Le Premier ministre Manuel Valls a estimé lundi soir que « les pouvoirs publics doivent changer d’attitude » vis-à-vis des manifestations appelant au boycott des produits israéliens, qui participent selon lui à un « climat nauséabond ».
« On voit très bien comment on est passé de la critique d’Israël à l’antisionisme et de l’antisionisme à l’antisémitisme », a souligné le chef du gouvernement devant Les Amis du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France). Manuel Valls avait condamné en décembre les campagnes visant les produits israéliens du fait du conflit avec les Palestiniens menées par le mouvement BDS (« boycott, désinvestissement et sanctions »).
Début janvier, un rassemblement de ce mouvement avait toutefois été autorisé par la préfecture de police place de l’Opéra, alors que le Palais Garnier accueillait la compagnie de danse israélienne Batsheva.
« Cette manifestation devant l’Opéra Garnier était d’autant plus absurde qu’on mettait en cause la culture », a jugé Manuel Valls, alors que le président du Crif, Roger Cukierman, lui rappelait sa demande d’interdiction de toute manifestation liée au mouvement BDS. « Ce que je peux vous dire, c’est que j’en parlerai, et j’en ai déjà parlé avec le ministre de l’Intérieur », Bernard Cazeneuve, a répondu le chef du gouvernement. « Je pense que les pouvoirs publics doivent changer d’attitude vis-à-vis de ce type de manifestations », a-t-il poursuivi, sans toutefois reprendre à son compte le mot « interdiction ».
« Il me semble qu’il y a là quelque chose qui participe d’un climat nauséabond, donc je suis plus qu’attentif. Je pense que nous allons prendre des dispositifs – mais toujours dans l’état de droit – qui doivent montrer que ça suffit, et qu’on ne peut pas tout se permettre dans notre pays », a-t-il affirmé.
Manuel Valls a participé lundi soir pendant une heure quarante à une conférence-débat des Amis du Crif – une première pour un Premier ministre en exercice – dans un grand hôtel parisien. « Nous allons vivre longtemps avec ce climat », a-t-il dit d’emblée, évoquant la lutte antiterroriste et les mesures de sécurité prises.
Le Premier ministre a été régulièrement et abondamment applaudi. Moins quand il a défendu la nécessité de parler avec l’Iran, « qui revient sur la scène internationale », et dont le président Hassan Rohani sera bientôt reçu en France. « Je défends la position de la France, je ne défends pas que la position d’Israël », a-t-il remarqué dans un sourire.