Après l’échec de plusieurs tentatives, quelque 1 200 travailleurs chinois bloqués dans une zone de conflit en Irak ont enfin été évacués vers une zone de sécurité.

Les employés de China Engineering Machinery Corp (CMEC), qui s’efforçaient de réparer une centrale électrique, étaient bloqués dans un camp de Samarra, dans la province de Salaheddine, depuis plus de deux semaines en raison des combats qui ont éclaté entre les forces gouvernementales et les insurgés sunnites.

Un premier groupe de plus de 40 personnes a été transféré à Bagdad par hélicoptère, a révélé jeudi un reportage de la CCTV.

Une source de CMEC, qui a souhaité garder l’anonymat, a affirmé que la situation est maintenant sous contrôle. « Le camp est sécurisé, les forces gouvernementales irakiennes et des agents de sécurité locaux montent la garde à l’extérieur », a-t-il expliqué, en ajoutant qu’il ya suffisamment de nourriture et de fournitures sur place.

« La société a fait tout son possible pour essayer d’assurer la sécurité de ses employés, et des progrès importants a été accomplis hier », a déclaré la source qui a refusé de révéler plus de détails, en invoquant des raisons de sécurité.

La porte-parole du ministère des Affaires étrangères Hua Chunying a déclaré lors d’une conférence de presse jeudi que le gouvernement chinois est en coordination avec l’armée et le gouvernement irakien sur le plan d’évacuation. « Le gouvernement chinois ne ménagera aucun effort pour assurer que l’évacuation est effectuée d’une manière sûre, ordonnée et opportune », a-t-elle souligné.

« Mon père m’a dit qu’un premier groupe d’une centaine d’ouvriers prendra un bus vers Bagdad aujourd’hui », a déclaré Mlle Zhao, la fille d’un ouvrier bloqué. Son père lui aurait révélé que la situation avait été particulièrement tendue lorsqu’un engin explosif a été trouvé à seulement 80 mètres du camp il y a quelques jours.

La Chine a maintenu une présence commerciale importante en Irak depuis l’invasion américaine de 2003. Le ministère chinois des Affaires étrangères a indiqué queplus de 10 000 ressortissants chinois se trouvent actuellement en Irak.

La plupart des ouvriers sont employés par des compagnies pétrolières publiques, tandis que d’autres travaillent dans la construction d’infrastructures et pour des entreprises privées.

Hormis le groupe bloqué à Samarra, la plupart des ressortissants chinois et des projets se trouvent à Bagdad et dans le sud du pays, qui sont toujours contrôlés par le gouvernement irakien.

Lorsqu’un journaliste a demandé à Mme Hua si la Chine ferait évacuer ses ressortissants en Irak comme elle l’a fait en Libye en 2011, elle a assuré que le gouvernement suit de près la situation de la sécurité en Irak et prendles décisions nécessaires en temps opportun.

En février 2011, la Chine a évacué des centaines de milliers de ses ressortissants de Libye en utilisant des vols charters, des bateaux de croisière et des navires de guerre.

« Au fur et à mesure que la situation évolue, nous prendrons les mesures appropriées pour assurer la sécurité et les intérêts des entreprises chinoises et de nos ressortissants », a-t-elle souligné.

Un employé de PetroChina à Bassora, dans le sud de l’Irak, a déclaré que sa société a déjà établi un plan d’urgence, que certains membres du personnel étaient déjà partis, et que le champ pétrolifère fonctionnait toujours normalement.

« J’ai entendu de notre personnel de sécurité que plusieurs véhicules pare-balles nous seront envoyés la semaine prochaine, dans le cas où nous devrions évacuer les lieux », a-t-il expliqué, en ajoutant qu’il n’y avait pas pour l’instant de plan immédiat de départ.

PetroChina a élaboré plusieurs plans d’évacuation, y compris par voie aérienne ou en passant par l’Iran ou par le Koweït, a révélé l’employé du groupe. Un autre employé chinois sur un champ pétrolifère dans le sud de l’Irak a déclaré qu’aucun avis d’évacuation n’avait été émis par l’ambassade.

Gao Fei, professeur spécialisé dans la protection consulaire, a noté que la dégradation de la situation de sécurité en Irak la semaine dernière a dépassé les prévisions de Beijing.

« La réticence de Washington à intervenir reflète son manque de confiance dans la situation. Qui plus est, l’insurrection a encore aggravé les tensions entre les chiites, les sunnites et les Kurdes irakiens », a déclaré M. Gao. « Beijing a une attitude ambiguë quant àl’évacuation de ses ressortissants. »

Cependant, M. Gao a dit qu’il ne s’attendait pas à une évacuation à grande échelle cette fois. « La situation en Libye était bien plus chaotique. En Irak, la plupart des ressortissants chinois travaillent pour des entreprises d’État, ce qui rend une évacuation éventuelle beaucoup plus facile si la situation venait à se détériorer », a-t-il estimé.

La Chine est le plus important client de l’Irak en termes de pétrole, et les entreprises chinoises publiques du secteur sont celles qui détiennent la plus grande part dans l’exploitation pétrolière dans le pays.