Nous sommes le 22 mai 1981, la gauche a gagné la présidentielle en la personne de François Mitterrand, l’homme passé à travers les gouttes de deux guerres (de 39-45 et d’Algérie) et de deux Républiques (IVe et Ve). Son Premier ministre est un vrai socialiste, aîné d’une famille de 7 enfants. Ce prof formera son premier gouvernement, très à gauche, avec un paquet de socialistes et quelques communistes. Pendant deux ans, la France sera gouvernée à gauche, et la situation des familles modestes s’améliorera, comme en 1936 (Front populaire) et en 1969 (accords de Grenelle).
Parmi les 42 ministres – une armée mexicaine – Louis Mexandeau, un prof qui sera propulsé à la tête des PTT. PTT ? Oui, l’ancêtre de La Poste (1991) et de France Télécom (1988), le groupe public étant démantelé par la droite. La même année, en juin, vague rose à l’Assemblée nationale qui voit 285 députés socialistes et 44 communistes débarquer en force, soit 67 % du total. Dans le tas, 20 % de profs, c’est la République des profs, ironisera-t-on à droite. Et 50 % sont fonctionnaires. La droite se servira de cette inexpérience de l’entreprise pour faucher les rêves de gauche en plein vol. Avec tous ces profs devenus députés, secrétaires d’État ou ministres, une nouvelle bourgeoisie d’État est née.
« Moi, ancien ministre de Mitterrand, j’ai été traité comme un fraudeur, j’ai été humilié ! »
Louis Mexandeau, lui, sera député sur une période de 30 ans (1973-2002) et plusieurs fois ministre. Et en tant qu’ancien parlementaire, il bénéficie de voyages gratuits dans le TGV. Sauf qu’en juillet 2017, une petite décision de l’Assemblée nationale (majoritairement LREM) a supprimé en douce ce privilège. Voyageant comme d’habitude sans titre de transport, il s’est fait poisser par le contrôleur et a dû régler une prune. Le budget de la nation a de la sorte économisé 800 000 euros, nous apprend Le Point, mais a déclenché la colère des anciens hiérarques.
La parenthèse enchanté se referme, Louis redevient un modeste, le rêve des pauvres s’écrase, il faut retourner au turbin, gagner sa croûte sur la machine. Mais les hiérarques ne sont pas toujours ceux qu’on croit. Regardez, le dessinateur Joann Sfar, qui fait des chats, des vampires et des rabbins (que des animaux de compagnie du Diable !). Eh bien quoi avec Sfar ?
Avez-vous déjà vu un auteur de bandes dessinées aussi médiatisé ? Aussi courtisé, écouté, interrogé ? Quelle que soit l’actualité, il vient y fourrer son nez, alors qu’il n’a pas, par exemple, la légitimité d’un homme politique ou d’un journaliste. Cela ne doit pas faire des journaleux ou des politiqueux les confiscateurs de la parole publique, tout le monde a le droit de s’exprimer, mais on remarque que certains ont plus le droit que d’autres. A-t-on jamais vu Giraud/Mœbius aussi interviewé ?
Par exemple, ce 17 novembre 2017, France Culture consacrait son émission Le Réveil culturel à... Joann Sfar, qu’on a déjà entendu 495 fois dégoiser sur les juifs et les Arabes, la nécessaire réconciliation, tout le baratin interconfessionnel antiraciste. Si nous sommes nous aussi des pacifistes, on aimerait bien avoir de temps en temps la parole sur le service public culturel. Du coup on est obligés de la prendre nous-mêmes, d’où ERFM.
Quant à France Cul, consacrer une émission pour la sortie mondiale exceptionnelle du 7e album du Chat du rabbin, c’est un peu gros de boulette de couscous. Soyez plus discrets, les gars, surtout que votre PDG vient de se faire gauler pour favoritisme alors qu’il était en poste à l’INA. Encore un privilège de hiérarque qui a dérapé.
- Emmanuel laissera-t-il son ami Mathieu croupir en prison ?
Vu qu’on parle radio, on va y rester et goûter à notre plaisir malsain du jour : après le mercato de juin qui a vu Patrick Liste noire Cohen, le Neymar de la matinale, quitter France Inter pour la station privée (d’auditeurs) Europe 1, emportant avec lui la colonne vertébrale de la matinale chez la concurrence, les audiences viennent de tomber. Les audiences, c’est le public qui rend les copies. Dans les stations, tout le monde serre les fesses car ça conditionne la pub.
- Patrick Liste Noire a du mal à avaler la claque d’audience
Europe 1 et ses 3,89 millions de fidèles se situe loin derrière la première du podium, RTL (12%, 6,49 millions d’auditeurs par jour) suivie de France Inter (11,1% et 6 millions d’auditeurs), Franceinfo (8,5% et ses 4,60 millions de fidèles) et RMC (7,8% et 4,22 millions d’auditeurs). (Source Médiamétrie/L’Express)
La grosse claque dans la gueule d’Europe 1 !
Conclusion ?
Pour une fois on n’accablera pas Pat Liste Noire : la station, engluée depuis des lustres dans sa bienpensance et son idéologie impopulaire, aura beau changer tous les hommes qu’elle voudra, elle ira vers le fond. Même destin qu’une équipe de foot avec un mauvais entraîneur et un mauvais schéma tactique : pas de victoire, pas de public.