Des milliers de chômeurs ont défilé dans le calme jeudi dans la ville de Ouargla (sud), au cœur de la zone des hydrocarbures en Algérie, pour réclamer du travail et l’arrêt de poursuites judiciaires, selon des sources concordantes.
"Nous revendiquons le droit au travail et l’arrêt des poursuites judiciaires contre les chômeurs", a déclaré par téléphone à l’AFP le représentant de Ouargla au Comité national pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC), Abdelmalek Aibek.
"Nous sommes des milliers à nous être rassemblés place de la Mairie à Ouargla", a-t-il indiqué, précisant que les manifestants, des chômeurs, mais aussi des syndicalistes et des défenseurs des droits de l’homme (...) sont venus de plusieurs préfectures.
Pour Tarek Maméri, célèbre blogueur opposant et membre du CNDDC, le rassemblement est un succès, c’est le premier succès de notre combat pour la dignité, assurant qu’ils étaient 3 000 manifestants, un chiffre confirmé par des journalistes sur place.
Mais selon une source des services de sécurité, ils étaient un millier, tout en indiquant que le rassemblement s’était déroulé dans le calme.
D’après des journalistes sur place, les manifestants se sont dispersés en début d’après-midi pour éviter des dérapages. Un groupe qui voulait scander des slogans anti-gouvernementaux a été neutralisé par les organisateurs, ont-ils constaté.
La manifestation était une réussite avant même qu’elle n’ait lieu, de par le débat qu’elle a suscité, a jugé un membre de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH), Yacine Zayed.
"Les chômeurs ont prouvé qu’ils étaient très bien organisés", a-t-il ajouté.
Quinze chômeurs seront jugés le 26 mars à Ouargla pour attroupement non armé, tandis qu’un tribunal de Laghouat, une autre ville du sud algérien, a condamné mardi à deux mois de prison, dont un ferme, quatre chômeurs qui avaient manifesté en février devant l’Agence nationale pour l’emploi.
Le chômage touche de plein fouet la jeunesse algérienne. Selon les pouvoirs publics algériens et le FMI, 21,5% des moins de 35 ans sont sans emploi, contre environ 10% pour l’ensemble de la population.
La situation des jeunes s’avère encore plus difficile dans le Sud, du fait du faible développement de la région et de la concurrence de travailleurs venus du Nord, voire de l’étranger.
En prévision de cette manifestation annoncée depuis des semaines, le Premier ministre Abdelmalek Sellal a annoncé lundi que les entreprises dans le Sud devront recruter prioritairement des employés locaux. Le président Abdelaziz Bouteflika a, lui, remplacé le 9 mars les préfets des cinq principales régions du sud, dont Ouargla.