Un Parlement violet, si ce n’est ultra-violet. Une participation en chute libre (43 %), constituant même un record absolu dans ce type de scrutin. Un Parti socialiste laminé, une droite classique en déroute et éclatée. Une France insoumise finalement ragaillardie puisque, à défaut de siéger à l’Élysée comme elle en avait fugacement caressé l’espoir, elle disposera d’un groupe au Palais-Bourbon. Et un Front national qui déjoue les pronostics de ses détracteurs en faisant élire, seul contre tous, une petite dizaine de ses représentants.
Mais au-delà de ce tableau largement commenté, le second tour des législatives confirme, voire amplifie, ce que les scrutins précédents ont marqué : un fossé social de plus en plus profond.
C’est caricaturalement visible dans l’abstention : plus encore que d’habitude, ce sont bien les classes populaires qui ont fait massivement la grève de l’isoloir. Ces mêmes catégories qui avaient, pour une large part, placé Marine Le Pen au second tour de la présidentielle, et permis à Jean-Luc Mélenchon de créer la surprise au premier tour de celle-ci (même si ce dernier a également rallié beaucoup de bobos des centre-villes, séduits par un discours écologique post-moderne, par ailleurs mortifère au regard de toute espérance de transformation sociale).
Idéologiquement : une France ouverte...à l’ultralibéralisme et à la mondialisation ; contre une France « arc-boutée »...sur sa protection sociale et sa souveraineté.
Ce clivage de classe se reflète dans la sociologie des nouveaux élus. Les candidats macronistes étaient à 70 % issus des classes supérieures et dirigeantes. Du coup, En Marche ! est bel et bien en passe de « renouveler » la classe politique. Mais la question est : dans quel sens ? Certes, le Palais-Bourbon ne brillait pas par l’abondance d’ouvriers, de techniciens, de caissières de supermarché ou de chômeurs.