Justice : la Cour d’appel de Paris examine plus de 800 dossiers d’anciens cheminots de nationalité ou d’origine marocaine, les « Chibanis ».
Ils disent avoir été « spoliés » par rapport à leurs collègues français et demandent « réparation » à la SNCF pour discrimination : 800 cheminots d’origine marocaine, dont le cas est examiné en appel jusqu’à mardi, devront encore patienter jusqu’à début 2018 pour être fixés. [...]
Deux anciens salariés ont été autorisés à s’exprimer au nom des autres. « On travaillait comme des moutons », a raconté le premier à la cour, disant avoir « baissé la tête » parce qu’il avait « une famille sur le dos ».
« On est là pour défendre notre honneur » car « la SNCF a profité de nous », a dit le second, ému aux larmes en évoquant le moment où il a découvert le montant de sa retraite.
En première instance, la SNCF avait été condamnée pour discrimination dans la quasi-totalité des dossiers. Le montant des dommages et intérêts prononcés en septembre 2015 devant le conseil de prud’hommes de Paris, suspendus par l’appel formé in extremis par le groupe public, s’élevait alors à 170 millions d’euros.
Embauchés comme contractuels, donc avec un CDI de droit privé, les Chibanis n’ont pour la plupart pas bénéficié du « statut » plus avantageux des cheminots, réservé aux ressortissants européens, sous condition d’âge. [...]
Pour l’avocat du Défenseur des Droits, ce dossier n’est « pas totalement étranger à notre histoire coloniale ». « C’est une affaire qui résonne, car la SNCF a mis en place une sorte de préférence nationale » qui « doit cesser », estime-t-il.