Le Conseil supérieur de l’audiovisuel a interdit cette année l’utilisation des drapeaux dans les spots officiels des candidats à l’Elysée.
À compter du lundi 10 avril, la présidentielle entrera dans la période dite de « campagne officielle » où un certain nombre de règles et traditions entrent en vigueur. Egalité stricte des temps de parole, affichage des panneaux électoraux, envoi des professions de foi et diffusion sur les antennes du service public des clips de campagne des candidats. Un exercice particulièrement surveillé par les autorités de régulation. A l’heure de YouTube et de l’essor de la vidéo en direct, les onze candidats à la présidence de la République enregistrent cette semaine une série de clips très officiels que diffuseront les antennes du service public. [...]
Sauf qu’avec le début de la campagne officielle, la liberté de création va drastiquement se réduire. Le CSA a en effet donné aux différentes parties un document de onze pages fixant le cadre de production, programmation et diffusion de ces clips de campagne. Au total, 49 articles expliquent par le menu le bon fonctionnement de la période à venir. Le gendarme de l’audiovisuel s’y montre particulièrement pointilleux, au point même de réglementer le nombre de personnes pouvant accompagner le candidat en studio d’enregistrement ou en salle de montage.
Mais ce qui a surpris l’ensemble des équipes de campagne se situe dans l’article 9 : interdiction de « faire apparaître tout emblème national ou européen ». Pas de drapeau donc dans ces vidéos. Ni français, ni étranger et pas plus d’hymne national. [...]
Si la consigne existait en fait lors des scrutins précédents, le régulateur avait choisi de jouer la carte de la mansuétude. Une période visiblement révolue. La cause de ce changement de pied est la crainte que certaines campagnes ne « misent sur un nationalisme délirant », confie un bon connaisseur du dossier, rappelant qu’en 2012 un clip de Nicolas Sarkozy avait créé la polémique en montrant un panneau « douane » écrit en arabe. En proscrivant l’utilisation de tous les drapeaux, le CSA veut également se prémunir de la possibilité que certains puissent être « maltraités ou utilisés de manière négative ».