Le président équatorien Correa tire la sonnette d’alarme. Le pays pourrait être confronté à un nouveau coup d’État. Il y a de bonnes raisons de soutenir cette allégation. Dans son adresse hebdomadaire au peuple en mars dernier, le président a déclaré que les protestations en Équateur étaient organisées par des ennemis de la révolution citoyenne tandis que l’opposition pratique la stratégie de la guerre d’usure.
Selon lui, les partis et organisations fondés par des structures internationales sont soumis à l’influence de l’Agence centrale de renseignement des États-Unis (CIA), qui fait tout ce qu’elle peut pour créer des foyers de chaos et de violence et entraver les actions créatives du gouvernement. Parlant au peuple, Correa donne souvent des détails sur la politique du changement de régime doux pratiqué par Washington en Amérique latine. Selon le président, il existe un plan en quatre phases pour déstabiliser l’Équateur.
Premièrement : Un lavage de cerveau du public (ablandamiento) sera lancé par les médias agissant en tant que porte-parole de partis d’une opposition politique informelle. Leur mission sera d’inciter au mécontentement public et de désigner le gouvernement comme le principal coupable.
Deuxièmement : L’opposition tentera de discréditer le gouvernement, comme illégal et agissant contre les intérêts du peuple. Pour convaincre les gens ils lanceront une intense campagne de propagande accompagnée de milliers de publications biaisées, de faux documents d’analyse répandant des informations émanant de sources prétendument fiables. Ils utiliseront aussi les réseaux sociaux.
Troisièmement : Les forces anti-gouvernementales chaufferont à blanc les protestations de rue en organisant des manifestations. Peu importe combien de manifestants seront dans les rues. Les marionnettes dans les médias mettront les événements en évidence conformément aux instructions reçues pour convaincre le monde que l’Équateur est un pays déchiré par les conflits.
Quatrièmement : L’opposition utilisera différentes méthodes non violentes recommandées par Gene Sharp pour faire tomber le gouvernement. C’est quelque chose qu’ils essaient de faire au Venezuela et en Argentine.
Cinquièmement : L’opposition attaquera les fondements du pouvoir. Elle saisira les bâtiments du gouvernement, provoquera des émeutes de rue, stimulera le mécontentement dans l’armée, etc. La CIA sait comment faire.
Tout sera fait pour faire partir le président.
Rafael Correa ne fait pas mystère qu’il doit contrer quotidiennement de telles actions hostiles. Peu importe que la révolution citoyenne ait beaucoup plus de partisans que le mouvement d’opposition. Correa a averti les comploteurs que toute tentative d’organiser une révolution de couleur serait repoussée. En même temps, il a proposé un dialogue sur les questions brûlantes. Rafael Correa n’est pas enclin à prendre des mesures unilatérales. Toutes les décisions significatives sont prises après des référendums et des consultations à l’échelle du pays. Cette fois, le gouvernement n’a pas fait suffisamment d’efforts pour expliquer le nouvel impôt que le président Rafael Correa a présenté à l’Assemblée nationale (à majorité gouvernementale), qui visait à lever de nouvelles taxes sur les héritages et les plus-values. Il s’est trompé, croyant que l’opposition ne pourrait pas s’en servir comme d’un prétexte pour protester vu que les nouvelles mesures n’affectaient que 2% de la population.
L’opposition se plaint constamment de la censure exercée par le gouvernement, mais cette fois, les potentialités des magnats qui contrôlent les médias ont été sous-estimées. Contre toute attente, de nombreux représentants de la classe moyenne ont participé aux manifestations des deux dernières semaines sous le slogan que l’Équateur n’est pas le Venezuela. Il y avait des appels à la fin des réformes sociales et à la démission de Correa. Pour normaliser la situation, le président a décidé de suspendre les réformes et de tenir des consultations avec les dirigeants de l’opposition. Il a voulu rétablir la paix avant la visite du pape François. L’opposition a ignoré l’appel du président, pensant qu’il voulait gagner du temps. Les manifestations ont continué. L’opposition sert les intérêts des clans d’oligarques. Poussée par les médias d’extrême-droite, il est difficile de s’attendre à ce qu’elle se comporte différemment. Au vu de la montée des tensions, le président Correa et le gouvernement ont décidé le 25 juin d’entamer un dialogue national sur l’équité et la justice sociale. Le dialogue est censé durer environ trois mois afin de discuter de quelles réformes le pays a besoin pour correspondre aux aspirations de la majorité des Équatoriens. Sa mission est de créer une société où les biens communs priment sur les intérêts personnels. Combattre l’inégalité et préserver la paix dans le pays – tels sont les buts de la politique adoptée par le gouvernement de Correa.
En fait, l’opposition a refusé le dialogue. Début juin, des manifestations ont eu lieu à Quito, Guayaquil, Cuenca et dans d’autres villes, accompagnées de violences et de désordres. Des douzaines de mouchards ont provoqué des tensions. Il y avait des gens sous l’influence de drogues et d’alcool, certains groupes de manifestants étaient armés de barres de fer, de piques et de coups de poing américains. La police a eu du mal à faire reculer les manifestants lorsqu’ils ont tenté de se frayer un passage vers le Carondelet Palace, le siège du gouvernement. Malgré toutes les provocations, il n’y a pas eu d’usage excessif de la force contre les manifestants, alors qu’au moins une douzaine de policiers ont été emmenés à l’hôpital grièvement blessés. Les partisans de Rafael Correa se sont rassemblés près du palais présidentiel, formant une muraille vivante sur le chemin des provocateurs. S’adressant aux gens depuis le balcon, Correa a mis en garde contre les plans des dirigeants de l’opposition qui voulaient déstabiliser le pays en organisant une marche sur Quito.
Selon le président, il était prêt à défendre la révolution citoyenne sans recourir à la violence et à conduire le pays à la paix et à la démocratie. Correa a confirmé sa décision de briguer la présidence en 2017. Il a offert à l’opposition d’organiser un référendum et de voir si le peuple lui faisait confiance. Il est encore populaire, c’est pourquoi l’opposition veut le renverser à l’aide de révolutions de couleur et de maïdans plutôt que d’un vote populaire. Dans ces circonstances, la Central Intelligence Agency (CIA) et la National Security Agency (NSA) ont intensifié leurs activités. Mario Pazmiño, ancien chef des renseignements militaires, et le colonel à la retraite César Carrión sont les personnes les plus fréquemment citées comme servant d’officiers de liaison entre l’opposition radicale et les services spéciaux états-uniens.
Les services de sécurité équatoriens disent que les plans de l’opposition comprennent la fermeture des frontières et le blocage des aéroports à Quito et Guayaquil. Le ministre de l’Intérieur José Serrano a déclaré que l’opposition faisait empirer la situation dans le but d’empêcher le pape de se rendre dans le pays. Il est peu probable que les chefs de l’opposition dans un pays catholique puissent faire de tels plans d’eux-mêmes. Indubitablement, l’opération a été planifiée et préparée par la CIA. Les plans ont été déjoués. Le pape François a déclaré qu’il n’avait jamais eu l’intention de renoncer à sa visite. Les maires de Quito, Guayaquil et le gouverneur de la province d’Azuay sont des chefs de l’opposition bien connus. Ils ont déclaré que la confrontation reprendrait immédiatement après la fin de la visite du pape, le 8 juillet. De puissants oligarques, des banques, UMINT de Chevron, la cinquième colonne au sein des services du pouvoir, des dirigeants syndicaux vénaux, des Indiens et des organisations étudiantes sont impliqués dans le complot. De nombreuses organisations non gouvernementales ont intensifié leurs activités. L’ambassade des États-Unis à Quito travaille sans relâche pour réaliser le scénario d’un Maïdan équatorien.