C’était à prévoir. Tout comme les attentats de janvier et la lutte antiterroriste ont servi de prétexte à la loi sur le renseignement qui instaure la surveillance généralisée, la lutte contre la radicalisation djihadiste sert à justifier la mise en place d’un contrôle resserré sur les écoles hors contrat.
Najat Vallaud Belkacem, ministre de l’Éducation nationale, l’a annoncé hier : elle entend déployer un « pôle » de surveillance au sein de l’Inspection générale qui sera chargé de ce contrôle renforcé. Premières cibles – au moins par le nombre – les établissements de confession catholique, qui forment l’immense majorité de ces écoles vraiment libres.
Les nouvelles écoles hors contrat sont déjà soumises à une obligation de déclaration préalable auprès des services du maire, du procureur de la République (!), du préfet et du recteur d’académie. Un lourd parcours qui multiplie les embûches et les possibilités de refus. Chargés de contrôler « l’hygiène » et les « bonnes mœurs », ces autorités n’ont pas un droit de regard direct sur les contenus de l’enseignement. Mais dans la pratique on sait combien ces exigences matérielles, de plus en plus tatillonnes, pèsent sur l’enseignement hors contrat, offrant la possibilité d’un contrôle idéologique déguisé.
Antiterroriste ? Le contrôle des écoles hors contrat ne se bornera pas à la traque des djihadistes…
« La jurisprudence est plus claire aujourd’hui et permet de vérifier qu’on n’y prêche pas des choses contraires aux valeurs de la République », a déclaré le ministre en réponse à une question de Jacques Myard (UMP), député des Yvelines.
L’information est rapportée par Caroline Beyer, du Figaro, qui axe son article autour de la réalité des (rares) écoles hors contrat islamiques.
C’était d’ailleurs le sens de la question de Jacques Myard, qui interrogeait Najat Vallaud-Belkacem sur une autorisation accordée à un chef d’établissement « qui n’avait pas la nationalité française », qu’il qualifiait de « problématique ». Sans cette question, on n’aurait peut-être pas su que le ministre entendait déployer ce nouveau « pôle » pour permettre la mise en coupe réglée des écoles hors contrat.
Mais c’est l’ensemble des écoles hors contrat qui sont visées, et à n’en pas douter c’est tout le sens de cette nouvelle réforme qui est bien moins « antiterroriste » qu’idéologique, parfait déploiement du plan de refondation de l’école décidé par Vincent Peillon.
Najat Vallaud-Belkacem s’engage dans la prévention des « dérives sectaires » : les écoles catholiques hors contrat dans le viseur
Mme Vallaud-Belkacem a annoncé que depuis décembre 2014, dans le cadre de la prévention des « dérives sectaires », quatre inspecteurs généraux ont reçu mission spéciale pour travailler sur le « hors contrat ».
Caroline Beyer cite l’« entourage » du ministre qui a donné cette précision supplémentaire :
« Le but est de systématiser les inspections. La liberté d’enseignement ne connaît qu’une limite : le respect des valeurs de la République. »