tous les services spéciaux), il était le bras droit d’Hitler et de Himmler pour la « solution finale ». La témérité de l’action qui lui coûte la vie exaspère Hitler qui décide une série de représailles particulièrement sanglantes contre la population. Le commando bénéficie de la protection d’une écrasante majorité de Tchèques mais est trahi par un des siens, appâté par la récompense de 10 millions de couronnes. Les paras tchèques retranchés dans une crypte orthodoxe, se battent jusqu’au bout, se réservant leur dernière cartouche.
27 mai 1944 : bombardement de Marseille, Nice, Avignon et Nîmes
250 bombardiers américains volant à haute altitude bombardent les nœuds ferroviaires des grandes agglomérations du Sud-Est dans le cadre de la préparation du débarquement en Provence (opération Dragoon – Aout 1944). À Marseille, le bombardement met fin – involontairement – à une grève de 10 000 ouvriers dirigée par la résistance communiste locale et tue près de 1800 civils.