Est-ce le signe d’une détresse financière ou le résultat d’un coup politique ? Le département de l’Essonne assure être dans l’impossibilité de procéder au paiement de l’aide sociale légale pour une partie de l’année 2015.
Dans un courrier, adressé fin décembre aux associations de protection de l’enfance et aux établissements médico-sociaux pour les personnes âgées ou les adultes handicapées, François Durovray (LR), le président du conseil départemental, annonce que sa collectivité ne sera pas en mesure de régler ses factures et propose d’étaler les versements sur les six prochaines années, avec les intérêts. D’après les informations du Monde, ces coupes concerneraient également le secteur des services à domicile, l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) et la prestation de compensation du handicap (PCH).
« C’est totalement ubuesque et inédit en France, on touche aux publics les plus fragiles », s’insurge Guillaume Quercy, directeur en Ile-de-France de l’Uriopss (Union régionale interfédérale des œuvres et organismes privés sanitaires et sociaux), qui regroupe les principales associations du secteur. « C’est une dépense obligatoire, il doit la payer », rappelle-t-il. Plusieurs établissements et associations ne disposant d’aucune trésorerie pourraient se retrouver en situation très précaire en cas de report des paiements.
Selon M. Durovray, qui a enlevé l’Essonne à la gauche en mars 2015, la situation financière laissée par ses prédécesseurs, avec une dette d’un milliard d’euros et une affaire d’emprunt toxique au niveau du SDIS (service départemental d’incendie et de secours), ne permet pas de régler ces factures. Il se refuse en outre à augmenter les impôts, ayant fait de leur stabilité l’un des axes majeurs de sa campagne, ou à faire d’autres économies. Un audit indépendant, réalisé par le cabinet Michel Klopfer en septembre 2015, aurait par ailleurs révélé « une dette cachée, non recensée dans les comptes, de 108 millions d’euros de factures impayées vis-à-vis de quelque 600 établissements ». C’est cette créance que le département se propose de rééchelonner. « C’est un déficit caché interdit pour les collectivités locales : mon prédécesseur faisait de la cavalerie », accuse-t-il.