La France a sa part de responsabilité dans cette barbarie. Il faut regarder la vérité en face : la folie criminelle de l’occupant a été tolérée, secondée, parfois même pressée par des Français – hommes politiques, policiers, juges et fonctionnaires trop zélés – et par l’Etat français.
Je n’oublie pas non plus les hommes et les femmes, héros ordinaires, dont l’attitude extraordinaire a permis de sauver trois quarts des juifs de France, sans doute le chiffre le plus élevé de l’Europe occupée.
Sophisme. Si trois quart des Juifs de France ont été sauvés, contrairement à d’autres pays, c’est donc que la France, collectivement, structurellement, a protégé ou tout au moins tenté de protéger les Juifs dans un contexte d’occupation militaire. Les additions de "justes" s’expliquent donc moins par une sorte de mystique incompréhensible du "héros ordinaire" (la nature humaine n’étant pas meilleure en France qu’ailleurs) mais précisément, comme le suggère ce chiffre de 80%, par le sentiment généralement compatissant de la population française à l’égard de ses compatriotes juifs menacés par le régime nazi.
Et si on prend les 20% de juifs déportés, il faudrait pouvoir encore faire la distinction entre les actes de collaboration contrainte ou passive, et les actes de collaboration volontaire liés à une véritable conviction racialiste antisémite, sans doute minoritaires.
Là on est vraiment dans le "un coupable, tous coupable" communautaire, doublement étranger à la culture française catholique et universaliste. Il faut arrêter de nous embrouiller à coups de chiffres et de vouloir faire passer la généralité pour l’exception, et inversement.
Je n’oublie pas les 250 000 soldats français morts sur le champ de bataille.
La preuve : une pauvre ligne dans un discours et jamais rien sur les 100000 soldats tombés l’arme à la main face aux nazis en mai-juin 40, victimes essentiellement non pas des Allemands, mais d’une hiérarchie incompétente, et qui sont toujours dignes de l’oubli et de l’ignorance collective des Français, 70 ans plus tard.
Pour eux, tous morts jeunes et en vain pour le pays, pas une émission télé, pas de discours vibrants et de noms récités avec la larme à l’œil...