Les grands pays européens ont annoncé lundi 13 octobre leurs plans de « sauvetage bancaire » (comprendre : sauvetage des banques, pas de leurs clients…). Au total, il y en a pour près de 1.500 milliards d’euros, soit, au taux de change courant, 2.000 milliards de dollars. C’est nettement plus que le plan Paulson (850 milliards de dollars, montant « provisoirement définitif »). L’Etat français prévoit un fond de garantie de 360 milliards d’euros (14.000 euros par ménage français), équivalent à près d’un trimestre du PIB. De quoi fabriquer la bagatelle de cent porte-avions nucléaires ! Ces annonces surréalistes appellent quelques commentaires.
En premier lieu, on peut constater que la crise du crédit, née aux Etats-Unis, dupliquée par la Grande-Bretagne (endettement des particuliers), a maintenant diffusé dans l’ensemble de l’économie européenne. Bien que les chiffres ne soient pour l’instant pas disponibles, on peut raisonnablement supposer que cette diffusion résulte à ce stade, pour l’essentiel, des investissements opérés aux Etats-Unis en titres de créances par les banques françaises et européennes. C’est donc la défaillance des créanciers US, et sans doute en particulier de la banque Lehman Brothers, qui a creusé dans les comptes des banques européennes un passif sans contrepartie. Sans préjuger des « bombes » de surendettement cachées au sein même de l’économie européenne (en Grande-Bretagne, en Espagne, en Belgique…), force est de constater qu’à ce stade, la crise européenne résulte fondamentalement de la crise américaine.
Or, ce constat amène une question : si la crise résulte d’une défaillance américaine, alors pourquoi sont-ce les Etats européens qui doivent couvrir les pertes ? Ces pertes ne devraient-elles pas être couvertes par le plan Paulson, aux USA ? Ou, pour dire les choses plus brutalement : est-ce parce que l’Europe est de facto une colonie US que nous, contribuables européens, allons payer à la place des Américains surendettés ? On dirait bien que la réponse à cette question, c’est « oui, vous allez payer, et vous n’avez pas le choix – vous paierez d’abord pour couvrir le surendettement américain, et ensuite vous paierez pour rembourser vos dettes à vous ! » On dirait bien que nous nous sommes fait racketter purement et simplement. On dirait bien que nous, européens, allons devoir rembourser les dettes des Américains, pour que la finance internationale ne s’effondre pas sur elle-même.
En second lieu, on doit constater que, dans ces conditions, l’ensemble du système de crédit et d’endettement a perdu toute crédibilité. Si les Etats doivent mettre la main à la poche quand les banques d’affaires font faillite, alors pourquoi devraient-ils rembourser de leur côté les dettes qu’ils avaient à l’égard de ces mêmes banques ? L’Etat français doit 1.200 milliards d’euros aujourd’hui. Une fois qu’il aura fini de boucher en catastrophe les trous monstrueux creusés par l’implosion de la bulle dollar dans les comptes des banques, cet endettement publique aura probablement beaucoup augmenté. Mais quelle sera la légitimité de cet endettement ? Quelle est la légitimité d’un créancier, qui a dû pour survivre compter sur un renflouement en catastrophe de la part de ses débiteurs ? Quand le banquier en est réduit à braquer ses clients pour rembourser ses propres dettes, c’est très mauvais signe…
Force est de constater une bonne fois pour toutes que le système financier international appuyé sur le dollar est complètement par terre. Pour l’instant, la bourse festoie de manière indécente, saluant l’énorme ponction que le système bancaire en ruines vient d’opérer sur les comptes publics – et voici que le dollar remonte, puisque quand l’Amérique est ruinée, c’est l’Europe qui rembourse… Mais les festivités seront de très courte durée. Le calcul des dirigeants européens est qu’ils établissent des fonds de garantie pour rétablir la confiance, et qu’ainsi, ils n’auront pas à utiliser lesdites garanties. Ce calcul a de fortes chances de s’avérer faux, tout simplement parce que la pyramide de créances irrécouvrables est toujours là, et que, confiance ou pas, on ne voit pas comment les débiteurs pourraient brutalement dégager des capacités de remboursement, alors même que l’économie mondiale va entrer au mieux dans une période de stagflation morose, et au pire dans une période de dépression pure et simple. Les comptes des banques européennes incluent probablement des centaines de milliards d’euros d’actifs « mirages », et personne n’y peut rien. D’une manière ou d’une autre, quelqu’un va devoir payer pour compenser les pertes.
Le système de notre gouvernement est un système de faillite consistant à faire payer le public pour boucher les trous dans les comptes des banques au fur et à mesure que ces trous vont apparaître. Les citoyens contribuables doivent s’informer de ces questions, et se regrouper en vue de l’action politique. Ils devront, dans les mois et les années qui viennent, combattre pour obtenir que l’Etat change de logique. La politique actuellement sur les rails prépare un règlement de la crise sur le dos du peuple : nous devons exiger un règlement sur le dos de la finance mondialisée. Le système financier international doit être mis en règlement judiciaire. L’Etat doit garantir les dépôts des épargnants et le financement des activités économiques productives. L’ensemble du système bancaire doit être nationalisé, et un tri doit être opéré dans l’ensemble des créances et des dettes.
Ainsi, la crise débouchera sur une véritable refondation de l’économie française et européenne. Ainsi, et certainement pas selon la méthode adoptée par notre classe dirigeante, méthode qui n’aura pour résultat que de prolonger de quelques années l’inéluctable faillite d’un système totalement absurde, dont le moteur est la consommation, et la dynamique… la ruine programmée des consommateurs !
Egalité & Réconciliation travaillera, avec les autres groupes et partis conscients de la gravité de la situation, pour informer les Français et livrer le combat contre la finance prédatrice.
E&R, le 14 octobre 2008
En premier lieu, on peut constater que la crise du crédit, née aux Etats-Unis, dupliquée par la Grande-Bretagne (endettement des particuliers), a maintenant diffusé dans l’ensemble de l’économie européenne. Bien que les chiffres ne soient pour l’instant pas disponibles, on peut raisonnablement supposer que cette diffusion résulte à ce stade, pour l’essentiel, des investissements opérés aux Etats-Unis en titres de créances par les banques françaises et européennes. C’est donc la défaillance des créanciers US, et sans doute en particulier de la banque Lehman Brothers, qui a creusé dans les comptes des banques européennes un passif sans contrepartie. Sans préjuger des « bombes » de surendettement cachées au sein même de l’économie européenne (en Grande-Bretagne, en Espagne, en Belgique…), force est de constater qu’à ce stade, la crise européenne résulte fondamentalement de la crise américaine.
Or, ce constat amène une question : si la crise résulte d’une défaillance américaine, alors pourquoi sont-ce les Etats européens qui doivent couvrir les pertes ? Ces pertes ne devraient-elles pas être couvertes par le plan Paulson, aux USA ? Ou, pour dire les choses plus brutalement : est-ce parce que l’Europe est de facto une colonie US que nous, contribuables européens, allons payer à la place des Américains surendettés ? On dirait bien que la réponse à cette question, c’est « oui, vous allez payer, et vous n’avez pas le choix – vous paierez d’abord pour couvrir le surendettement américain, et ensuite vous paierez pour rembourser vos dettes à vous ! » On dirait bien que nous nous sommes fait racketter purement et simplement. On dirait bien que nous, européens, allons devoir rembourser les dettes des Américains, pour que la finance internationale ne s’effondre pas sur elle-même.
En second lieu, on doit constater que, dans ces conditions, l’ensemble du système de crédit et d’endettement a perdu toute crédibilité. Si les Etats doivent mettre la main à la poche quand les banques d’affaires font faillite, alors pourquoi devraient-ils rembourser de leur côté les dettes qu’ils avaient à l’égard de ces mêmes banques ? L’Etat français doit 1.200 milliards d’euros aujourd’hui. Une fois qu’il aura fini de boucher en catastrophe les trous monstrueux creusés par l’implosion de la bulle dollar dans les comptes des banques, cet endettement publique aura probablement beaucoup augmenté. Mais quelle sera la légitimité de cet endettement ? Quelle est la légitimité d’un créancier, qui a dû pour survivre compter sur un renflouement en catastrophe de la part de ses débiteurs ? Quand le banquier en est réduit à braquer ses clients pour rembourser ses propres dettes, c’est très mauvais signe…
Force est de constater une bonne fois pour toutes que le système financier international appuyé sur le dollar est complètement par terre. Pour l’instant, la bourse festoie de manière indécente, saluant l’énorme ponction que le système bancaire en ruines vient d’opérer sur les comptes publics – et voici que le dollar remonte, puisque quand l’Amérique est ruinée, c’est l’Europe qui rembourse… Mais les festivités seront de très courte durée. Le calcul des dirigeants européens est qu’ils établissent des fonds de garantie pour rétablir la confiance, et qu’ainsi, ils n’auront pas à utiliser lesdites garanties. Ce calcul a de fortes chances de s’avérer faux, tout simplement parce que la pyramide de créances irrécouvrables est toujours là, et que, confiance ou pas, on ne voit pas comment les débiteurs pourraient brutalement dégager des capacités de remboursement, alors même que l’économie mondiale va entrer au mieux dans une période de stagflation morose, et au pire dans une période de dépression pure et simple. Les comptes des banques européennes incluent probablement des centaines de milliards d’euros d’actifs « mirages », et personne n’y peut rien. D’une manière ou d’une autre, quelqu’un va devoir payer pour compenser les pertes.
Le système de notre gouvernement est un système de faillite consistant à faire payer le public pour boucher les trous dans les comptes des banques au fur et à mesure que ces trous vont apparaître. Les citoyens contribuables doivent s’informer de ces questions, et se regrouper en vue de l’action politique. Ils devront, dans les mois et les années qui viennent, combattre pour obtenir que l’Etat change de logique. La politique actuellement sur les rails prépare un règlement de la crise sur le dos du peuple : nous devons exiger un règlement sur le dos de la finance mondialisée. Le système financier international doit être mis en règlement judiciaire. L’Etat doit garantir les dépôts des épargnants et le financement des activités économiques productives. L’ensemble du système bancaire doit être nationalisé, et un tri doit être opéré dans l’ensemble des créances et des dettes.
Ainsi, la crise débouchera sur une véritable refondation de l’économie française et européenne. Ainsi, et certainement pas selon la méthode adoptée par notre classe dirigeante, méthode qui n’aura pour résultat que de prolonger de quelques années l’inéluctable faillite d’un système totalement absurde, dont le moteur est la consommation, et la dynamique… la ruine programmée des consommateurs !
Egalité & Réconciliation travaillera, avec les autres groupes et partis conscients de la gravité de la situation, pour informer les Français et livrer le combat contre la finance prédatrice.
E&R, le 14 octobre 2008