A y est ! Les audiences radio Médiamétrie sont tombées ! Les stations publiques et privées qui se font la guerre commerciale pour les auditeurs et les annonceurs ont les yeux rivés sur les chiffres, comme les hommes politiques sur les sondages. Et sur le cul des femmes.
Europe 1 dans le couloir de la mort
Résultat des courses à Longchamp : RTL devance le peloton – on vous épargne les chiffres et la baston sur les quarts d’heure –, France Inter la mal-nommée dépasse NRJ, tandis que France Info gratte Europe 1, ex-aequo avec RMC, qui a failli passer 4ème. Chez RTL, on se fout ouvertement des déboires d’Europe 1.
Le départ de Jean-Pierre Elkabbach (vers i>Télé mais il est contesté sur Public Sénat) n’a pas signé la déselkabbachisation de la station, qui croit mordicus à l’avenir du pro-sionisme à la radio. Manque de chance, cette idéologie à hautes doses est de moins en moins populaire. Du côté de RMC, même si on ne réalise pas l’objectif de dépasser Europe 1, tout va bien. Le classement tout frais étant aussi une info, Bourdin ne se prive pas de la croiser avec un soupçon d’autopromotion massive :
VIDÉO - Comment expliquer ce succès de RMC ? Petite réponse :) Merci à vous ! #RMCDevant #BourdinDirect #BourdinBDV pic.twitter.com/duNTls1A3v
— Jean-Jacques Bourdin (@JJBourdin_RMC) 19 janvier 2017
Et comme Bourdin est un grand séducteur (d’auditeurs), on enchaîne tout naturellement avec le sexe. Ovidie est la vedette de Canal+, en chute libre à l’image d’Europe 1, depuis la diffusion de son doc sur le X hier soir.
Ovidie, la petite sœur des pauvres hardeuses
Ovidie, avec ses films des années 2000, fait presque figure de coincée face à la production actuelle. Tout son docu tourne autour de cette évolution. Une certaine hypocrisie, car depuis 50 ans que le X existe, il a toujours été de mal en pis. Ou de mâle en pis de vache, pour les amateurs de vannes lourdes. Ovidie présente donc cette particularité d’être sortie de cet enfer pour y retourner avec une caméra. Autant dire que l’ex-actrice X se reconvertit dans le... X. Et derrière la caméra, elle dénonce.
Mater en toute tranquillité morale un X qui dénonce le X
Mais il y a un trouble : elle ne dénonce pas violemment, il reste un regard un peu pervers dans cette relation entre celle qui a connu le salut et les victimes actuelles. Les adversaires acharnés du porno dénonceront à leur tour l’hypocrisie 2.0 qui consiste à faire du fric avec les prisonnières du X contemporain, un peu comme si un réalisateur avait tourné dans un camp de concentration pour vendre les images choc à Canal Plus.
- La perversion consiste à dénoncer l’industrie du X tout en le montrant
Les pratiques immondes dans ce métier pourri, ça fait des lustres que ça existe, et les dénonciations récurrente (sous couvert d’information) n’y ont pas changé grand chose. Au contraire, si ça se trouve, une bonne partie des téléspectateurs de Canal+ iront jeter un œil salace sur ces tournages ignobles produits par des ordures finies, qui puent le réseau mafieux est-européen ou la multinationale US du X cradingue. On sait aussi que dans leur écrasante majorité, ces pauvres gonzesses ont été violées dans leur enfance, mais Ovidie n’est pas là pour faire de la sociologie clinique…
Libération ou libéralisme sexuel ?
Le milieu avance évidemment vers la destruction totale de l’intégrité physique des actrices, et la prochaine étape, on peut vous le dire, sera le snuff movie à la portée des caniches. Le meurtre en « vente libre » sur le Net même pas dark va faire sa jonction avec le porno et cette rencontre de rêve donnera lieu à un grand débat à la con sur « peut-on montrer un viol suivi d’un meurtre ? », mais l’ultralibéralisme n’en a rien à foutre : c’est la finalité fatale de cette idéologie d’exploiter à mort, au sens figuré et au sens propre. Faire de ses prisonniers des putes jusqu’à leur dernier souffle. Notre société détruit des innocences pour vendre du fantasme de viol à d’autres victimes qui elles ont été rendues impuissantes par la domination.
Heureusement, toutes les femmes ne sont pas des violées qui virent hardeuses. Certaines trouvent une place très honorable dans notre société, des jobs qui leur étaient auparavant interdits – du moins si l’on en croit les féministes – comme ministre, journaliste ou porte-parole d’Osez le féminisme. Tenez, Éléonore Stévenin-Morguet s’est fait interviewer par Grazia, le magazine des femmes qui consomment à mort, sur comment réagir aux blagues sexistes.
Qu’est-ce qu’une blague sexiste ? Eh bien quand un monsieur tient un propos déplacé ou commente l’aspect physique d’une femme. On va donner des exemples : « Purée, c’que t’es bonne », « Ouah, quel cul ! », « J’adore les asiatiques », « C’est des vrais tes gros nichons ? », ce genre d’horreurs qu’un homme d’honneur ne devrait jamais proférer à une femme, même si elle est tentante (ces horreurs se pensent mais ne se disent pas). Éléonore apprend aux femmes à se défendre, elle fait un peu prof de karaté de la vanne :
« C’est terrible à dire mais nous vivons dans un monde extrêmement sexiste, et donc, essayez de ne pas vous énerver. S’énerver revient hélas à alimenter le stéréotype de l’hystérique. Si toutefois vous vous énervez, ne culpabilisez pas ensuite : vous avez été agressée, ce n’est pas à vous de culpabiliser. La meilleure stratégie à adopter est selon moi dans la pédagogie, l’humour. Demandez à l’interlocuteur de répéter : "Pardon ? Pourquoi est-ce que tu dis ça ?" , très calmement. Marquer un silence. Énoncer votre sentiment de façon très claire et simple. Dites par exemple "Ce que tu viens de dire me pose problème." »
- Éléonore Stévenin-Morguet fustige les gros relous
Pas sûr que l’antisexisme ait raison du puissant instinct masculin, mais bon... Le problème étant éminemment politique, Éléonore propose une solution politique et, surprise, qui vient tout droit des USA, notre modèle à tous :
« Aux États-Unis ce concept de solidarité féminine se nomme "sorority". C’est un bon concept à importer chez nous ! Enfin, si ces agissements se multiplient, si plusieurs femmes les constatent, sachez que la loi interdit les comportements sexistes au travail. Évidemment je comprends qu’il puisse être compliqué d’aller voir ses supérieurs pour une supposée blague, c’est ce en quoi le sexisme ordinaire est si pernicieux. Mais vous pouvez par exemple décider de noter, à plusieurs, à chaque fois qu’une personne tient des propos sexistes, envers qui, dans quel cadre, à quelle heure, etc. Et présenter ces documents à votre supérieur. Il a l’obligation légale d’agir pour vous protéger. Unissons-nous ! C’est notre meilleure chance de vivre dans un monde moins sexiste. »
Sorority ? On a failli lire sorossity ! Pardon, mauvaise blague qui associe le féminisme au libéralisme libertaire le plus vil. Ce qui est étonnant dans cette histoire, ou ces histoires, c’est de déplorer les effets dont on chérit les causes. C’est-à-dire de louer la libération des mœurs, chacune à son niveau, porno pour Ovidie, professionnel pour Éléonore, et de ne pas voir à quoi mène cette pseudo libération : à la destruction de l’intime, de la relation homme/femme, de l’amour quoi, et que cela instaure un mur entre les sexes, un mur d’argent ou un mur juridique.
Le 19 janvier, désormais, ce sera « Pas la Journée des Femmes »
Pour finir sur une note optimiste et réjouissante, nous avons sélectionné deux déclarations de deux femmes qui ont acquis une place importante dans l’échelle hiérarchique de dominance : Laurence Haïm, désormais très proche d’Emmanuel Macron, et Audrey Azoulay, très proche du président Hollande (au théâtre, voyons).
Et on vous prie de garder pour vous vos remarques sexistes. Merci.