Les yeux dans le vague, à la fenêtre d’un chalet désaffecté du nord de la Grèce, un demandeur d’asile congolais découvre, ahuri, cette neige méconnue, et soupire désespéré : « J’aurais préféré rester à Moria » sur l’île de Lesbos.
« Au moins là-bas, nous étions en contact avec le monde extérieur. Ici, on se sent comme dans une prison ouverte », explique à l’AFP Sylva Caumba, deux mois après son transfert du camp surpeuplé de Moria, que le gouvernement grec a décidé de désengorger.
Avec sa femme et ses deux enfants, le trentenaire a quitté le « hotspot » de Lesbos, connu pour ses conditions insalubres, et atterri dans ce chalet isolé de montagne à Vasilitsa, à 1000 mètres d’altitude et 45 km de la ville la plus proche, Grevena. Les ours et les loups y sont plus nombreux que les habitants.
L’édifice, abandonné pendant la crise économique grecque, abrite actuellement 116 demandeurs d’asile d’Afghanistan, de Somalie, de Syrie et de la République démocratique du Congo.
« On se réveille, on regarde la télé et on retourne se coucher. C’est pas ça la vie », se lamente son compatriote Mabika Zordel, un ancien footballeur de 20 ans. Nuredin Intze, un Somalien de 38 ans, acquiesce : la « situation était meilleure » au camp de l’île égéenne de Leros, un autre des cinq « hotspots » grecs au bord de l’explosion. « Les heures ne passent pas. Comment voulez-vous vivre sans rien avoir à faire ? La seule chose qu’il nous reste, c’est l’espoir d’un changement », ajoute l’ancien chauffeur somalien.
Refonte de l’asile en Grèce
La détresse de ces demandeurs d’asile, relocalisés sur le continent, est une des conséquences du vaste plan gouvernemental de refonte de l’asile en Grèce, face à la recrudescence des arrivées sur les cinq îles égéennes de Lesbos, Chios, Samos, Kos et Leros. Selon les autorités grecques, ils sont plus de 40 000 actuellement sur ces îles, dont plus de 37 000 s’entassent dans les camps aux conditions insalubres.
que les migrants puissent être aussi des voleurs à 10’49)
Le gouvernement conservateur de Kyriakos Mitsotakis a promis d’en relocaliser 20 000 sur le continent d’ici à la fin de l’année. Mais les camps sont également sur le point d’être saturés en Grèce continentale. Et le projet rencontre l’hostilité des habitants de plusieurs localités, furieux de voir des étrangers arriver en masse dans des régions jusqu’ici à l’écart des flux migratoires.
En octobre, la propriétaire d’un hôtel de Vrasna, près de Thessalonique, a rapporté avoir reçu des menaces d’incendie après avoir accepté de loger temporairement un groupe de migrants. En novembre, un autre groupe de demandeurs d’asile avait été logé dans un monastère orthodoxe abandonné du Péloponnèse. En peu de temps, la plupart d’entre eux avaient demandé à être relocalisés ailleurs.
Lire l’article entier sur 20min.ch
Les Abruzzes en Italie ressemblent aux montagnes du nord de la Grèce, on y trouve des loups et des ours :