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Histoire du premier déclin français – Partie II : Guerre, famine et absolutisme

Premiers constats géopolitiques :

La France de Louis XIV est la première puissance mondiale. Sa population est riche d’environ vingt millions d’habitants, soit un quart de la population totale européenne. Grâce au long travail initié par les Capétiens, elle dispose d’un État fort doté de capacités de mobilisations importantes. Sa force fut ainsi pendant des siècles sa cohérence face à des États encore morcelés et décentralisés.

La France dispose de zones de développement capitaliste importantes, notamment ses ports comme Bordeaux ou Nantes ou encore les manufactures royales créées par Colbert.

Elle a développé depuis François Ier un grand empire colonial, de l’Amérique du Nord aux Antilles, du Sénégal jusqu’aux Indes.

Son armée est la plus forte du monde occidental. Ses effectifs grimperont ainsi jusqu’à 500 000 soldats pendant la guerre de la Ligue d’Augsbourg, ce qui est supérieur aux armées révolutionnaires pré-Napoléon. Cela lui permettra de tenir tête aux forces combinées de la Hollande, de l’Angleterre, du Saint-Empire, de la Savoie, de l’Espagne, de la Suède, du Portugal et de l’Écosse.

Une des plus grandes réussites géostratégiques de Louis XIV est le développement de la marine de guerre, « la Royale ». Sous l’impulsion de Colbert, celle-ci comptera jusqu’à 300 navires dans les années 1680. Elle sera ainsi la première marine de guerre du monde, devant l’Angleterre. Malheureusement, les guerres longues et coûteuses auront raison d’une partie de ses moyens…

Les guerres sans fin

Louis XIV fut un grand roi guerrier, je pense ne rien apprendre à qui que ce soit.

Sur les 72 années du règne, 46 furent consacrées à la guerre. Ce sont ainsi six conflits qui ont émaillé le long règne du Roi-Soleil :

• Guerre franco-espagnole : 1635-1659 (en cours quand Louis XIV devient roi en 1643)
• Guerre de Dévolution : 1667-1668
• Guerre de Hollande : 1672 - 1678
• Guerre des Réunions : 1683 - 1684
• Guerre de la Ligue d’Augsbourg : 1689 - 1697
• Guerre de Succession d’Espagne : 1700 - 1713

(Conquêtes de Louis XIV)

 

Du point de vue géopolitique, ces conquêtes permirent à la France de gagner en profondeur stratégique et de faire reculer les menaces qui pesaient notamment sur le Nord depuis des siècles. De plus, Louis XIV entoura ce nouveau « pré carré » d’une « ceinture de fer » de forts construits par son génie en chef Vauban. Cette nouvelle réalité stratégique fit que plus une seule bataille ne se déroula sur le sol de France jusqu’à la Révolution.

En outre, par la guerre de Succession d’Espagne, le petit-fils de Louis XIV montait sur le trône d’Espagne sous le nom de Philippe V et brisait l’encerclement de l’empire Habsbourg qui remontait à Charles Quint et la Renaissance. Cependant, l’Espagne sortait affaiblie de la guerre et devait céder ses possessions belges et italiennes à l’Autriche.

Si le bilan territorial de ces guerres en Europe fut largement positif pour la France, dessinant une partie de ses frontières modernes, il fut loin d’être gratuit.

Tout d’abord, on estime que ce sont entre 400 000 et 600 000 Français qui sont morts pendant ces guerres, ce qui est une catastrophe démographique si on tient compte en plus des estropiés et du manque d’enfants à naître.

Ensuite, quelques 20 000 nobles seraient également morts sur les champs de bataille, ce qui est significatif quand on sait que leur nombre total à cette époque était d’environ 200 000. Ces guerres vont entraîner une baisse démographique de la noblesse qui va l’affaiblir de façon durable jusqu’à la Révolution.

Enfin, à sa mort, Louis XIV rendra à son arrière petit-fils Louis XV une France ruinée, dans des proportions complètement folles. En 1715, la dette publique totale s’élevait à 2,8 milliards de livres pour 69 millions de recettes annuelles. Le Régent n’évitera la banqueroute que par miracle.

 

De l’ascension de l’Angleterre

Si la France reste la première puissance mondiale à la fin du règne de Louis XIV, on voit poindre un certain déclin relatif qui n’ira qu’en s’accroissant tout au long du siècle.

Si la France gagne des territoires en Europe, elle en perd en Amérique. L’Acadie, Terre-Neuve et la baie d’Hudson passent sous contrôle anglais. L’île Saint-Christophe aux Antilles est également cédée à l’Angleterre.

En Méditerranée, les britanniques prennent Minorque et Gibraltar.

L’Angleterre s’affirme ainsi comme une grande puissance mondiale et sa marine ne sera plus contestée jusqu’à la Première Guerre mondiale.

(Territoires perdus en Amérique au traité d’Utrecht)

 

Première conclusion :

Si Louis XIV a certes récupéré des territoires en Europe et sécurisé le « pré carré », le bilan est moins positif à l’international avec la mise en orbite de l’Angleterre. La ruine entraînée par ces guerres sans fin coûtera à la France sa marine, alors la première du monde, ce qui se révèlera fatal lors du règne de Louis XV.

D’autre part, on peut questionner l’intérêt d’envoyer des centaines de milliers d’hommes à la mort dans des guerres continentales d’attrition quand l’enjeu n’était plus simplement l’Europe, mais bien le monde. Il était peut-être plus pertinent de se battre pour que New-York se fût appelé Nouvelle-Angoulême plutôt que pour la possession de Maubeuge.

Ces guerres ruinèrent la France et sa population dans des proportions inimaginables. C’est ce bon Fénelon qui écrira en pleine guerre de la Ligue d’Augsbourg une lettre anonyme à Louis XIV pour l’enquérir de changer sa politique moins logique qu’égotique :

« Cependant vos peuples, que vous devriez aimer comme vos enfants, et qui ont été jusqu’ici si passionnés pour vous, meurent de faim. La culture des terres est presque abandonnée ; les villes et la campagne se dépeuplent ; tous les métiers languissent et ne nourrissent plus les ouvriers. Tout commerce est anéanti. Par conséquent vous avez détruit la moitié des forces réelles du dedans de votre état, pour faire et pour défendre de vaines conquêtes au dehors. Au lieu de tirer de l’argent de ce pauvre peuple, il faudroit lui faire l’aumône et le nourrir. La France entière n’est plus qu’un grand hôpital désolé et sans provision. Les magistrats sont avilis et épuisés. La noblesse , dont tout le bien est en décret, ne vit que de lettres d’état. Vous êtes importuné de la foule des gens qui demandent et qui murmurent. C’est vous-même, Sire, qui vous êtes attiré tous ces embarras ; car, tout le royaume ayant été ruiné, vous avez tout entre vos mains, et personne ne peut plus vivre que de vos dons. Voilà ce grand royaume si florissant sous un roi qu’on nous dépeint tous les jours comme les délices du peuple, et qui le seroit en effet si les conseils flatteurs ne l’avoient point empoisonné. »

Je vous conseille la lecture de cette lettre qui avait bien pointé les failles de l’absolutisme : cour rongée par la flatterie, dérive tyrannique d’un pouvoir tout personnel, écrasement de la noblesse, guerres à répétition…

Les famines

C’est un sujet un peu ignoré car peu glorieux : la France connut parmi les pires famines de son histoire sous Louis XIV.

On imagine facilement une agriculture française florissante et riche de tous temps, or la réalité est plus nuancée. Elle était ainsi sous Louis XIV globalement en retard par rapport à ses concurrents.

Regardons rapidement tout d’abord ses points forts.

L’agriculture française bénéficiait d’un territoire diverse qui permettait des productions variées (céréales, vin, oléagineux, etc). Certaines régions, comme la Beauce ou la Normandie, étaient relativement productives grâce à des terres fertiles et à des pratiques agricoles mieux organisées. Enfin, sous l’impulsion de Colbert, des efforts furent faits pour développer des cultures commerciales (par exemple, la soie dans le Sud) et améliorer les infrastructures (canaux, routes), bien que les résultats fussent limités.

Cependant, les rendements agricoles étaient globalement plutôt faibles, de l’ordre d’environ 5 à 7 grains récoltés par grain semé pour les céréales, contre 10 ou plus aux Pays-Bas. L’adoption de nouvelles techniques (rotation des cultures, outils perfectionnés) était lente, surtout dans les régions reculées et les structures féodales (droits seigneuriaux, dîme) et une fiscalité lourde pesaient sur les paysans, limitant leur capacité à investir dans des innovations.

De leur côté, les Provinces-Unies étaient en avance grâce à des innovations comme la rotation des cultures, l’usage intensif d’engrais (guano, fumier), et un drainage efficace des terres (polders) et l’Angleterre commençait à expérimenter des améliorations agricoles (préfigurant la révolution agricole du XVIIIe siècle), comme l’introduction de nouvelles cultures (navets, trèfle) et l’enclosure des terres.

Ainsi, plutôt que d’investir dans l’agriculture et l’économie, Louis XIV fit les guerres que nous connaissons. Or, cela se paya très cher quand le climat se fit moins clément.

L’hiver 1692 fut particulièrement rigoureux et fut suivi en 1693 par des récoltes très médiocres à cause d’un temps trop pluvieux.

La France connut donc la « Grande Famine de 1693-1694 ». Celle-ci, cumulée à des épidémies, aux effets de la guerre de la Ligue d’Augsbourg et à l’augmentation des impôts (c’est à cette époque que l’on crée la capitation) va aboutir à une catastrophe démographique sans précédent : ce ne sont pas moins de 1 300 000 de personnes qui vont trouver la mort en plus de la mortalité normale, soit un vingtième du royaume.

Encore une fois, et au delà des soucis climatiques, c’est Vauban qui expliquera dans un mémoire au roi les causes structurelles de la crise démographique française : la lourdeur des impôts, la misère effroyable des paysans, les guerres.

En 1709, rebelote avec un hiver particulièrement froid et cette fois-ci en pleine guerre de succession d’Espagne (déjà neuf années de guerre très laborieuses). La France entière se retrouve gelée au-delà des périodes normales de dégel. On comptera cette fois-ci environ 600 000 victimes.

Ainsi, si cette période de l’histoire de France est marquée par une forte natalité, elle l’est aussi par une mortalité exceptionnelle.

 

De la crise au sursaut

En plus des défaites militaires, la situation devenait intenable pour Louis XIV qui demandait la paix aux coalisés au prix… de l’ensemble des conquêtes réalisées depuis le début de son règne. Cependant, ceux-ci furent trop gourmands et exigèrent qu’il rejoignît la guerre contre son petit-fils Philippe V roi d’Espagne. Il refusa évidemment et envoya le duc de Villars avec la dernière armée capable de se battre à la frontière nord-est de la France.

Louis XIV informa le duc de ses intentions en cas de défaite de ce dernier. Son projet était ni plus ni moins que de lever le ban et l’arrière ban de la noblesse, de rameuter quelques milliers d’hommes frais et de prendre la tête d’une grande mission suicide pour l’honneur contre les coalisés…

C’est le duc de Villars qui sauva la situation de façon presque miraculeuse d’abord à Malplaquet en 1709 et surtout à Denain en 1712.

Ainsi, il s’en fallut de peu pour que le grand règne glorieux du Roi-Soleil ne finisse dans une catastrophe sans nom.

(Louis XIV par Hyacinthe Rigaud)

Conclusion

Derrière la propagande et malgré certaines grandes réussites, le dernier tiers du règne de Louis XIV fut une des périodes les plus tristes de l’histoire de France. Louis XV hérita à cinq ans d’un royaume malheureux, meurtri et au bord de la ruine.

La France, au sommet de sa puissance et de la culture mondiale, était en même temps détruite de l’intérieur par la guerre, les famines, la maladie, les persécutions et la ruine. C’est cette situation paradoxale qu’il faut appréhender pour étudier ce que fut ensuite l’histoire du XVIIIe siècle, de l’affaiblissement de la monarchie aux guerres mondiales perdues contre l’Angleterre. La Révolution française est en partie fille de cette période dramatique qui aura décrédibilisé la monarchie et sapé l’amour du peuple pour son roi.

Hugo Bruno

 

La première partie

 






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18 Commentaires

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  • Il n’y a pas de déclin à proprement parler, mais une évolution continue dans le sillage du développement du Capital ; un processus continu où l’Ancien est détruit au profit du Nouveau …
    Les États sont une création artificielle du Capitalisme, de même que les peuples , la famille nucléaire ou les noms de famille. Tout ce qui est, du point de vue du Capital sera un jour détruit …

     

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  • #3560205

    Ainsi, plutôt que d’investir dans l’agriculture et l’économie, Louis XIV fit les guerres que nous connaissons.




    Cette proposition est fausse et n’importe quel historien sérieux le sait très bien.

    Louis XIV a soutenu l’oeuvre monumentale de Colbert qui a révolutionné l’économie française : industrie (manufactures et contrôle qualité), douanes, comptes publics, commerce (Compagnie des Indes Orientales, Compagnie des Indes Occidentales, Compagnie du Levant, comptoirs outre-mer, chambres des assurances, amélioration du courtage, règlement sur le taux de l’intérêt, ordonnance du commerce, franchises des ports de Dunkerque et de Marseille), voies de communication (canal des deux-mers, pavage de Paris, routes royales, développement de la marine), sciences (Académie des sciences) et technologie (recrutement de maîtres italiens et hollandais en verrerie, textile, céramique), etc. etc.

    La vérité, c’est que a somme de travail investie sous le règne de Louis XIV pour moderniser l’économie française est colossale.

    Et la démographie importante est en elle-même un signe de progrès de l’agriculture, c’est parce que les ressources alimentaires ont été accrues qu’une population se développe. La France n’a pas atteint « vingt millions d’habitants, soit un quart de la population totale européenne » par hasard. Si l’agriculture française pouvait nourrir à elle seule un quart de la population européenne, que valaient les agricultures des autres pays ? Une meilleure production agricole cause une croissance démographique mais pour stabiliser cette nouvelle population, il faut réinvestir la force de travail dans l’agriculture, ce qui nécessite une réorganisation importante. La stabilisation et la régularité d’une production agricole adaptée à une nouvelle quantité de population a toujours été difficile. Les contre-coups de famines liés à l’explosion démographique n’ont rien de spécifique à la France de Louis XIV, ils existent depuis le néolithique.



    guerres mondiales perdues contre l’Angleterre




    La guerre contre l’Angleterre a été gagnée le 3 septembre 1783 quand la France lui a fait perdre l’Amérique grâce à une suite de brillantes campagnes navales et terrestres sur plusieurs océans et continents.

     

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    • Une stèle négligée dissimulée par la statue de Benjamin Franklin sur la place du Trocadéro, comportant une petite portion de jeunes soldats français qui ont perdu leur vie à Yorktown . Sans Rochambeau et soldats aguerris au combat, les soldats américains, pour la plupart agriculteurs, aurait été anéantis .

      La République c’est le malheur .

       

  • Les guerres sans fin




    Comme si au XVIIe siècle les autres pays d’Europe n’avaient été eux aussi continuellement en guerre : Angleterre, Espagne, Portugal, Autriche, Suède, Pologne, principautés allemandes, Russie...

    On a l’impression de lire un manuel de l’Education antinationale écrit par M. Nathan.

     

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  • Minimiser la descente aux enfer d’une civilisation multi millénaire avec une page d’histoire sans contradicteurs

    4 millions d’anglo-saxons nous ont toujours emmerdes et Le Royaume avait 800 hauts fonctionnaires qui nous ont légués l’amour du plus beau pays où l’on trouve tout ce qui est présent sur le continent Nord Américain en miniature .

     

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  • #3560340

    Pas mal.
    Si je peux me permettre, quelques précisions venant d’un admirateur du roi (honnête je l’espère) :

    - Les guerres entre l’Angleterre et la France à cette période forment une Seconde guerre de Cent ans (1689-1815), montrant bien là qu’aucune paix n’est possible avec la perfide Albion (Céline avait tout compris)... La preuve avec la guerre de Succession d’Espagne où la France était légitime à réclamer la couronne. Par contre, oui il a trop aimé la guerre (et il le dit... Comme Napoléon !)

    - Il faut insister sur l’influence de Colbert (Dessert parle de "serpent venimeux") et Louvois, c’est eux qui influencent le roi, pas pour rien qu’on parle de règne personnel de Louis XIV à la mort de Louvois (1691) voire de "fin de l’âge des vizirs". Certes, le roi n’est pas une marionnette mais il écoute et donne des pouvoirs colossaux.

    - Louis XIV était à la hauteur du royaume, il l’aimait et aimait par dessus tout l’Etat (d’où cette phrase avant de mourir : "je m’en vais mais l’Etat demeurera toujours"). Il y a une filiation claire entre Louis XIV-Napoléon et De Gaulle là-dessus (même un historien académique comme Sarmant le dit).

    - Oui la famine. Les morts de faim dépassent les morts de la Première Guerre mondiale côté français. Oui c’est honteux ! Et Louis XIV est en partie responsable avec cette guerre qui n’en finit pas et de mauvaises décisions… Mais pas les problèmes climatiques ni de la dureté matérielle d’une époque où perdre un enfant est moins grave que perdre une vache..

    - A ma connaissance, aucun historien (même Goubert) ne critique le "Vieux-Roi" après le grand Hyver 1709 : tous louent son sens de l’Etat et sa dignité malgré les malheurs.

    - Oui, pour les paysans sa mort est, si ce n’est une délivrance, au moins pas une grande perte car les moissons sont là en ce mois de septembre 1715 (Chaline). Son cortège funèbre a même été chahuté/sifflé.

    - Pour moi, c’est à sa mort que tout fout l’camp : plus aucun roi ne sera à la hauteur, les financiers prennent le pouvoir définitivement, on redonne au Parlement le pouvoir qu’il ne mérite pas... Bref, on prend les défauts de l’Angleterre.

    - Comme le suggérait Stéphane Blet, il faut lire le Louis XIV de François Bluche : c’est la légende dorée du roi mais qu’est-ce que c’est bien écrit et patriote ! Je conseille également Thierry Beaussant (Le Roi-Soleil se lève aussi et Louis XIV : artiste) c’est court, bien écrit et fait par un passionné.

     

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  • " premier déclin français "

    Ce titre est grotesque, la France à la fin du règne de Louis XIV qui a duré soixante-douze ans était de très loin le premier pays du monde dans tous les domaines, par sa démographie, son agriculture, son industrie, ses routes, ses canaux, ses ports, sa législation, sa justice, ses académies des sciences, des lettres, d’architecture, de peinture, d’agronomie, son niveau d’instruction, ses collèges, ses universités, ses grandes écoles, ses écoles de médecine, de droit, ses hôpitaux, dont celui des Invalides, l’hôpital Saint-Louis, pour compléter l’Hôtel-Dieu, ouvert en cas d’épidémie, ses innombrables institutions sociales et congrégations charitables, son administration, ses armées, sa marine de guerre, ses arsenaux, ses milliers d’hommes de lettres admirés du monde entier (La Fontaine, Racine, Corneille, Molière, La Bruyère, Larochefoucault, Perrault, Pascal, Fermat, Domat, Arnaud, Nicole, Saint-Simon, ), ses dizaines de milliers chansons recueillies dans plusieurs in-folio, sa musique, ses cartes, ses astronomes, ses saints, ses facteurs d’instruments, ses architectes, ses ingénieurs, ses artisans, ses jésuites qui faisaient l’ethographie des peuples du monde entier, recueillant les cultures, les coutumes, dressant des grammaires et des dictionnaires, le plus haut niveau de vie de ses populations, le plus grand nombre d’oeuvres sociales, la beauté de ses villes et de ses monuments, les recherches historiques monumentales de ses religieux, la faiblesse de sa criminalité, ses imprimeries, ses archives, son édition, ses expositions artistiques dans la Galerie du Louvre, etc..

    Le règne de Louis XIV a été celui du petit âge glaciaire (le minimum de Maunder (1645-1715)) qui a été la cause des famines et de la mortalité de froid et de faim, la politique n’y était pour rien. En 1693-1694, le printemps très pluvieux suivi d’un échaudage l’été provoque une famine suivie d’une épidémie qui a tué 1 300 000 personnes ; en 1708-1709 le thermomètre est descendu en-dessous de - 10° pendant 20 jours à Paris, la Manche, la Seine et tous les fleuves et tous les canaux de France ont été pris par la glace pendant trois mois, bloquant la navigation et le transport des denrées et du bois, 600 000 morts, dont 100 000 de froid, 200 000 de malnutrition, 300 000 d’épidémies (dysenterie, typhoïde, typhus, scorbut ...) particulièrement meurtrières sur des individus sous alimentés. Il y a eu aussi une épidémie de peste qui a commencé à Marseille.

     

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    • Merci Pl, ça fait du bien de vous lire. Amitiés...

       
    • #3562589

      Je souscris TOTALEMENT aux propos de @PL.

      De plus, comme le révèle Bernard GANTOIS dans son ouvrage remarquable "Démolition" (2022) :
      - ) Louis XIV le 13 décembre 1698 instaura par décret l’enseignement obligatoire en France (p8)
      - ) L’Eglise catholique et plus précisément les Jésuites assuraient cette Ecole publique (p 21).

      Ma conviction est donc que si les Jésuites furent condamnés ensuite dans toute l’Europe au cours des années 1700,
      c’est parce que moins de 20 ans après ce décret, en 1717 est instauré à Londres un Enseignement SPÉCIFIQUE pour former les "INITIÉS", qui s’appelle Franc-Maçonnerie , et qui va inonder l’Occident ?

      De plus, en France, sous Louis XV et Louis XVI, le Jansénisme va maitriser le Parlement de Paris, réduisant ainsi ces rois à l’impuissance, interdisant aux Jésuites d’enseigner (p 22).

      La Révolution Française allait faire le reste.

       
  • Les pires calamités, dans ce pays, passent pour des "grands hommes " !

     

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  • Ah nos granzoms ...
    Louis XIV : ruine et révolution française
    Nabot Léon : renforcement de l’Angleterre
    Gaugaulle : victoire des anglo-americains en Europe

     

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  • Les Français ont toujours préféré la gloire éphémère à la puissance durable, et ont très souvent confondu les deux.

    Ceci explique leur grand amour pour le guignol Bonaparte et leur désintérêt total pour le grand Louis XIII.

     

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    • Le guignol Bonaparte a ramassé la couronne dans le ruisseau en 1797 à 27 ans, et en quinze ans il a mis fin à la révolution qui avait dégénéré en une guerre civile épouvatable, en ruine, en famine, tout détruit, il a réconcilié les partis, et il a tout restauré et reconstruit : monnaie or, gendarmerie, églises, tribunaux, ports, arsenaux, chambres de commerce, légion d’honneur (ancien ordre de Saint-Louis), agriculture, haras, armée, manufactures d’armes, universités, églises, lycées, préfectures, cadastre, codes civil, pénal, de procédures, de commerce, des eaux et forêts, administratif, etc..
      Louis XVI a été le principal responsable de la révolution à cause de sa bêtise et de sa faiblesse : la Bastille aurait due être pleine de prisonniers avec le duc d’Orléans, les Amis de la Constitution, etc.. Sans Napoléon, aucune restauration n’aurait été possible.

       
    • Louis le Juste ! Je vous rejoins ! Saint Simon dans ses Mémoires nous le montre à chaque page. Et c’est tout le personnel formé sous Louis XIII qui fait encore la grandeur des premières années du Roi Soleil. Tout s’écroulera avec la génération suivante et c’est Louvois qui sera l’instrument de la Providence.
      ’’Louis avait une intelligence au dessous du médiocre ’’ dixit S. Simon (tome premier des Mémoires). Ce qui est un jugement sans appel. Vauban est effondré par les capacités très limitées du Grand Roi.
      Le siècle de Louis XIV est complètement initié par son prédécesseur, appuye sur la très grande qualité du peuple français et de ses élites.Comme la décadence de la Fronce aujourd’hui est la conséquence de ...

      Mitterrand et ses sbires.Quant à la qualité du peuple français, empoisonné, métissé, dégénéré, abruti par les drogues et les médias, il s’enfonce dans la nuit noire de l’occupation financière...

       
    • #3560729

      Napoléon cherchait une "paix glorieuse" et Louis XIV avouait avoir "trop aimé la guerre". C’est dans l’ADN de la France : soit des perdants magnifiques (Waterloo), soit le style flamboyant au bord du précipice (Malplaquet, les charges de Murat à Eylau, etc.). Il n’y a rien de plus commun à la France que le "panache", qu’on retrouve dans le sport d’ailleurs.
      On peut le déplorer mais on ne pourra jamais en sortir.

       
  • Enfin quelques vérités sur ce calamiteux Louis XIV ! A quoi faut ajouter :
    Son alliance avec les Turc pendant les invasions ottomanes en Europe
    Sa révocation de l’édit de Nantes faisant fuir les élites de ce pays
    Son alliance avec l’Angleterre pour abattre le saint empire romain germanique des Habsbourg

     

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