Egalité et Réconciliation
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Sous prétexte de l’allongement de la vie…

Chacun, depuis Job, se plaint de la vie, mais jouit maintenant de son allongement, assure-t-on, cependant que la mort se démène ! Et s’il est vrai qu’une frange importante de la population peut statistiquement survivre, les chiffres mêmes disent la déliquescence physique et mentale de tous les âges. A Toulouse, comme on devrait le savoir, le prophète de notre âge économique et professeur de philosophie écossais, Adam Smith a commencé d’écrire son livre sur la richesse des nations, popularisant deux idées, qui jouent sur notre quantité et qualité de vie : le travail industriel, non la terre, fournit la richesse, et la division du travail accroît la production industrielle ; l’artisan/artiste – comme était le paysan - est remplacé par l’ouvrier/machine dont l’acte répétitif engendre dépression, ennui, alcoolisme autrefois, addictions plus modernes aujourd’hui qui sont autant de béquilles illusoires à ce mal être…

Vivre de nos jours, c’est espérer atteindre un siècle d’existence, prolonger une vie de plaisir absurde aggravée par une spiritualité amoindrie. Qu’est-ce qui s’allonge dans la vie ? Celle-ci vaut-elle d’être vécue ? Et de quoi la vie est-elle vie ? Questions ultimes, que l’on ne se pose guère dans le bourbier actuel. Or un œil attentif montre que, selon l’observation psychiatrique connue, l’euphorie est le sentiment d’un siècle qui ignore son mal, un symptôme d’alcoolisme. Et ce sentiment de mieux vivre, d’allongement de vie est-il autre chose qu’un sentiment d’euphorie ? C’est ce que nous prétendons rappeler dans ces lignes, en montrant que des chiffres très exacts peuvent et doivent contredire des affirmations démagogiques.

Une chimère bien utile !

Ceux qui nous gouvernent motivés par leur appétit individuel de gains faciles, ont été bien pressés de nous imposer leur réforme des retraites pour combler leur imprévoyance nourrie de notre étourderie, et leur information sur l’augmentation assurée de la durée de vie n’y était pas étrangère ! Mais l’information tue l’information ! En effet, selon une étude des National Statistics Reports [1], pour la première fois depuis des années, l’espérance de vie des étasuniens est en recul. Les habitants de ce « grand pays moderne et développé », viennent de perdre un mois de vie en 2008, et cela malgré des dépenses de santé en constante augmentation. Bien évidemment, une seule mauvaise année – en tous cas pour le moment - ne renverse pas une tendance mais la progression constante tant vantée n’est plus au rendez-vous dans ce pays modèle des sociétés industrialisées. Nos politiques auraient eu encore plus de peine à nous imposer une mesure si impopulaire sans l’argument massue que nous vivrons plus vieux et en meilleure forme et que nous devons par conséquent travailler plus longtemps ! Car pourquoi les Européens seraient-ils épargnés, et a fortiori les Français, par un mouvement de recul qui se dessine déjà aux Etats-Unis ?

On nous répliquera – et avec raison - que ce pays est celui de tous les excès, qu’il y règne la mal bouffe, que chez nous, un art de la table et de vivre nous protègent en partie des causes de décès qui expliquent ces mauvaises statistiques étasuniennes. Soit, mais pour un temps seulement, car nos traditions se perdent, notre mode de vie se calquant inexorablement sur le modèle anglo-saxon en même temps que les portes des économies européennes s’ouvrent à tous les vents de la mondialisation libre-échangiste sur la volonté de l’autocrate Bruxelles. Nous répondons aussi que ce qui naît en Amérique se déverse fatalement sur nos côtes européennes après quelques années, et ce depuis la Révolution !

Il est indéniable que depuis plusieurs décennies, l’espérance de vie a constamment augmenté : de 1900 à 2000, elle a même presque doublé pour atteindre environ 80 ans, amélioration due aux progrès sociaux et sanitaires plus qu’aux prétendues avancées de la médecine conventionnelle qui s’appuie beaucoup trop sur les molécules chimiques et la technicité, médecine onéreuse s’il en est, et a placé l’approche holistique prônée par les anciens aux oubliettes ! Il faut dire que l’on partait de loin et que la marge de progression était grande. Cependant de tout temps, des individus favorisés socialement ont vécu les longues années pour lesquelles l’être humain est programmé biologiquement si rien ne vient entraver son destin, il est connu que le surnommé Platon entré dans la légende philosophique, est mort octogénaire. Il faut souligner aussi que ce sont principalement les résultats obtenus dans la lutte contre la mortalité infantile (au 18e siècle la moitié des enfants mourrait avant sa dixième année) qui ont participé à faire remonter spectaculairement l’espérance de vie générale !

« Que ton aliment soit ton premier médicament » Hippocrate

Mais, si plusieurs générations ont profité de ces progrès, les modes de vie qui se dégradent ne garantissent plus la poursuite de cette amélioration. Contrairement aux précédentes, d’avant les années 50, les nouvelles générations évoluent dans un environnement où la chimie est devenue la reine de l’industrie agroalimentaire. Pour produire en quantité, le plus vite possible et au meilleur coût, les ingénieurs agronomes, dédaignant la diversité biologique, ont stimulé la production des fruits, légumes et céréales ultra sélectionnés, à coup de produits phytosanitaires dont on retrouve les résidus cancérogènes et dégénératifs sous nos fourchettes et dans nos verres, sans oublier tous les antibiotiques (stimulateurs de croissance) et les vaccins (soi-disant protecteurs) qui participent à l’engraissage au granulé industriel, à la composition douteuse, de tous nos « rôtis sur pattes » encagés qui terminent une vie misérable dans nos casseroles. Et pour finir ce tableau, la transformation de tous ces produits dénaturés qui ont perdu nutriments et saveur et auxquels il faut réinjecter en bout de chaîne de ce processus déshumanisé, des arômes artificiels, conservateurs, colorants, correcteurs d’acidité, émulsifiants, antiagglomérants, gélifiants, agents enrobant, tout aussi peu ragoûtants les uns que les autres [2]. Nous défions quiconque de visiter une de ces usines à nourrir l’humanité et d’en sortir mis en appétit !

Et c’est à ces générations « empoisonnées » à petits feux – les effets cumulatif et synergique de ces molécules font le poison - que l’on voudrait faire croire qu’elles vivront plus vieilles que leurs aînées et qu’elles doivent donc se remettre à travailler plus longtemps, enfin pour ceux qui parmi elles réclament du travail, s’estiment heureux d’y accéder et n’obtiennent que la galère !

Rien n’est moins évident car ces prédictions optimistes sont faites en tablant que les conditions de santé des populations s’amélioreront de la même façon qu’elles l’ont fait jusqu’à présent. Les conséquences des différentes pollutions alimentaires et environnementales auxquelles nous sommes constamment exposés depuis notre plus jeune âge, commencent à être pourtant bien connues et ne peuvent plus être tues tant elles sont nombreuses et graves : perturbation des fonctions de reproduction, affaiblissement du système immunitaire, incidence croissante des cancers, des troubles endocriniens, des maladies de l’appareil respiratoire, explosion des troubles cardio-vasculaires et des maladies auto-immunes… Pour autant, les impacts de ces pollutions sur la durée de notre vie n’apparaissent pas encore dans les résultats actuels des calculs de l’espérance de vie.

Des enfants en plus mauvaise santé que leurs parents au même âge !

Il faut traquer dans nos assiettes et notre milieu de vie, la cause probable, depuis 30 ans dans tous les pays industrialisés, de l’incidence en augmentation des cancers infantiles, du diabète de type 2 chez l’enfant autrefois diabète de l’âge mûr, des malformations congénitales… incidence qui ne peut pas s’expliquer par l’amélioration des techniques de dépistage, celles-ci ne révélant ni plus ni moins que ce qui est ! Et c’est sans parler de la bombe à retardement démographique que représente l’obésité - que l’on peut qualifier d’endémique aux USA - de plus en plus fréquente dans la nouvelle génération française, l’obésité étant facteur de risque associé aux maladies cardio-vasculaires, au diabète et à certains cancers. En mars 2005, un enfant sur 5 était en surpoids ou obèse en Europe. Si près de deux tiers de ces enfants reste obèse toute leur vie, cela réduit leur vie de sept ans en moyenne !

Comment peut-on nous faire espérer, dans ces conditions, un accroissement constant de notre espérance de vie et de celle de nos enfants ? Seul un changement radical de notre mode de vie - peu probable à court et moyen terme car c’est à une révolution de nos habitudes qu’il faudrait nous résoudre - pourrait désamorcer ces mauvaises perspectives.

Certains dans la communauté scientifique tentent d’alerter l’opinion et les pouvoirs publics de la catastrophe sanitaire qui s’annonce. Un de ces lanceurs d’alerte, Claude Aubert avait déclaré dans un livre : « Nous vivrons moins longtemps que nos parents, de même que nos enfants vivront moins longtemps que nous » [4], alors que des « Madame Irma » consensuels nous serinent sans preuve pour appuyer des changements mal reçus qu’« un bébé sur deux qui naît aujourd’hui dans les pays développés deviendra centenaire. »

Déconstruire le discours.

L’affirmation que nous vieillissons plus qu’avant est une manipulation intentionnelle des faits. En réalité, nous atteignons pour ainsi dire le même âge sans grande évolution depuis ces dernières années : environ 78 ans pour les hommes et 85 ans pour les femmes. Et c’est logique : plus l’espérance de vie augmente et se rapproche de la limite biologique connue, plus sa progression exige un recul significatif de la mortalité à des âges avancés. Ce qui a changé réellement, c’est que nous avons été plus nombreux à atteindre ce palier moyen. Mais dans quel état ? Car on oublie souvent de nous dire qu’il existe un autre paramètre d’importance, c’est l’espérance de vie en bonne santé. Et celle-ci n’est en France que d’environ 62 et 64 ans, respectivement pour les hommes et les femmes. Ce qui revient à travailler au vu de l’âge de la retraite actuel - 62 ans à partir de 2018 - jusqu’à la limite de la bonne santé. On s’achemine vers une société de retraités malades, dont les cas d’Alzheimer ou de Parkinson ne sont pas des moindres, pour le plus grand profit de l’industrie pharmaceutique qui se trouve être un autre chaînon du secteur de la chimie. D’un côté, il nous rend malade, de l’autre il prétend nous soigner !

Un médecin toulousain érudit qui fut auteur de nombreux livres sur les yogas permis ou dangereux à l’équilibre humain, et sur la gymnastique corrective, notamment sur l’espalier suédois, feu André de Sambucy a écrit déjà en 1968 : « La chimie tuera l’homme après l’avoir rendu fou, déformé et pourri, mais elle a la protection des nations, elle fait vivre tant de gens ! Quand on a des milliards à sa disposition, il est facile de s’étendre, de s’infiltrer partout. Il nous faut absorber, de par le Roy, c’est-à-dire pour obéir aux lois que font voter les trusts, ces poulets qui font tomber les moustaches et grossir les fesses des cuisiniers (c’est comme cela que la chose fut découverte), ces déchets d’uranium qui font grandir les enfants français de 20 cm par les fémurs et les tibias... ces airs pourris et vides, ces airs morts des salles de conférences et des bureaux, ces airs chimiques, mortellement chimiques quand le moteur est en panne et il s’y met souvent… Il nous faut absorber ce pain cancérigène et blanchâtre et mollasse, ces viandes de bestiaux malades, il nous faut utiliser ces lanières et ces surfaces de substances qui ressemblent au cuir et ne sont pas du cuir, il nous faut revêtir ces tissus chimiques qui coupent l’électricité du corps des forces cosmiques ambiantes et nous mettent dans un bocal, à cuire dans notre jus. Il nous faut faire pénétrer dans notre viande ces vaccinations qui tuent les gens sous prétexte de les protéger d’une maladie qu’ils n’auront pas. La chimie commande, les trusts font voter des lois. L’homme de tous les pays est et sera de plus en plus l’esclave, le larbin des trusts chimiques, drogo-chimiques, pharmaceutiques, médico-pharmaceutiques. Les espoirs pour ces milliardaires sont immenses. Leur règne prodigieux ne fait que commencer. »[4]

« Je pourrais vous en dire plus sur ce qui se prépare, mais vous ne me croiriez pas » ainsi s’exprimait cet auteur, né dans une illustre famille toulousaine issue de la Renaissance et dont pas une rue ne portera bien sûr son nom dans sa ville natale. Trop grand ! Revenons sur notre planète drogo-chimique, avec l’œil innocent du Petit Prince de Saint- Exupéry. In fine, outre la réforme des retraites – étalée par étapes successives pour faire avaler la pilule - laquelle consiste à terme à en finir avec le système par répartition qui s’appuie sur le concept de solidarité nationale et avait, ce fait est peu connu et pour cause, été initié partiellement par le régime de Vichy puis prorogé et généralisé à la Libération par le programme du Conseil National de la Résistance, c’est la réforme du système de Santé, qui lui est liée, qui est dans le viseur des libéraux. Le marché juteux de la santé des seniors, souvent victimes de maladies chroniques nécessitant des soins coûteux jusqu’à la fin de leur vie, sera transféré à terme aux assureurs privés qui attendent en embuscade que la Sécurité Sociale, elle aussi issue des conquêtes sociales de l’après-guerre, soit moribonde. Mise à mort organisée sciemment mais c’est un autre sujet !

La question de la durée de la vie humaine reste secondaire relativement à celle de la qualité de vie. Et le reste appartient aux statistiques. Mais justement ces statistiques devraient davantage parler et s’appliquer à des domaines précis, et non point refléter des propos de candidats électoraux sur le légendaire progrès de l’espèce humaine.

F. Balme

Notes :

1. http://www.cdc.gov/nchs/data/nvsr/n...

2. Un exemple parlant : http://terrefuture.blog.free.fr/ind...

3. « Espérance de vie, fin des illusions » de Claude Aubert, aux Éditions Terre Vivante, 2006

 






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