Un responsable du parti populiste de droite allemand AfD a suscité l’opprobre en Allemagne mercredi en déplorant l’existence au cœur de Berlin d’un mémorial « de la honte » rappelant l’assassinat des juifs d’Europe par le régime nazi.
« Jusqu’à ce jour, notre état d’esprit est celui d’un peuple totalement vaincu (...) nous Allemands, notre peuple, est le seul peuple au monde qui a planté au cœur de sa capitale un monument de la honte », a dit Björn Höcker lors d’un évènement de son parti mardi soir, selon une vidéo mise en ligne, faisant référence au célèbre monument inauguré dans le centre-ville de Berlin en 2005.
« Changer notre politique de mémoire »
« Il nous faut rien de moins qu’un virage à 180° de notre politique de mémoire », a-t-il martelé, dénonçant le fait que l’on enseigne une histoire « tournée en mal, en dérision » au lieu de se focaliser sur « les grands bienfaiteurs, les célèbres philosophes, les musiciens, les explorateurs et inventeurs géniaux ».
« Vision positive de notre histoire »
Ce responsable de l’AfD en Thüringe (est) a réclamé « une vision positive de notre histoire » afin que le peuple allemand échappe à l’« autodissolution », et puisse pleurer « ses victimes » de la Seconde Guerre mondiale, en particulier ceux tués dans le « crime de guerre » qu’étaient les bombardements alliés.
Indignation
Des dirigeants d’autres partis allemands ont vivement dénoncé ces propos, à l’instar de la secrétaire générale du parti social-démocrate (SPD) Katarina Barley qui estime que M. Höcker « parle la langue du NSDAP », autre acronyme du parti nazi.
Antisémitisme
« L’AfD montre avec ces mots des plus antisémites et inhumains son vrai visage (...) je n’aurais jamais cru que de telles déclarations d’un politique allemand étaient possibles 70 ans après l’Holocauste », a dénoncé pour sa part le chef du Conseil central des juifs d’Allemagne, Josef Schuster.
Étonnement
M. Höcker, un habitué des polémiques appartenant à la frange la plus radicale de l’AfD, s’est dit « étonné » sur Facebook de ces critiques, dénonçant « une interprétation malveillante » de son discours et proposant en échange sa propre lecture.
L’auteur se défend
« J’ai qualifié l’Holocauste, c’est-à-dire le génocide des juifs par les Allemands, de honte pour notre peuple. Et j’ai dit que nous Allemands avons placé au cœur de Berlin un monument dédié à ce crime inconcevable, à cette culpabilité et donc à cette honte », écrit-il.
AfD
L’AfD, jeune mouvement anti-immigration et anti-élites, a le vent en poupe, capitalisant notamment sur les craintes suscitées par l’arrivée de plus d’un million de demandeurs d’asile depuis 2015. Le parti espère entrer à la chambre des députés à l’occasion des législatives du 24 septembre prochain, ce qui serait une première pour un parti de ce type depuis 1945. Il veut priver la chancelière Angela Merkel de la majorité nécessaire pour obtenir un quatrième mandat.