Estelle Mouzin, Marion Wagon, et plus récemment Maëlys de Araujo… Derrière ces noms, des affaires d’enfants disparus, depuis des mois ou des années, ayant suscité une vive émotion et mobilisé d’importants moyens d’investigation. Mais une fois les premiers mois passés, il est parfois difficile pour les familles d’avoir un vrai suivi de la justice sur ces « cold cases ».
« Les premières heures sont déterminantes »
C’est le commentaire que bien des policiers rappellent souvent lors de l’annonce d’une disparition. Recueils de témoignages, réquisitions des données téléphoniques et bancaires, battues dans la zone de disparition… Les moyens mis à la disposition des forces de l’ordre sont alors conséquents. Ils ont « fait la démonstration de leur efficacité », reconnaît Fabien Rajon, avocat de la famille de Maëlys.
Mais pour la famille d’Estelle Mouzin, disparue il y a bientôt quinze ans, ces investigations sont déjà loin. Depuis, sept juges différents se sont transmis le dossier. Et chaque fois, le même « combat » des proches pour réactiver l’enquête. Une situation que dénonce aujourd’hui la famille de la disparue de Guermantes (Seine-et-Marne). « Il faudrait une continuité sur ces affaires. La justice végète sur ces dossiers sensibles », regrette au Figaro Corinne Herrmann, l’une des avocats de la famille Mouzin et criminologue.
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« Nous ne savons pas combien il y a d’enfants disparus en France »
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De son côté, le ministère de la Justice assure que « les disparitions d’enfants signalées au parquet font l’objet d’une inscription au Fichier des personnes recherchées (FPR) ». Mais il n’est pas dédié exclusivement aux enfants et ne concerne que les affaires en cours, pas les dossiers prescrits, ni les tentatives d’enlèvement. Pourtant, d’après Corinne Herrmann, la clé est là : rassembler les affaires, les comparer, établir des liens géographiques…
Cette prise de conscience sur ces disparitions à caractère criminel est rendue difficile par un « certain tabou français », selon les mots de la présidente du CFPE.
« Quand un enfant ou un adolescent s’évapore, il y a un risque qu’il tombe dans un trafic sexuel ou de délinquance, même local. Mais en France, on n’ose pas vraiment parler de ces sujets, à l’inverse d’autre pays européens. »