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Libye : l’ « aide humanitaire » des groupes de combat de l’UE se prépare

Après la Bosnie-Herzégovine (2004), la RDC (2006), le Tchad et la Républicaine centrafricaine (2008), la Force d’intervention militaire de l’Union européenne va se déployer en Libye. Dotée d’un budget de 7,9 millions d’euros répartis entre les États membres, elle sera mobilisable sur requête de l’Office humanitaire des Nations Unies (OCHA) et devrait fournir des moyens de transports, de soins, et de communication.

A la différence des missions précédentes, l’Eufor pourrait se trouver en situation réelle de combat, ce qui l’intégrerait de facto dans l’opération de l’OTAN.

Après avoir refusé de participer à la guerre en Libye, le gouvernement allemand se ravise : l’Allemagne — a annoncé le ministre des Affaires étrangères Guido Westerwelle — est prête à envoyer des troupes pour « fournir de l’aide humanitaire aux civils libyens ». Elles feront partie de l’opération « Eufor Libya » (Force de l’Union européenne en Libye), que l’UE s’apprête à lancer. L’objectif officiel est de « soutenir les agences humanitaires dans leurs activités ». Les groupes de combat de l’UE s’en occuperont, en habits de « coopérants ».

Ce sont des groupes militaires de la dimension d’un bataillon, chacun de 1 500 soldats, hautement entraînés pour être projetés avec un préavis de 15 jours dans des « zones de crise lointaines, comme celles des États défaillants ». Les groupes de combat, employés généralement « mais non exclusivement » sur mandat de l’ONU, conduisent des « opérations de combat dans un environnement extrêmement hostile (désert, jungle, etc.) ». Leur mission est de « préparer le terrain à de plus grandes forces de maintien de la paix »

Le quartier général de l’opération « Eufor Libya », dont dépendent les groupes de comnbat de l’UE, est localisé à Rome, sur l’aéroport « Francesco Baracca » de Centocelle. Commandé par le contre-amiral Claudio Gaudiosi de l’état-major italien. Il fait partie du Commandement opérationnel du sommet inter forces (Coi), qui planifie et dirige les opérations militaires à l’étranger, ainsi que les manœuvres interforces et multinationales dans le cadre de l’OTAN. Le « mérite » de la constitution de la Coi, par la loi n. 25 du 18 février 1977, revient au premier gouvernement Prodi (centre-gauche NdT) qui lança la restructuration des sommets des forces armées, en augmentant les pouvoirs du chef d’état-major concernant les opérations militaires à l’étranger. Juste à temps pour la guerre contre la Yougoslavie et les suivantes en Afghanistan, Irak et Libye, auxquelles ont participé les forces militaires italiennes. Le Coi a maintenant une ultérieure satisfaction : l’attribution au contre-amiral Gaudiosi du commandement des groupes de combat de l’UE pour l’opération « Eufor Libya ».

Étant donné que les USA ne sont pas disponibles pour envoyer des troupes en Libye, celles de l’UE entrent en jeu. Ce sera leur premier véritable test sur le terrain. Tandis que les plus grandes puissances européennes, mais pas l’Allemagne, participent individuellement à l’opération « Protecteur unifié » sous le commandement de l’OTAN (c’est-à-dire étasunien), en attaquant depuis le ciel et la mer les forces gouvernementales libyennes afin d’ouvrir la voie aux rebelles, l’Union européenne en tant que telle s’apprête à débarquer des troupes militaires en Libye. Formellement pour fournir de l’aide humanitaire aux civils, en réalité pour soutenir les rebelles et préparer le terrain à des forces plus grandes de « maintien de la paix » sous drapeau européen, OTAN ou autre. Leur premier objectif sera d’occuper les zones clé de l’industrie énergétique libyenne, formellement pour les protéger des forces de Kadhafi ou pour garantir un cessez-le-feu, en réalité pour couper Tripoli de sa source fondamentale de revenus.

Deux scénarios se dessinent ainsi : ou une Libye « balkanisée », divisée en deux ou plusieurs états ethnico-tribaux, avec les plus grosses réserves énergétiques aux mains d’un gouvernement ami disposé à toute concession, ou une situation de type irako-afghan, avec le renversement de Kadhafi et son remplacement par un administrateur des intérêts coloniaux des États-Unis et de l’Europe unie.