Mac 1er fait feu de tout bois : hier au Burkina, demain en Algérie, avant cela en Arabie, gérant d’un sourcil les affaires de la France, l’omniprésident vient de faire trembler toute l’industrie du porno, « ce genre qui fait de la femme un objet d’humiliation »… C’est fou le pouvoir d’un président ! Ah, s’il pouvait s’attaquer au chômage – la violence faite à tous les travailleurs – comme il s’attaque à la violence faite aux femmes... Mais ne boudons pas notre plaisir, et analysons cela.
« La pornographie a franchi la porte des établissements scolaires. Nous ne pouvons ignorer ce genre qui fait de la femme un objet d’humiliation. »
Face aux humiliations que les femmes subissent dans les films X, et devant le nombre grandissant d’enfants qui se font une idée de l’amour (romantique) en matant sur mobile des gang bangs mexicains qui se terminent en snuff movies pédocriminels, il fallait réagir. Comme souvent en France, derrière les beaux discours, du genre « mon ennemi c’est la finance internationale aux doigts crochus » (OK, Hollande n’a pas exactement dit ça, mais il le pensait très fort), les mesures sont très moyennes. Pour le porno, Mac 1er refile le bébé au CSA, qui doit se débrouiller avec des milliers de sites de cul, des centaines de milliers de vidéos, et des dizaines de millions d’utilisateurs.
Sauf que le CSA ne sait pas comment choper la tête du serpent à 9 têtes. Il ne contrôle rien, à part une télé que plus beaucoup de jeunes ne regardent :
« L’un des fondements de la mission du CSA est de protéger le jeune public. Or les modes de consommation ont changé, les plus jeunes regardent de moins en moins la télévision. Il faut étendre la régulation là où ils se trouvent, en l’occurrence sur Internet. »
Et le contrôle du Net, c’est le serpent de mer du pouvoir. Thérèse Hargot, auteur d’Une jeunesse sexuellement libérée (ou presque) (Albin Michel, 2016), évoque une « fabrique du porc » :
« Il y a toujours eu ce problème du “porc”, ce n’est évidemment pas nouveau. Mais aujourd’hui, on se retrouve avec une machine à en “fabriquer”. D’un côté, on entend un discours d’égalité et de respect entre les hommes et les femmes, et de l’autre, on a une industrie pornographique extrêmement puissante qui diffuse ses images au travers des smartphones, ordinateurs et tablettes. Les deux messages sont totalement opposés, mais le second n’étant pas accompagné (car le porno est souvent consommé seul), il est susceptible d’avoir beaucoup plus d’impact. »
Eh oui, Thérèse, et ça s’explique sociologiquement. Quand l’acteur porno Ferrara a lancé son appel à Macron, il a été interrogé par francetvinfo :
« Vous ne pensez pas que ces films peuvent tout de même véhiculer une image humiliante pour la femme, comme le dit Emmanuel Macron ? »
« C’est vraiment simplifier les choses que de dire cela. Il y a une grande partie du porno qui n’humilie pas la femme. Il faut savoir que dans le porno, il y a plusieurs niches. L’homme qui domine la femme soumise est une niche. Mais ce n’est pas la seule. Il y a aussi celle de l’homme dominé par les femmes. Dans tous les cas, attention : on ne fait pas de films éducatifs, on fait du divertissement. On ne prétend pas dire que ce qui est dans les films représente la réalité. On ne dit pas aux gens que c’est ce qu’il faut faire. »
Et nous on pose une question, une seule : la dégradation de l’image de la femme dans le porno serait-elle le prix à payer du pouvoir féministe grandissant ?
Le porno, au public à 95% masculin, serait alors une sorte de session de rattrapage imaginaire des hommes qui ont perdu leur pouvoir sur les femmes… une petite revanche en douce. Les femmes devenant peu à peu intouchables, on le voit avec la campagne géante « Balance Ton Porc », le désir masculin criminalisé, porcisé, sali, trouve le porno comme exutoire.
- Les femmes ne sont pas toutes contre les porcs
Quand le porno n’était pas aussi présent, par exemple à la fin des années 60, au moment de son démarrage en Scandinavie, les films étaient très féministes : tout tournait autour de la femme et de son plaisir, l’homme n’était qu’un instrument, dont les femmes se servaient à foison. On peut dire que le porno pré-historique était féministe, non machiste, respectueux des femmes. La démocratisation du genre a provoqué deux changements : le premier, c’est l’éventail impressionnant des fantasmes humains qui a fait du X un gigantesque service à la carte pour chaque individu ; le second, c’est la baisse du pouvoir machiste qui a réveillé le besoin de domination – imaginaire – de l’homme sur la femme.
En 1973, les femmes venaient voir du porno avec leur mari ou leur amant dans les salles obscures pas encore classées « X ». En 2017, une écrasante majorité de mecs consomme du porno devant son écran. Le rapport de force s’est retourné : la femme est devenue un objet à dominer, à secouer, à maltraiter. C’est de l’antiféminisme primaire forcené. C’est peut-être bon signe, signe que la violence des hommes sur les femmes baisse dans le réel [1] !
Le gonzo incarne ce retour de bâton masculin contre le féminisme puritain à la sauce américaine : la femme n’est plus la déesse à adorer et dont il faut satisfaire les moindres désirs (offrande), mais la grosse salope à « bifler » [2].
Wallah, comment qu’on s’en sort bien. On vient de déculpabiliser environ 20 millions de mecs, d’un coup. Merci qui ? Merci E&R !
On sait pas exactement pourquoi mais on sent qu’il y a un lien entre les trucs cochons précédents et la brouille JoeyStarr/Hanouna qui suit.
Résumé du clash : Joey sort sa bio – un livre, oui, écrit avec les dents en or – dans lequel il égratigne Hanouna – traité d’« abruti » –, l’animateur aux 250 millions sur 5 ans. Bolloré sait soigner sa poule aux couilles d’or ! Et comme on ne peut pas toucher à Cyril pour plusieurs raisons sur lesquelles on ne reviendra pas, pour cause de dénuement passager, le tyran de Touche pas à mon poste a répliqué, mais en bande. C’est plus sûr, face à la panthère noire de la chanson française.
En vérité Joey ne chante plus trop, on le voit plus souvent à la fashion week ou jouant les tafioles sur grand écran. C’est tout ce que la Grande Famille du Cinéma lui laisse comme rôles... Nous y reviendrons, mais là on n’a pas la place.
Donc Hanouna vanne un peu Joey en retour, mais prudemment – à la télé, on n’est pas des guerriers – et là, boum, Joey dégaine le tweet insolent :
Voilà, la guerre Noirs/juifs est relancée. Nous on n’y est pour rien. D’après nos calculs, toucher à la maman d’Hanouna c’est quelque chose de grave qui ne va pas rester impuni. On attend le lancement de Lapix au 20 Heures : « C’est un récit glaçant... »
Joey, depuis qu’il s’est rangé des micros, passe son temps à mettre des claques à des gonzesses, des singes ou des crevettes. Il a ainsi souffleté Gilles Verdez, qui doit faire 56 kilos tout mouillé. On ne peut pas légitimer la violence physique, mais quand on écoute Verdez, quelque part, on a envie de le corriger. Idéologiquement, s’entend. Peut-être que si Joey reprenait la chanson, qui adoucit les mœurs, le showbiz bourré de fiottes tremblerait moins. Les chanteurs d’aujourd’hui, c’est pas vraiment Johnny Cash, le bluesman blanc respecté des taulards. C’est plutôt ce genre-ci :
Oh mince, le « pote » décédé de Dany (Machado) ne figurait pas parmi les 90 victimes du Bataclan ! Cela n’a pas empêché les membres du jury et du public d’être émus aux larmes, comme quoi un mensonge peut émouvoir. Donc méfiance avec les émotions, les émojis, les hémorragies, tout ça. Tous ceux qui vous émeuvent ou cherchent à vous émouvoir cachent quelque chose, une sorte de profit.
Justement, une question malsaine vient de nous remonter au néocortex : cette espèce d’exploitation victimaire à la limite de l’escroquerie, d’où est-ce que ça peut bien venir ? Dany ? Machado ? Allo ?
Machado, Machete, c’est cousins et compagnie ça, donc voici en bonus la bande-annonce de Machete ! Musique, Mexique et jolies salopes ! Nos lecteurs LGBT de gauche pacifiste touchy sur la question genrée sont dispensés de visionnage.